Ch. Bisen inv. LE MIDI. C. Baquoy Sculp LE SOLEIL eft maintenant au plus haut point de fa courfe. Il femble s'arrêter un inftant pour confidérer & l'espace qu'il a parcouru & celui qui lui refte encore. Le Dieu du Jour eft fi brillant alors, que nul mortel ne peut fixer les yeux fur fa face rayonnante, fans être auffitôt puni de fa témérité. Il fait figne au Midi que le moment de fon règne eft arrivé, & repart foudain porter fes feux & fa lumière aux Peuples Occidentaux. Le Midi defcend du char éclatant du Soleil, au milieu de la brillante escorte des plus lumineufes heures du Jour, & paroît fur la terre. Des Zéphirs légers volent en fifflant autour des joues enflammées de ce Prince du Jour, & rafraichiffent . en même tems la terre que fa préfence échauffe violemment. La Nature qui l'attendoit, le reçoit avec allégreffe : elle attend, pour préparer un repas à tous fes enfants, que ce bienfaifant Meffager verfe dans fes mains les tréfors renfermés dans la corne d'Amalthée qu'il a reçue des Dieux, & qu'il apporte avec lui fur la terre. C'eft maintenant que je vais me retirer dans cette retraite obscurcie par les épais feuillages des chênes antiques, pour y méditer à mon aise sur le spectacle brillant que la Natute m'offre en ce moment. Defcendez, refpectables Prophêtes, Poëtes facrés, du fommet ou plutôt du Temple où votre esprit fe repose: venez vers moi, pénétrez mɔn âme du feu de votre génie ; & toi, Enthousiasme divin, toi qui te plais si bien dans le féjour de la méditation, viens encourager ma Mufe pour qu'elle chante avec dignité & avec harmonie les merveilles du moment. O vous, mon cher Giefeke, dont l'amitié a fi fouvent animé ma lyre; vous, dont l'entretien a charmé ma Mufe dans la folitude, daignez agréer le léger tribut que je vous préfente, & ne méprisez pas mes efforts; car, lorfque vous m'écoutez avec complaifance, ma lyre rend des fons plus doux & plus harmonieux. Tout l'Univers voit arriver avec joie le milieu du Jour cet instant annonce les fêtes & les feftins. C'eft auffi un de ces moments où l'ETERNEL nourrit, avec une bonté infinie, la mit→ te & l'éléphant, le moucheron & l'autruche. Toute la terre attendoit impatiemment que le Midi avec fa trompe dorée appellât au repas tout ce qui refpire dans les Eléments. C'est alors que le Soleil pare la terre d'un éclat inexprima ble. Le berger contemple cet Aftre, & d'après l'ombre que font les corps fur la terre, il inftruit de l'heure du Jour le voyageur harraffé qui la lui demande. Il conduit enfuite fon troupeau dans un lieu frais, & fe jette à fon tour fur l'herbe molle, à l'ombre d'un érable; il y prépare fa table frugale fur le gazon, d'où il prend plaisir à voir fon troupeau errer des deux côtés d'un ruisseau bordé de faules. Les vaches pâturent plus loin, le long de la bordure du bois qu'elles font retentir du bruit de leurs mugiffements & du fon de leurs clochettes. Pendant la chaleur étouffante du |