ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

vuides, les grainis devennent fort chers, parce qu'il faut, je crois, à peu près deux tiers d'une bonne année, pour faire fubfifter la France; & la cherté diminuant la confommation des grains', il s'enfuit qu'une demi-récolte bien économifée fuffit presque pour qu'il n'y ait point de difette.

Un tiers ou un quart d'année occafionnent toujours une difette, quand les greniers ne font pas extrêmement pleins .

Enfin une récolte qui man

'Nous en rapporterons les raisons dans le Chap. I.

On peut donner pour exemple 1751. &

$75%. .

que entiérement, eft toujours fuivie d'une grande famine, quand même elle auroit été précédée par plufieurs bonnes années, fi l'on n'y remédie pas par une fage prévoyance qui confifte à faire venir à temps des grains étrangers.

En partant de ces principes que je crois très-approchants de la vérité, il paroîtroit poffible de prévenir les grandes difettes, puisqu'en confervantle froment de furcroît que fourniffent les récoltes abondantes, on auroit de quoi fubvenir au défaut des médiocres ; & on voit clairement, qu'en négligeant

cette précaution, on elt expofé aux calamités de la famine toutes les fois que les récoltes n'égalent pas une bonne demi-année, ce qui arrive très-fréquemment.

Mais comment parvenir à faire des Magafins affez confidérables pour fubvenir. aux befoins de toutes les Provinces? L'entreprise me paroîtroit impoffible, fi l'on fe propofoit de les raffembler dans un petit nombre de lieux. Pour remplir un auffi grand & auffi utile objet, il faut un concours général ; il eft néceffaire que tout le monde s'occupe de pourvoir à fes befoins les plus effen

:

tiels les Villes, les Communautés Religieufes, les Hôpitaux, les Seigneurs dans leurs terres, les Laboureurs, les Particuliers riches, même les petits Bourgeois, ne fût-ce que pour la fubfiftance de leur famille ; en un mot quand le froment est à bas prix, il faut que chacun

s'efforce de faire des réferves pour les années de médiocre fertilité.

Jufqu'à préfent ces réserves étoient pénibles & quelquefois ruineufes; il falloit des greniers d'une prodigieufe étendue pour contenir une médiocre quantité de grains; il y étoit exposé

à fe corrompre fi on ne le remuoit pas, fi on ne le paffoit pas fréquemment au crible, ce qui occafionnoit de grands frais: malgré toutes ces attentions, le grain étoit exposé à la rapine d'une infinité d'animaux & d'infectes qui produifoient un déchet confidérable, & qui se multiplioient quelquefois à un tel point que les propriétaires étoient forcés de le vendre même à vil prix. Nous avons remé

3

3 Les tignes s'étant beaucoup multipliées dans les greniers en 1749, 9n fut obligé de les vuider, quoique le froment fût à bas prix. Les grains de 1750. n'étant pas de bonne qualité, on a été obligé de les vendre; ainfi après la foible récolte de 1751, les greniers étoient vuides, ce qui a occafionné la difette qu'on a éprou vée.

« ÀÌÀü°è¼Ó »