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Ils n'attendent qu'un Chef & refpirent la guerre : Du foin de les armer, Prince, honorez mon bras, Et fouffrez que pour vous, ils marchent fur mes

pas.

POLIDECTE.

Oui, fois leur Chef, ami, fur toi je me repose.

ADRASTE.

Après un tel fuffrage, il n'eft rien que je n'ofe.
Avant la fin du jour vous ferez élu Roi,

Et verrez tous nos Grecs fléchir fous votre loi;
A moins qu'à nos deffeins le Ciel ne mette obf-
tacle ;

Que pour fauver Admete il ne rende l'Oracle, Et que, trompant nos voeux, cet Oracle aujourd'hui,

Ne détourne le trait qui doit tourner fur lui.

POLIDECTE.

Ah! chaffe de ton ame un effroi ridicule :
Se peut-il qu'à ce point, un guerrier foit crédule?
Graces à mon pouvoir, je ne crains rien des
Cieux,

Répond-moi des foldats, je te réponds des Dieux.
Si la Reine & le peuple attendent leur réponse;
Raffûre tes efprits, c'eft moi qui la prononce.

ADRASTE.

Mais ces Dieux ont d'Admete entendu les regrets:
Ils ont chaffé la mort du fein de fes fujets;
Une feconde fois ils peuvent faire grace,
Prince, & ne point frapper le coup qui le menace.

POLIDECTE.

Le lien dont je veux m'attacher à ton fang,
Ta prudence éprouvée, & ton zèle conftant
Veulent qu'à tes regards je dévoile un mistère,
Que j'ai fû renfermer au fond du fanctuaire.
Je puis t'ouvrir mon cœur. Ces lieux remplis
d'effroi

Ne font tout occupés que du péril du Roi.
Tu te fouviens qu'Alcefte en cette même

Ville,

Où mon Père regnoit, vint chercher un azile.
Trop fenfible à fon fort, fauffement ébloui,
Tu fais qu'il déclara par un ordre inoui,
Que celui de nous deux qu'elle voudroit élire,
Et nommer fon époux, poffederoit l'Empire.
La perfide trahit mon efpoir orgueilleux,
Elle fit choix d'Admete & couronna fes feux.
Ce qui redouble encor ma fureur vengereffe,
Le fceptre m'échapa malgré le droit d'aîneffe.
Ce droit facré, par moi fut en vain attesté;

Mon Père par ce frein ne fut point arrêté.
Ce titre ne fervit qu'à combler ma mifère.
Le jour que fur le Trône il fit affeoir mon frère;
Ce jour, fans confulter mon coeur ambitieux,
Il confacra ma vie au culte de nos Dieux.
Il craignoit le dépit que je faifois paroître,
Et profcrit de la Cour, je fus élû grand-Prêtre.
Ce n'étoit point affez; à tout ce que j'aimois,
Son barbare pouvoir m'arracha pour jamais.
Il bannit de ces lieux ta fille que j'adore,
Et pour qui j'entreprends un projet qu'on ignore.
Peres dénaturès! Parens pleins de rigueurs!
Qui difpofez de nous fans l'aveu de nos cœurs,
Votre main nous conduit au bord des précipices,
Et de tous nos forfaits vous êtes les complices.
Je fuis né pour l'éclat, non pour l'obscurité,
Et j'exerce à regret ma trifte dignité.
Je n'ai point oublié l'injure qu'on m'a faite.
Méditant chaque jour ma vengeance fecrete,
A l'ombre des Autels, au centre de la paix,
J'ai mis mes plus grands foins à bien choifir mes

traits.

Pour Alceste toûjours ma haine s'eft accrue
Sur mon malheureux frère elle s'est étendué;
Et déguifant le piège où j'ai fû l'engager,
J'ai des Dieux que je fers appris à me venger.
Eux-mêmes ont fourni des armes à ma rage,

Et pour cacher mon bras

nuage.

m'ont prêté leur

J'ai long-tems attendu, deux ans fe font paffés,
Sans pouvoir fatisfaire à mes vœux offenfés.
La Theffalie heureufe & trop bien gouvernée,
Ne laiffoit aucun jour à ma haine obstinée.
Admete pacifique, & borné dans fes vœux,
Tendre envers ses sujets, & zelé pour les Dieux
Portant même fouvent jusques à la foiblesse,
Son zèle trop timide & fa folle tendreffe,
Se voyoit adoré d'un peuple qu'il aimoit.
Contraint de dévorer l'ardeur qui m'enflâmoit,
Craignant à découvert de commettre le crime,
De hazarder le prix de l'orgueil qui m'anime,
Par des détours cachés, par des fentiers fecrets,
J'ai voulu parvenir à d'utiles forfaits.

J'ai paru détaché d'une Cour que j'adore,
Et me fuis renfermé dans des lieux que j'abhorre.
De mon cœur en public cachant l'ambition,
J'ai faifi pour frapper, l'heure & l'occafion.
La fortune fe livre à qui la fait attendre.
Un feu contagieux & prompt à fe répandre,
Dans ces triftes climats vient d'apporter la mort :
Je lui devrai le Sceptre, & j'en rends grace au
fort.
Le Roi pour arrêter fes ravages funeftes,
Eft venu conjurer les puiffances celeftes,

D'entendre fes foupirs, d'épargner fes fujets,

Et de lancer fur lui leurs redoutables traits.
Des Cieux heureufement la colère épuisée
S'eft peu de jours après d'elle-même appaifée.
Et felon mes défirs, chacun a comme toi
Crû devoir fon falut à l'amour de fon Roi.

ADRASTE.

Mais Seigneur, je l'ai crû fur la foi du Ciel même.

Adraste a pour garant fa parole fuprême,
Et dans le Temple hier, aux peuples d'Yolcos,
Sa redoutable voix fit entendre ces mots.
Peuple rends à ton Roi graces de la lumiere.
Et toi Prince, demain, quand l'Astre qui t'éclaire,
Aura fait la mo tié de son rapide cours,
Ma fureur te prendra pour victime derniere,
Un invisible trait doit terminer tes jours.

POLIDECTE.

Ton efprit trop crédule, a dans fon trouble extrême,

Pris la voix d'un mortel pour la voix des Dieux

même.

Apprends qu'elle a parlé par un trait de mon art

Et

que j'ai profité des bienfaits du hazard. Le fort a le premier commencé le prodige,,

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