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& armée de leurs feules épées, fut
d'abord méprifée: & le Comte de
Barlaimont grand Confident deMa-
dame de Parme,parce qu'il y en avoit
plufieurs dans la Troupe bien moins
riches que lui, dit à la Gouvernante On donna
par mépris, qu'il ne falloit pas s'en à cette
foucier, & que ce n'étoit qu'une le nom de
Nobleffe
troupe de gueux. Dés-là, ce nom gueux
de gueux demeura à ceux de ce Par- dont elle
ti, comme celui de Huguenots aux feglorifia,
Religionnaires de France. Mais de s'en
cette Nobleffe confédérée, bien offen(er
loin de s'offenfer de ce fobriquet, &
fe l'appliquant, s'habilla toute de
Drap gris, portant au Chapeau de
petites écuelles de bois, & des bou-
teilles de Mendians, & beuvoit hau-
tement & publiquement à la fanté
des gueux, quand ils fe traitoient
les uns les autres.60021

Ces Gentilshommes liguez por-
toient au col une Médaille d'or, où
d'un côté étoit l'effigie du Roi, & de
l'autre deux mains jointes tenans
une beface, avec ces mots, Fidéles
au Roi jufqu'à la beface. Même les
plus grands Seigneurs, fur les Man-
dilles de leurs Laquais, firent broder

au lieu

Le Prince

Tenre

des écuelles, des bouteilles, & des befaces de gueux, fe glorifians de ce furnom, & publiant qu'ils étoient réfolus de dépenfer tout leur bien pour foûtenir une fi jufte confédération.

Vers la fin de l'an 1566. le Prince d'Orange d'Orange affembla à Tenremonde aflembla à les Comtes d'Egmont, de Horn, & monde les de Hochftrate, & le Comte LudoComtes vic fon frere, pour aviser à leur feud'Egmont, reté, & au bien des Provinces; la plûpart étoient d'avis d'armer, de Hochftra- s'oppofer à l'entrée des Espagnols tele aux Païs-Bas, & au deffein trop viComte fible qu'on avoit de les perdre: ce Ludovic. que le Prince d'Orange prouvoit

de Horn

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par des lettres interceptées, qu'écrivoit l'Ambaffadeur d'Efpagne résidant à Paris: mais le Comte d'Egmont qui étoit Gouverneur de Flandres & d'Arthois, & qui avoit grande autorité fur les gens de guerre, n'y voulut point entendre, & remontra à l'Affemblée qu'il falloit fe confier en la clémence & douceur du Roi; ce qu'ayant répété une autre fois à Villebrok dans une autre Affemblée qui s'y fit le Prince

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d'Orange lui repartit que cette clémence du Roi le perdroit: qu'il fe roit le Pont fur lequel les Efpagnols entreroient aux Pais-Bas: & y étant entrez, qu'ils romproient ce Pont. Aprés cela, le Prince lui dit que puis qu'il avoit fi peu de foin de fon falut, qu'il vouloit pourvoir au fien, & fe retirer en Allemagne : à quoi le Prophetie Comte repartit; Adieu donc, Prin- du Prince ce fans terre: & le Prince lui repli- touchant d'Orange qua; Adieu auffi Comte fans tête le Comte en quoi il ne fut que trop bon Pro- d'Egmont. phete.

ce

L'An 1568. le. 10. de Février, l'Office de l'Inquifition d'Efpagne déclara Criminels de Leze-Majefté tous ceux qui n'avoient qui n'avoient pas réfifté aux Hérétiques des Païs-Bas qui étoit condamner toute la Nobleffe, dont le Confeil d'Efpagne fe L'Inquifition d'Ef vouloit défaire, particuliérement pagne dé des Grands, des Gouverneurs des clare tous Provinces, & de ceux qui avoient les Nobles prefenté la Requête contre l'Inqui-du Puis fition; ce que le Roi confirma par de Leze un Arrêt du même jour. Majesté. En fuite, il envoya le Duc d'Al- Le Duc be aux Pais-Bas, avec une Armée d'Albe

Criminels

une Ar

envoyé de vieux Soldats Efpagnols & Itaaux Pays-fiens, pour fuccéder à Marguerite Bas avec Ducheffe de Parme, au Gouvernemée pour ment des Provinces. Il paffa d'Effuccéder à pagne en Italie: où ayant affemblé Margue fes forces, il arriva en Luxembourg Parme. par la Savoye, par le Comté de

rite de

Le Prince

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Bourgogne, & par la Lorraine, &

traverfa tous ces Païs-là fans la moindre plainte des peuples dans une fi longue marche, tant ce Duc étoit exact, & févére observateur de la Difcipline militaire.

Le Prince d'Orange, devant que d'Orange le Duc d'Albe arrivât, fe retira en Je retire en Alle Allemagne dans le Comté de Nafmagne, fau, publiant que fous le prétexte de en dit les l'Inquifition & autres chofes extraraifons. ordinaires, contraires aux priviléaux libertez des Païs-Bas, les mages & Efpagnols les vouloient forcer à se a révolter, pour avoir lieu de les affujettir, & droit fpécieux de vivre en ces Provinces comme en des Païs de Conquête, & de les gouverner def potiquement, ainfi que des Nations rebelles & vaincuës, de la maniére qu'ils gouvernoient les Indes, Naples, Sicile, Sardaigne, & Milan.

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De fait, le procédé cruel du Duc d'Albe perfuada ce que difoit le Prince, non feulement aux peuples des Païs-Bas, mais à tous les Princes voifins, qui n'approuvoient pas un traitement fi injufte & fi rigoureux, & particuliérement l'Empereur Maximilien, Prince d'un naturel trés-débonnaire.

D'abord le Duc établit unConfeil fouverain de douze Juges, dont il fe fit le Chef, excepté les fieurs de Barlaimont & de Noircarme, Gentils-hommes qualifiez, qui en étoient le refte étoit compofé de gens de Robe de petite naiffance, & de peu de mérite. Le principal étoit un Espagnol nommé Jean Var- Jean Vargas, fi connu par fa cruauté, que gas Elpales Efpagnols difoient ordinaire- cruel, eft &nol trésment, que pour couper le mal gan- un des grené des Pais-Bas, on avoit befoin princi d'un coûteau auffi tranchant que ce- Confeila paux de ce lui de Vargas. Il y avoit auffi un Flamand nommé Heffels de ce Confeil nouveau, qui dormoit toûjours jugeant les Criminels: & quand on l'éveilloit pour dire fon avis, il difoit tout endormi,en fe frotant les yeux,

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