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Defcription du

Marquis Vitelli.

Ce Marquis Vitelli étoit un brave Capitaine, qui avoit fi bien fervi Cofme grand Duc de Tofcane dans fes guerres, que le Roi Philippes le demanda pour conduire fon Armée, fous le Duc d'Albe. Il rendit de grands fervices en Flandre, & mourut du temps du Commandeur de Requefens, fucceffeur du Duc d'Albe au Gouvernement des Païs-Bas. C'étoit un homme fi prodigieufement gros & gras, qu'il falloit qu'il fe fit bander le ventre pour pouvoir marcher; & comme il étoit grand mangeur, & tenu pour Athéifte, les Gueux aprés fa mort, lui firent. cet Epitaphe.

O Deus omnipotens craffi mifere

re Vitelli,

Quem mors preveniens non finit effe bovem,

Corpus in Italia eft, tenet inte ftina Brabantus

Aft animam nemo, cur! quia non habuit.

Le licenciement de l'Armée du Prince d'Orange fe fit au voifinage de Strasbourg, où il étoit venu des

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Pais-Bas par les frontiéres de Picar-
die, & de Champagne, & par la
Lorraine.

Entre le Quefnoi & Cambrai, le Défaite
Prince défit entiérement dix-huit de quel-

d'Orange

Compagnies de gens de pied,& trois ques trou
pes Elpa-
cens chevaux, & fit prefque tous les gnoles par
Chefs prifonniers; Dom Rufille le Prince
Henriques, fils du Duc d'Albe,
étant demeuré mort fur la place, des Pais-
fe retirant
ainfi que plufieurs autres; ce qui Bas.
confola un peu le Prince de l'échec
qu'il avoit reçû en Brabant, où le
Comte de Hochftrate reçût une blef-
fûre dont il mourut peu aprés, fort
regretté du Prince d'Orange, pour fa
valeur & pour fa conftance inviola-
ble à fuivre fon parti. Dans ce mê-
me Combat, fût pris prifonnier Phi-
lippes de Morbais Seigneur de Lou-
verval, qui fût en fuite décapité à
Bruxelles.

Le Prince

d'Orange

Le Prince de toute cette grande Armée fe réferva feulement douze je joint au cens chevaux; & avec fes deux Fre- Comte Pares les Comtes Ludovic & Henri, latin qui fe joignit au Prince Palatin Wolfang alloit au Duc des deux Ponts, qu'il trouva des Hufecours prêts d'entrer en France avec une guenots

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de Fran Armée, au fecours des Huguenots. Ainfi le Prince d'Orange fe trouva à la prife de la Charité, qui fut trésheureuse pour ce parti-là: car files Allemans ne fe fuffent faifis d'un paffage fur la riviére de Loire,ils n'eufSe trouve fent jamais pû joindre l'Admiral. En à la prife fuite, le même Prince fe rencontra au Combat de la Rochelabeille: Combat de & d'Avila remarque qu'en cette ocLa Roche- cafion le Prince d'Orange commanbabeille doit le corps de bataille de l'Armée Comte Lu-Huguenote avec le Comte de la dovic fon Roche-Foucaut, & que le Comte

de la Cha

rité au

avec le

Frere.

Ludovic de Naffau fon Frere fe fignala fort à l'Avant-garde, contre Philippes Strozzi Colonel de l'Infanterie Françoise, qui demeura prifonnier des Huguenots pour s'être trop avancé. Le même Auteur aflure auffi que ce fût en ce lieu de la Rochelabeille, où le Roi de Navarre, depuis Henri le Grand, commença de donner des marques de ce courage, qu'il fit paroître depuis en Le Prince tant d'occafions périlleufes. Aprés, d'Orange le Prince d'Orange fut au Siége de eft au Sie- Poitiers, qui fut malheureux & funefte aux Huguenots car aprés y

ge de Poi

tiers, puis

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gne.

avoir ruiné leur Armée, il falut le fe retire
lever pour fecourir Châtelleraut, déguisé en
Enfin, du campement de Foye la Allema-
Vineufe prés de Richelieu, il par-
tit déguifé en Païfant,lui quatriéme;
& aprés avoir traverfé la Touraine
& le Berri, il gagna à grande peine
la Charité, & puis Montbelliard
avec trés-grand péril, d'où il fe re-
tira dans le Comté de Naffau, pour
y préparer un nouvel Armement.
Son Frere le Comte Ludovic fe Le Comte
trouva peu aprés à la défaite de Ludovic
Montcontour, d'où il fe fauva en la bataille
fetrouve à
compagnie de l'Admiral de Châtil- de Mont-
lon, avec une partie de la Cavalerie contour,
huguenote.

Prince

Mer.

Ce fut cette année-là que l'Ad- L'Admi miral confeilla au Prince d'Orange ral con de donner des Commiffions par Mereilla au à quantité de Perfonnes de Qualité, d'Orange fugitifs des Païs-Bas, pour la perfé- d'armer cution du Duc d'Atbe, qui aprés fur le avoir fait mourir une infinité de perfonnes par les mains du bourreau, voulut faire payer à tout le monde le dixiéme denier de la vente des biens meubles, le vingtiéme des immeubles, & le centiéme denier de

L'Impofi- ce que chacun poffédoit? cet Adtion du miral affûrant le Prince que s'il pou

ruine les

10.denier voit mettre le pied en Hollande ou affaires en Zelande, Païs forts de fituation, du Duc il feroit difficile de l'en tirer, étant d'Albe. aimé des Peuples qui ne lui manqueroient pas au befoin.

Traité fait en France

avec le

Prince

Le principal d'entre ces fugitifs étoit Guillaume, de la Maifon des Comtes de la Marc Seigneur de Lumai; Lui & fes Affociez furent appellez les gueux Marins, pour les diftinguer des autres gueux de Terre. Ce confeil de l'Admiral fût trésfalutaire au Prince d'Orange, & fût une espéce de Prophetie de fon éta bliffement dans ces Provinces-là ¿ car par ce moyen il s'empara de toute la Hollande, & de la Zelande. & fût auffi heureux & victorieux fur la Mer, qu'ils avoit été malheureux fur la terre: car on a remarqué qu'en dix ans de guerre continuelle, les Efpagnols furent toûjours battus par les Hollandois fur la Mer.

L'An 1570. la Paix étant faite avec les Huguenots, la Cour de France, pour les endormir,& mieux attrapper, fit femblant de les vouloir

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