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Quand il donnoit Audience fecrette aux Princes Etrangers, & aux Ambaffadeurs : & que Guillaume par difcrétion fe vouloit retirer avec ceux qui étoient dans fa chambre, l'Empereur d'ordinaire le retenoit, en lui difant, Prince, demeurez.

Quint le

On fût furpris de voir ce grand & Charles fage Monarque l'eftimer plus que choifit tous ceux qui l'approchoient, & lui pour por confier dans un âge fi peu avancé ter laCoutous les fecrets de fon Empire, & le ronne Immaniement des affaires, & des né-périale à gociations les plus importantes: car Ferdi fon Frere, à peine avoit-il paffé vingt ans, que nand. Charles le choifit entre tous les grands Seigneurs de fa Cour, pour porter la Couronne Impériale qu'il réfignoit à fon Frere Ferdinand: Emploi dont Guillaume s'aquitta avec beaucoup de répugnance,ayant témoigné à fon bon Maître, qu'il lui étoit bien rude de porter à un autre cette Couronne, que fon Oncle Henri Comte de Naflau avoit mife fur fa tête.

Et

Charles

pour montrer que l'Empereur L'Emne faifoit pas moins d'état de fa va- pereur leur que de fa prudence,quandleDuc Quint fait

le Prince de Savoye Philbert Emanuel, Ge d'Orange néral de fes Armées, fut obligé pour Généraliffes affaires particuliéres, de s'absenfime de fes Armées ter quelque temps des Païs-Bas, vingt-quoi que le Prince d'Orange n'eût deux ans. que vingt-deux ans, & qu'il fût

allé faire un tour en fa Ville de Bre

da: Charles en fon abfence, de fon
mouvement & contre l'avis de
tout fon Confeil, lui fit remplir cet-
te place de Généraliffime au préju-
dice de tant de Capitaines expéri-
mentez, entr'autres du Comte
d'Egmont qui avoit douze ans plus
que lui, & dans une conjoncture
fcabreufe car il falloit s'oppofer
aux efforts de Monfieur de Nevers
& de Monfieur l'Admiral de Châtil-
lon, qui n'étoient pas peu redoutez;
& cependant, bien loin de recevoir
aucun échec cette Campagne-là, il
fit bâtir Charlemont & Philippevil
le, à la vûë des armées Françoifes,
& de ces deux grands Capitaines.

Je n'ai jamais prétendu d'écrire toutes les actions de ce Prince Guillaume d'Orange,qui demanderoient un gros volume, & que tant d'Historiens ont reprefentées en diverfes

:

langues ce feroit une étrange demangaifon d'écrire, & un larcin manifefte de donner au Public ce qui fe trouve dans les Ouvrages particuliers mais j'avois feulement réfolu de faire quelques réflexions au fujet de ce grand Prince, & de déduire quelques particularitez de fa vie que j'ai apprifes de mon Pere, & d'autres perfonnes célébres qui étoient de ce temps-là. Toutefois, afin que ce que j'ai à dire de ce grand Homme foit plus intelligible & plus agréable à ceux qui n'auront pas lû fon Hiftoire, j'ai été convié contre mon premier deffein par une Perfonne Illuftre, à qui devant beaucoup je ne puis rien refufer, de faire un Abregé de la vie de ce Prince en peu de paroles, pour en donner une connoiffance générale, comme font les Géographes, qui découvrent à nos yeux le vieux & le nouveau Monde dans une petite Carte, n'y ayant pas de doute que ce portrait racourci d'un Homme fi extraordinaire, ne fafle goûter avec plus de plaifir ce que je fçai de particulier de fa vie: & de plus il fera voir en même temps à

Charles

d'Oran

tout le monde, les fondemens fur lefquels ce Prince a bâti la puiflante République des Païs-Bas Unis.

Ten Outre l'eftime que l'Empereur dreffe que Charles-Quint fit de la vertu du Prince d'Orange Guillaume, il n'y Quint eût jufqu'à fa avoit perfonne de fa Cour,qu'il aimât fin pour le tendrement que lui: ce qu'il fit Prince paroître jufqu'au dernier moment de fon adminiftration: que fe démettant de tous fes Etats en faveur du Roi Philippes fon Fils dans cette célébre Affemblée de Bruxelles l'an 1555. on remarqua que l'Empereur, dans une action fi confidérable, étoit appuyé fur Guillaume Prince d'Orange.

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Cette

Prince

Ces témoignages de confiance, & confiance d'amitié de l'Empereur furent caufe Tuina ce de fon malheur; car bien que Chardans les-Quint fe retirant en Espagne, L'efprit P'eût recommandé particuliérement des Efpa au Roi fon fils, les Efpagnols qui le gols.

gouvernoient, ayant été nourri en Efpagne, & qui avoient conçû un dépit mortel de l'éminente & conftante profpérité de ce jeune Prince, par envie & par jaloufie, paffions puiflantes fur les efprits, le rendirent

tellement fufpect au Roi Philippes, que fes paroles & fes actions les plus innocentes étoient prifes en mauvaise part, & qu'on lui attribuoit la réfiftance que les Provinces faifoient aux volontez du Roi fous prétexte de leurs priviléges.

Il commença de s'appercevoir que fes Ennemis le ruinoient dans l'efprit de Philippes, par les froides réceptions qu'il lui faifoit : mais il en fut affez convaincu, lorfque le Roi Philippes étant à Fleffingue prêt de monter fur le Vaifleau qui le devoit porter en Efpagne, lui reprocha avec un vifage plein d'indignation, d'avoir empêché l'execution de fes deffeins par fes brigues fecrettes à quoi le Prince ayant répondu fort humblement, que tout s'étoit fait par le pur & naturel mouvement des Etats, le Roi le prenant Le Roi par le poignet, & le lui fecoüant, Philippes fecond repliqua en Espagnol, No tos efta- mal-traite dos, mas vos, vos, vos, répétant ce publiquévos par trois fois, terme de mépris ment le chez les Efpagnols, qui veut dire toi, toi en François: Particularité ge. que j'ai apprife de mon Pere, qu'il

Prince

d'Oran

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