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I

LE BACHELIER DE SALAMANQUE,

ου

LES MEMOIRES

DE D. CHERUBIN

DE LA RONDA.

LIVRE PREMIER.

CHAPITRE PREMIER. De la famille & de l'éducation de Don Cherubin,

E dois le jour à Don Roberto de la Ronda, qui des environs de Malaga où il étoit né, alla s'établir dans

la Province de Léon. Il y devint Tome 1.

Α

Secretaire de Don Sebastien de Cefpedez, Corregidor de Salamanque, qui le fit Alcade de Molodiro, gros Bourg voifin de cette Ville.

Mon Pere, en vertu defa Charge, prit de fa propre autorité le titre de Don, & par bonheur pour lui perfonne ne le chicanna là-deffus. Comme il avoit toujours été homme de plaifir & fort défintereffé, il amaffa fi peu de bien › que lorsqu'une mort prématurée le ravit à fa famille, à peine laissa t-il de quoi vivre à fa Veuve & à trois enfans dont elle demeuroit chargée. J'étudiois alors avec Don Cefar, mon frere aîné, à l'Univerfité de Salamanque ; & je ne fçais comment nous aurions pû faire pour continuer nos études fans le fecours du Corregidor, mais ce genereux Seigneur eut foin de nous. Il n'épargna rien pour nous bien entretenir. Il nous aimoit ; & toutes les fois que nous allions lui faire notre cour, il nous difoit qu'il

nous regardoit comme les enfans. Peut-être l'étions-nous en effet ; ce que je ne crois pourtant pas, quoique ma Mere ait eu la réputation d'être un peu coquette.

Malheureusement pour nous, notre protecteur mourut avant que nous fuffions hors du College; de maniere que nous voyant réduits à vivre de notre patrimoine, qui ne pouvoit fuffire à tous nos befoins, nous fumes obligés de nous abandonner à la Providence. D. Cesar fe fentant de l'inclination pour les armes, prit parti dans un Regiment de Cavalerie que la Cour envoyoit à Milan. De mon côté, profitant de l'amitié qu'un vieux parent Docteur de l'Univerfité, avoit pour moi ; j'acceptai un logement qu'il m'offrit gratuitement chez lui avec fa table. Par ce moyen ma Mere n'ayant fur les bras que D. Francifca ma Sœur, qui n'avoit que fept ans, fe vit en état de fubfifter doucement avec elle.

A ij

Je fis de fi grands progrès au College, qu'on n'y parloit plus que de Don Cherubin de la Ronda. Je brillai fur-tout en Philofophie par le talent extraordinaire qu'on vit en moi pour la difpute. Enfin je travaillai tant, que je parvins à l'honneur

d'être Bachelier.

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Alors mon vieux Docteur, qui commençoit peut-être à fe laffer de m'avoir pour commenfal; car le bon-homme étoit un peu avare, me tint ce difcours: Ami Don Cherubin, vous êtes préfentement en âge de penfer à un établissement & en état de vous foutenir par vousmême en vous faisant Précepteur ; c'est le meilleur parti que vous puiffiez prendre. Vous n'avez qu'à vous rendre à Madrid, vous y trouverez facilement quelque bonne maison, d'où, après avoir élevé l'enfant, vous fortirez avec une pension pour toute votre vie, ou du moins avec un bénéfice, Vous êtes un habile

garçon,

.

& vous avez l'air fage : vous êtes né pour exercer le Préceptorat.

Comme je voyois à Salamanque deux ou trois Précepteurs qui me paroiffoient contens de leur condition, je me mis dans l'efprit que leur pofte devoit être plein d'agrémens. Ainfi le vieux Docteur eut peu de peine à me perfuader. Je lui dis que j'étois prêt à partir; & après l'avoir remercié de fes bontés, je me rendis ef

fectivement à Madrid par la voye des Muletiers, avec un coffre qui contenoit tous mes effets, c'est-àdire un peu de linge, mon habit de Bachelier, & quelques piftoles que le Vieillard m'avoit lâchées malgré fon avarice.

Etant arrivé à Madrid, j'allai defcendre à un Hôtel garni où l'on donnoit à manger proprement, & où plufieurs honnêtes gens étoient logés. Je fis connoiffance avec eux, & je liai entre autres un commerce d'amitié avec le Curé de Leganez,

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