페이지 이미지
PDF
ePub

plus poétiques tels sont prospère, n'aguères, mensonger, un penser, antigus, reliques dans le sens de restes, etc. qui ne se disent plus en prose, mais qui, 'étendant le domaine de la poésie, lui donnent un caractère plus auguste et plus vénérable. Dans une dissertation lue à l'académie Françoise, Mariontel a fait voir les richesses que notre poésie pouvoit puiser dans nos vieux auteurs, en y ressuscitant de vieux mots que nous avons remplacés ou par des périphrases toujours traînantes, ou par des à-peu-près qui n'en ont ni la grace ni l'énergie Mais si l'on permet aux poetes d'enrichir leur langue par des expressions anciennes, cette permission ne va pas jusqu'à leur passer l'introduction de nouveaux mots. Sur quoi l'abbé d'Olivet fait la réflexion suivante." Un “écrivain judicieux, dit-il, et qui ne veut pas risquer de survivre à ses "propres expressions, donne aux mots le temps de s'établir assez bien pour "n'avoir rien à craindre de la fortune. Ce n'est pas à nous à employer ceux que nous voyons naître. S'ils peuvent vivre, ce sera une richesse pour nos neveux; mais à condition que nos neveux, s'ils sont sages, ne feront pas comme nous, qui avons perdu pár caprice une infinité d'anciens mots, pour les remplacer par d'autres moins propres et moins significatifs." Si l'abbé d'Olivet revenoit au monde, que diroit-il de cette foule de mots nouveaux dont, depuis la révolution, on a défiguré la langue Françoise?

66

[ocr errors]
[ocr errors]

4o. Enfin, la langue Françoise admet si peu de licences en vers, qu'on est étonné quand on en fait l'examen qu'elles se réduisent à un peu plus de hardiesse dans les tours, à des ellipses plus fréquentes, à des transitions plus brusquées,

des figures moins préparées, etc. et à la suppression d'une lettre finale dans un peti nombre de mots, comme dans je vois, je crois, j'avertis, je dis, &c. qu'on peut écrire je voi, je croi, j'averti, je di, &c. et dans l'adverbe encore qu'on écrit encor, lorsque la mesure du vers l'exige.

Il ne reste plus qu'à faire connoître l'arrangement des vers entre tre eux (42 Dans cet arrangement on doit avoir égard, soit au nombre des syllabes de chaque vers, soit à la manière dont les rimes sont disposées.

Quant au nombre des syllabes, il est fixe dans certains genres, et arbitraire dans d'auttes. Les grandes pièces de poésie sont ordinairement en vers Alexandrins, et l'on y conserve toujours cette mesure: mais dans la poésie lyrique, et dans les pièces libres, le nombre des syllabes varie, et dépend principalement du goût et du caprice même du poëte. Néanmoins il bornes qu'il ne lui est point permis de passer.

ур des

Quant à la rime, c'est la différence des rimes masculines et féminines qui sert de base à leur disposition.

Les vers sont à rimes plates, à rimes croisées ou à rimes mêlées.

Les vers à rimes plates sont ceux où deux vers masculins sont suivis de deux féminins, après lesquels reviennent deux autres vers masculins et ainsi de suite, comme;

Que peuvent contre Dieu tous les rois de la terre ?
En vain ils s'uniroient pour lui faire la guerre;
Pour dissiper leur ligue il n'a qu'à se montrer.
Il parle, et dans la poudre il les fait tous rentrer.
Au seul son de sa voix le ciel fuit, la mer tremble:
Il voit comme un néant tout l'univers ensemble;
Et les foibles mortels, vains jouets du trépas,

Sont tous devant ses yeux comme s'ils n'étoient pas.

Le poëme épique, la tragédie, la comédie, l'églogue, la satire et l'épître dans le genre sérieux et noble sont à rimes plates.

Il y a deux fautes à éviter dans les rimes plates: la première, c'est de mettre après deux vers masculins, deux féminins qui riment avec ceux qui précèdent ces deux vers, et vice versa. On en trouve des exemples dans la Henriade: en voici un qui offre cette double faute...

ን?

Soudain Potier se lève et demande audience.
Chacun à son aspect garde un morne silence.
Dans ce temps malheureux par le crime infecté,
Potier fut toujours juste et pourtant écouté.
Souvent on l'avoit vu, par sa mâle éloquence,
De leurs emportemens réprimer la licence;
Et conservant sur eux sa vieille autorité

Leur montrer la justice avec impunité.

La seconde, c'est lorsqu'on donne une même consonnance aux rimes des vers masculins et féminins qui se suivent. Cette faute se trouve encore plu sieurs fois dans la Henriade.

[ocr errors]
[ocr errors]

On voit en un instant des abîmes ouverts,

De noirs torrens de souffre épandus dans les airs,
Des bataillons entiers par ce nouveau tonnerre
Emportés, déchirés, engloutis sous la terre.

[ocr errors]

J'avoue, dit l'abbé d'Olivet à l'occasion d'une consonnance semblable dans une ode du Père de la Rue, j'avoue que mon oreille n'en sait point * assez pour distinguer le son de ces quatre rimes. Je n'entends qu'erre partout, en supposant qu'on ne fera pas, mal a propos, et contre l'usage, ، somner fes s d'ain's et d'ourerts, ou elles ne sout que signes du pluriel ? Comment Voltaire qui a si souvent fait des changemens dans la Henriade, a-t-il pu laisser subsister un si grand nombre de fautes de ce genre? comment n'a-t-il pas senti qu'elles ne pouvoient que nuire à son poëme, surtout lorsque les vers où elles se trouvent, sont, comme les quatre derniers du premier exémple, peu saillans et meme foibles d'expression et d'images... Toure infrac tion aux règles doit être rachetée par quelque beauté.

Les vers à rimes croisées different peu des vers à rimes mêlées. On appelle vers à rimes croisées ceux où un vers masculin est suivi d'un ou de deux yers féminins et un vers féminin d'un ou de deux vers masculins, Comme :

[merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors]
[ocr errors]

Arrachant leurs filles tremblantes
Des bras d'un soldat effréné.

On compose à rimes croisées l'ode, le sonnet, la ballade et le rondeau. Voltaire a hasardé dans sa tragédie de Tancrède d'introduire les rimes croisées au théâtre mais des oreilles accoutumées aux chefs-d'œuvre de Corneille et de Racine n'ont pu goûter cette innovation. Que ce soit préjugé ou non, on a attaché aux rimes plates plus de noblesse et de dignité. ་ར་

Les vers sont à rimes mêlées quand on n'observe d'autre règle, que de ne pas mettre de suite plus de deux veis masculins ou féminins, et qu'on fait suivre un vers masculin ou féminin d'un ou de deux vers d'une rime différente. On compose à rimes mélées les épîtres légères et badines, les fables, les contes, les chansons, les épigrammes, &c.

[ocr errors]

Les vers à rimes croisées forment ordinairement les stances qui sont un cer tain nombre de vers après lequel le sens est fini. Une stance ne peut avoir ai moins de quatre vers ni plus de dix. La mesure des vers y dépend de la fantaisie du poete: ils peuvent être ou tous grands, ou tous petits, ou mêlés les uns avec les autres.

[ocr errors]

T

Il faut 1°. que chaque Dans les odes Latines une

Les stances sont régulières ou irrégulières. Elles sont régulières, quand elles ont le même nombre de vers, un croisement égal de rimes, et une distribution correspondante de grands et de petits vers elles sont irrégulières, si elles manquent de quelqu'une de ces convenances. La perfection des stances consiste en trois choses. stance ait un sens complet et fini au dernier vers. stance peut emjamber sur l'autre ; mais en François cet enjambement n'est permis en aucun cas; 2°. que le dernier vers d'une stance ne rime pas avec e premier de la suivante; 30 que les mêmes times ne reparcissent pas dans deux stances consécutives. Cette dernière condition n'est pas toujours observée à la rigueur. En lisant nos poetes lyriques on trouvera beaucoup d'infractions aux deux dernières règles; mais ce sont des négligences qui ont toujours besoin d'être compensées par quelque beauté.

[ocr errors]
[ocr errors]

Une stance peut former seule un petit poëme. Alors, selon le nombre de vers dont elle est composée, on lui donne le nom de Quatrain, de Sirain, de Huitain et de Dixain, Le nom d'Octave que quelques personnes donnent aux stances de huit vers, ne doit s'employer qu'en parlant des stances de la poésie Italienne. Il y a aussi des stances de cinq, de sept et de neuf vers.

Un morceau composé de plusieurs stances conserve le nom de stances, lorsque le sujet est simple, l'expression douce, et les sentimens puisés dans un grand fonds de sensibilité, et, qu'en outre, il n'y a dans les mouveniens ni désordre ni impétuosité. On en trouvera des exemples p. 246 du 4e. livre de poésie.

Mais si dans un sujet qui à de la grandeur, le poëte donne à son style plus d'élévation, de force et de feu; s'il multiplie les tropes et les images; s'il met plus de vivacité dans les mouvemens; s'il y a de temps en temps une impétuosité, un désordre même qui naissent de l'enthousiasme, ce morceau prend le nom d'Ode, et les stances celui de Strophes. Telles sont les odes qu'on trouve au commencement du troisième livre de cette collection.

Cependant il faut convenir qu'il y a peu de différence entre ce qu'on nomme stances, et les odes morales et anacreontiques.

Les stances et les strophes sont libres dans leur forme: on peut combiner comme on veut les vers et les rimes qui les composent, pourvu qu'on observe les repos que la combinaison exige. Malherbe, Rousseau et le Franc de Pompignan ont employé bien des combinaisons plus ou moins favorables à l'harmonie, mais ils sont bien loin d'avoir épuisé toutes celles qui peuvent se

prêter à l'expression du sentiment, L'oreille qui les leur a fait découvrir, ne peut-elle pas en faire naître de nouvelles et d'aussi heureuses.

Si l'Ode est libre dans sa forme, il n'en est pas ainsi du Sonnet; il est assujetti à des règles si sévères, qu'il n'est pas étonnant qu'entre mille, on en trouve à peine un ou deux de supportables. Aussi Despréaux après avoir dit qu'Apollon l'enrichit d'une beauté suprême, ajoute-t-il:

Un Sonnet sans défaut vaut seul un long poëme; 3

Mais en vain mille auteurs y pensent arriver,

Et cet heureux phénix est encore

trouver.

Le Sonnet peut rouler sur un objet simple et même plaisant. Scarron en a quelques-uns d'une grande gaîté, et d'une tournure dont le comique' inattendu frappe et amuse un instant. Mais les sujets nobles et sérieux répondent mieux à la majesté de sa marche qui doit être toujours imposante et grave; et alors, comme l'observe Despréaux, il ne souffre, ni la foiblesse d'un seul vers, ni la répétition d'un mot déjà mis.

[ocr errors]

Tous les vers d'un sonnet doivent être de la même mesure celui de l'Aborton, qui a fait tant de bruit, pêche contre cette règle. On emploie ordinairement la mesure de douze syllabes, parce que c'est de tous les rhythmes celui qui a le plus de majesté. Ces vers sont au nombre de quatorze, et se divisent en deux quatrains et en deux tercets ou stances de trois vers,

Il faut que les rimes masculines et féminines des deux quatrains soient semblables, et qu'elles s'entremêlent dans l'un, de la même manière

l'autre.

que

[ocr errors]

La rime est différenté dans les deux tercets: il n'y a qu'une seule règle I observer, c'est de les commencer par deux rimes semblables; l'arrangement des quatre autres vers est arbitraire. On exige encore que les rimes ne soient pas les mêmes que dans les quatrains, et de plus que leur croisement soit différent.

[ocr errors]

Il doit y avoir dans chaque quatrain un repos après le second vers, et un plus marqué après le quatrième. Le dernier vers du premier tercet doit aussi être suivi d'un repos; mais il n'est pas nécessaire qu'il soit plus fort que celal du second vers de chaque quatrain.

Despréaux a renfermé ces règles dans quatre vers d'une précision admirable, Apollon, dit-il,

Voulut qu'en deux quatrains de mesure pareille
La rime avec deux sons frappât huit fois l'oreille,
Et qu'ensuite six vers, artistement rangés,
Fussent en deux tercets, par le sens divisés.

Voici un sonnet de Voiture, qui, au jugement de Despréaux, a toutes les perfections dont ce genre est susceptible.

1. Quatrain.

Des portes du matin l'amante de Céphale
Ses roses épandoit dans le milieu des airs,

Et jetoit sur les cieux nouvellement ouverts

Ces traits d'or et d'azur qu'en naissant elle étales Y

2. Quatrain.

Quand la nymphe divine à mon repos fatale,

Apparut, et brilla de tant d'attraits divers,
Qu'il semblait qu'elle seule éclairoit l'univers,
Et remplissoit de feu la rive orientale.

1. Tercet.

Le soleil se hâtant pour la gloire des cieux
Vint opposer sa flamme à l'éclat de ses yeux,
Et prit tous les rayons dont l'Olympe se dure :

2. Tercet.

L'onde, la terre et l'air s'allumoient alentour ;
Mais auprès de Philis on le prit pour l'aurore,
Et l'on crut que Philis étoit l'astre du jour.

[ocr errors]

Le Rondeau offre moins de difficultés, parce qu'il admet des vers de toute mesure, et que les tours Gaulois qu'il aime de préférence excluent tout air d'appareil et de grandeur.

Le Rondeau, né Gaulois, à la naïveté.

[ocr errors]

a dit Despréaux. Il est composé de treize vers sur deux rimes dont huit masculines et cinq féminines, ou sept masculines et six féminines. Il a deux refrains, l'un après le huitième, et l'autre après le treizième. Il doit encore avoir un repos après le cinquième vers; ce qui a fait dire à quelques personnes qu'il est composé de trois stances dont la première et la dernière sont de cinq vers, et celle du milieu de trois. Le refrain consiste dans la répétition du pre mier mot, ou même des premiers mots du Rondeau. Il faut que ce refrain soit lié avec la pensée qui précède, et qu'il en termine le sens d'une manière naturelle. Le Rondeau a beaucoup de grâce, quand les mots qui servent de refrain présentent des sens un peu différens. En voici un de Malleville qui a ce genre de beauté. Il est contre l'abbé de Boisrobert.

ནཾསྶ

Il y a une autre principal caractère.

Coiffé d'un froc bien rafiné,
Et revêtu d'un doyenné
Qui lui rapporte de quoi frire,
Frère René devient messire
Et vit comme un déterminé.
Un prélat riche et fortuné
Sous un bonnet enluminé,
En est, s'il le faut ainsi dire,
coiffé.

Ce n'est pas que frère René

D'aucun mérite soit orné.

Qu'il soit docte, qu'il sache écrire ;

Ni qu'il dise le mot pour rire:
Mais c'est seulement qu'il est né
coiffe.

espèce de Rondeau dont la douceur et la naïveté font le
C'est le triolet dont la beauté consiste dans le retour de la

« 이전계속 »