cipal; conféquemment de 10 livres de rente, il fe trouvera en avoir plus de mille. Donnons 60 boutures par feu dans chaque Village; engageons ces Particuliers à ne couper que quatre Peupliers par an, & à en replanter toujours autant, ils auront 160 liv. de produit annuel; ce qui eft fuffifant pour apporter l'abondance dans ces fortes de maisons, & pour enrichir le Village, qui, s'il eft compofé de cent feux, aura 16000 livres de rente de plus, reparties entre tous par égalité.

Le Peuplier d'Italie croît de boutures; avec une de fes branches de dix à douze pouces de longueur, & d'un pouce de circonférence, on a un arbre qui en trois ans, porte jufqu'à dix-huit pieds de hauteur, & qui dans cet intervalle, produit affez de jets pour former une Pépiniere.

La terre qu'il demande eft à peu-près celle qui convient aux autres Peupliers; il s'accoutume même plus facilement que les Peupliers ordinaires, à toutes fortes de terreins. Il ne lui faut ni fumiers, ni arrofemens; les labours feuls fuffifent pour le faire pouffer vigoureusement.

Il réfulte de ce que nous venons de dire, que ce Peuplier, confidéré par rapport à fon agrément, fon progrès, & fon utilité, eft pour celui qui le poffede une fource abondante de biens.

C'est d'après l'experience que nous avons acquife en cultivant le Peuplier d'Italie, & en parcourant les differentes Pépinieres dans lesquelles on en éleve, que nous avons cru devoir composer ce petit Effai fur une branche auffi intéreffante de l'Agriculture, Notre projet étoit d'abord d'éviter à plufieurs de nos amis qui ont des Peupliers d'Italie, en leur faifant paffer ce Mémoire, les défagrémens d'échouer, foit dans la préparation, foit dans la conduite de leurs Pépinieres. Mais la grande quantité de perfonnes qui fe font adreffées à nous pour avoir des notions fur la culture de cet arbre, nous a déterminé à rendre notre Ouvrage public.

Nous avons tâché de raffembler tous les principes qui font néceffaires pour la culture des arbres en général. Nous avons pris pour guides dans cette route, les meilleurs Ouvrages; ainsi, nous croyons que ce Traité pourra être utile pour toutes fortes d'arbres.

Nous fommes redevables à plufieurs Cultivateurs de beaucoup de chofes intéreffantes dont ils ont enrichi ce Mémoire, que nous devons plus à leurs lumieres qu'aux nôtres. Nous efperons qu'ils voudront bien recevoir ici le témoignage de notre reconnoiffance.

Si le Cultivateur a quelquefois trahi l'homme de Lettres, nous nous flatons que le Public voudra bien faire grace à l'un en faveur de l'autre. Il ne trouvera pas le Sçavant, mais il verra le Citoyen, qui n'a d'autres vûes que celles de fe rendre utile.

19761

L'ART

L'ART

DE CULTIVER

LES PEUPLIERS

D'ITALIE,

AVEC DES OBSERVATIONS Sur les differentes efpeces & variétés de Peupliers; fur le choix, la difpofition des Pépinieres, leur Culture,& fur celle des Arbres plantés à demeure.

CHAPITRE PREMIER.
Du Peuplier d'Italie.

P

ARMI les differentes efpeces d'arbres que nous avons été à portée de connoître & de cultiver, il en eft une, qui par l'agrément qu'elle procure, & l'utilité qu'on en tire, nous a paru mériter une attention particuliere ; c'eft le Peuplie d'Italie. Cet arbre devient, en très - peù de

A

temps, d'une groffeur & d'une hauteur furpre nantes: il a l'écorce blanchâtre,unie & liffe; il pouffe au Printemps des boutons longs, pointus, vifqueux, & d'un verd jaunâtre ; fes pouf fes font longues & bien garnies de feuilles, qui fuivent la direction de la tige, & ne fe recourbent point vers la terre; fes feuilles font d'un beau verd foncé, pointues, affez grandes, dentelées, & attachées à de longs pédicules rougeâtres; fon épiderme eft d'un verd blanc, & toujours liffe comme celle du noyer. Ses branches ne fe fechent jamais; il a les racines jaunâtres, tendres', bien chevelues, & garnies d'un pivot qu'on retranche lorfqu'on plante l'arbre à demeure. Son bois eft plus dur, plus compacte que celui du Peuplier ordinaire; quoique de fil droit, il eft propre à faire des charpentes, des menuiferies, des mâts de vaisseaux, parce qu'il a de petits ligamens qui fe réuniffent les uns aux autres, l'affermiffent & l'empêchent de caffer, ce qui le rend préferable à toutes les autres efpeces de bois blancs.

Pour rendre notre définition plus fenfible, nous croyons devoir comparer cet arbre avec le Peuplier noir de France, qui eft celui dont le Peuplier d'Italie approche le plus. C'est ce que nous nous propofons de faire, après avoir indiqué les autres efpeces & variétés de Peupliers, qui, quoiqu'inferieures à la nôtre, ont cependant leur mérite.