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Peuplier, l'arbre qui viendroit de ce plantards'éleveroit bien droit ; & qu'il n'en feroit pas de même fi l'on avoit fait le plantard avec une des branches de côté, qui étant prefque horifontale, formeroit une recourbure, pour regagner la perpendiculaire; il conclut de-là, que ne pouvant pas abbatre les montans principaux des arbres pour en faire des boutures, il faut choifir les branches qui ont une pofition plus approchante de la perpendiculaire & qui ont le moins de recourbure. Cette remarque interreffante doit achever de déterminer les Cultivateurs qui voudront élever les Peupliers d'Italie de plantards, à confacrer des jeunes plants de cet arbre qu'ils tiendront dans un bon terrein à une distance de cinq ou fix pieds les uns des autres, & qu'ils couperont par le pied, pour avoir des plantards plus droits & plus vigoureux que ne le feront jamais les branches collatérales de la cime d'un grand arbre.

CHAPITRE XIII.

Manieres de multiplier les Peupliers d'Italie par les Boutures; Moyens de les tranfporter fans qu'elles fe defféchent.

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Es experiences que nous avons faites avec fuccès fur les plantards des Peupliers d'Italie, ne nous permettent pas de douter de leur utilité & de leur progrès: Mais la difficulté de trouver des branches de cet arbre affez fortes pour faire des plantards, les dépenfes qu'occafionne le tranfport, la crainte

qu'ils ne fouffrent dans le trajet, parce qu'il eft difficile de les emballer, & la facilité de trouver de petites boutures vigoureuses & qui donnent en peu de temps, de fuperbes plants, nous a toujours fait préferer ces petites boutures pour les plantations que nous avons faites. Cette voie qui nous a réussi est extrêmement aifée.

C'est à la fin de Février, ou pour mieux dire, à l'ouverture de la féve qu'on élague les Peupliers d'Italie, lorfqu'on deftine les branches à en reproduire d'autres. Le Jardinier doit alors les couper auprès du tronc avec une ferpette bien tranchante, pour ne pas faire de plaie à l'arbre.

Quelques perfonnes prétendent qu'il faut préférer l'automne, & planter les boutures dans le mois de Décemb. comme les arbres à demeure. Ce systême feroit aifé à détruire par le feul raifonnement, quand nous n'aurions pas l'expérience pour nous. Lorfqu'on plante les boutures en automne, la terre, après le premier labour, n'a pas été affez long-temps en repos pour s'ameublir; les neiges, les pluies ne l'ont pas encore engraiffée, la féve étant prefque entierement retirée dans les racines les branches font fans vigueur, & donnent par conféquent des boutures languiffantes; d'ailleurs la gelée qui fouleve la terre pendant l'hiver, laisse un vuide entre la bouture & la terre, la branche nouvellement coupée n'a pas le temps de fe cicatriser & elle est sujette à être pénetrée par le froid, s'il eft confidérable.

Il ne faut prendre, pour former des boutures, que du bois d'un an ; celui de deux ans eft moins bon que le premier; on ne doit en re

buter aucune, à moins qu'elle ne foit pas droite, & qu'elle n'ait pas un pied de longueur; les petites boutures pouffent fort fouvent auffibien que les groffes. Si l'on craint qu'elles ne donnent un jet plus foible, on pourra les mettre dans un quarré féparé.

Ces branches ainfi choifies, on en forme un fagot; on les met au niveau les unes des autres par le pied. On les lie, fans les trop ferrer, en bas, au milieu, & à l'extrêmité, en plufieurs pa quets, qu'on réunit enfemble, pour n'en faire qu'un feul dont la circonference foit égale partout; on prend de la terre glaife détrempée dont on enduit les deux bouts, on les garnit de mouffe bien exactement; on met enfuite le paquet dans un panier d'ofier fait exprès; on garnit le dedans de foin ou de paille; on le ferme avec un couvercle d'ofier. On est assuré, avec ces précautions de tranfporter ce fagot partout où l'on voudra, fans qu'il puisse en fouffrir.

On peut recommander aux Voituriers de faire jetter quelquefois de l'eau fur le panier, lorfque le trajet eft long, qu'il n'y a pas de forte gelée à craindre, & qu'il fait beaucoup de vent & de hâle.

CHAPITRE XI V.

Quels Terreins on doit choisir pour former des Pépinieres de Peupliers d'Italie.

N trouvera facilement des terres propres à former la Pépiniere; un terrein gras & frais eft celui qui convient le plus à la végétation des boutures. L'experience nous apprend

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qu'une terre trop humide eft auffi nuifible aux plants, qu'une terre trop féche; dans la premiere, l'eau qui féjourne au pied des boutures, les pourrit infailliblement; dans la feconde, les plants ne trouvent pas affez de nourriture pour se foutenir, & les yeux, à peine développés, résistent rarement au foleil qui les frappe. Un terrein gras & frais porte avec lui toute la substance néceffaire pour entretenir la féve, préserver les jeunes plants des grandes chaleurs, qui peuvent les deffécher, & leur fournir tous les fucs nourriciers dont ils ont besoin pour prendre racine, & pouffer les jets qu'on attend d'eux.

On doit obferver que le terrein de la Pépiniere ne foit ni trop fort ni trop chargé de fumiers. Il faut cependant éviter, comme nous venons de le dire, de prendre une terre maigre & fans fubftance; on n'en tireroit que des arbres foibles & languiffans; mais fi l'on choififfoit un terrein gras & amendé, les plants accoutumés à une nourriture abondante ne réuffiroient jamais fi bien, lorfqu'ils pafferoient dans une terre moins forte; d'ailleurs, on auroit à craindre les chancres, & les gros vers blancs qu'engendre le fumier, & qui ravagent les Pépinieres. Cette remarque eft effentielle pour toutes fortes d'arbres.

Nous ne fçaurions trop recommander à ceux qui veulent faire des plantations, d'élever les arbres chez eux. Les arbres tirés des Pépinieres domeftiques, croiffent toujours beaucoup mieux; ceux que l'on prend chez foi, se trouvant dans la même terre, dans le même air, replantés auffi-tôt, réuffiffent toujours; ceux au contraire qu'on fait venir de loin, fe meurtrif

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fent, & font fouvent frappés par la gelée pendant le voyage. En prenant les arbres chez foi, on eft fûr de l'efpece & de la qualité.

Ceux qui fe trouvent à portée des ruiffeaux, peuvent y placer la Pépiniere, pour y faire couler l'eau dans les grandes chaleurs, & arrofer les boutures en les plantant. Si l'on eft éloigné de l'eau, il fuffira de choifir au levant un fond dont la terre foit douce, fraîche, & bonne jufqu'à deux ou trois pieds de profondeur. Les arbres y croîtront à merveille, & donneront dans peu les plus belles efperances. La terre neuve & repofée eft la plus excellente de toutes.

Il faut éloigner la Pépiniere des chênes, des ormes, des frênes, des noyers, & des autres arbres dont l'ombrage & les racines peuvent nuire aux jeunes plants: Il n'eft pas moins effentiel de la préserver des bêtes fauves.

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CHAPITRE X V.

De la préparation des Terreins destinés
à former la Pépiniere.

OMME il est néceffaire de mettre la Pépiniere à l'abri dés beftiaux, fi elle n'eft pas dans l'enclos d'un jardin, il faut commencer, au mois d'Octobre, par l'entourer d'un foffé de fix pieds de largeur, & de trois pieds au moins de profondeur, & faire jetter toute la terre en dedans: ce foffé pourra couter quatre ou cinq fols la toife, plus ou moins, fuivant la nature du terrein. On plantera enfuite, en faifant le foffé, au mois de Décembre & avant les gelées, deux rangs d'épines blanches, à fix pouces l'un de l'autre, en fautoir, & on mettra

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