페이지 이미지
PDF
ePub

de

plufieurs périffent par l'ignorance des gens campagne, qui ont la manie de mettre jufqu'à un pied & demi de terre fur les racines. Nous avons obfervé en général, fur tous les arbres de différentes efpeces que nous avons planté, qu'il ne falloit les enfoncer qu'un pouce plus avant qu'ils l'étoient en pépiniere; ils auront plus de fix pouces de terre fur racines. Si cependant la terre eft trop légere, & fujette à être prife de féchereffe, on pourra les enfoncer davantage, comme nous venons de le dire; il eft néceffaire, en plantant, de fouler un peu la terre; fi l'on y manquoit, les pluies l'affaifferoient, & l'arbre fe trouveroit déchauffé.

Quelques perfonnes mettent aux Peupliers des tuteurs de fix pieds pour les retenir, lorfqu'ils font exposés à être battus par les vents. Comme cet arbre n'eft pas caffant, & qu'il craint peu les vents, nous croyons que cette précaution, qui eft couteufe, eft fort inutile ; fi on met des tuteurs, en les attachant, on doit avoir foin de placer un peu un peu de mouffe entre le tuteur & l'arbre, & d'en mettre auffi entre le lien & l'arbre. Nous ne fçaurions trop recornmander de garnir d'épines les plants s'ils font exposés; on peut voir ce que nous avons dit là-deffus au Chap. XII.

Il ne faut jamais couper par le pied les Peupliers d'Italie lorfqu'on les tranfplante & qu'ils ont trois ou quatre ans. Ces arbres pouffent à la vérité une grande quantité de jets, mais ils font foibles, & celui qu'on deftine à s'élever, recouvre difficilement la plaie du pied qui eft trop grande.

Plantations, imprimé chez Guérin, rue S. Jacques à S. Thomas d'Aquin.

Tout le monde fçait que la luzerne & le fainfoin font périr les arbres; on évitera d'en femer fous les Peupliers d'Italie; ces plantes voraces enleveroient toute leur fubftance, & les feroient périr infenfiblement ; ils s'accommoderont fort bien de toutes les autres plantes qui n'ont pas des racines auffi profondes que celles-ci. La luzerne eft encore plus dangereux que le fainfoin.

CHAPITRE XX.

De la Culture des Peupliers d'Italie
plantés à demeure.

PLUS

LUSIEURS de ceux qui font des plantations regardent les labours qu'on donne aux arbres, comme un tribut annuel que les Jardiniers leur impofent, pour multiplier la dépenfe, & fe procurer de l'ouvrage dans toutes les faifons. Les vrais Cultivateurs fen-tent la néceffité de ce travail, & difent tous qu'on ne fçauroit trop le répéter. En effet, les labours ameubliffent la terre détruifent les mauvaises herbes, font paffer dans les racines des arbres des fucs nourriciers qui les raniment & fuppléent aux arrofemens. Les Jardiniers doivent avoir foin de prendre un temps convenable, pour que ces labours foient profi

tables.

La premiere année qui fuit le plantage, on ne peut fe difpenfer de donner deux ou trois labours aux arbres plantés à demeure. Ceux qui en donneront trois fuivront la regle preffcrite pour la culture des Pépinieres; fi l'on fe

reftreint à deux, on en fera un à la premiere féve, & l'autre à la feconde.

L'hyver fuivant on vifirera les arbres, & on coupera les branches que la transplantation aura pû faire mourir; au printemps on leur donnera un labour, & un fecond à la féve d'Août; ils n'en poufferont que mieux, & rendront bientôt cette dépense avec ufure.

Il feroit difficile avec les meilleures raifons, de perfuader aux Propriétaires de labourer les autres années les Peupliers d'Italie. L'usage où l'on eft de ne jamais cultiver les Peupliers de France, quelque mauvais qu'il foit, prévaudroit fans doute fur tout ce que nous pourrions dire en faveur des labours. Lorfqu'on connoîtra l'utilité de ces arbres, & qu'on en aura tiré tout le profit que nous annonçons, l'expérience, & le defir de s'en procurer bientôt une nouvelle coupe, feront plus d'impreffion que tous les argumens poffibles.

On fera bien de ne pas élaguer les Peupliers d'Italie; moins on élague ces arbres plus ils deviennent gros, & font à l'abri des vents; quand on le fait, il faut ôter du corps de l'arbre les plus groffes branches, celles qui enlevent au tronc une trop grande quantité de féve; mais il faut fe garder de les dépouiller entierement, parce qu'ils s'éleveroient trop haut en proportion de leur groffeur, & qu'ils ne prendroient pas affez de corps. D'ailleurs les branches font la parure des arbres, & particulierement de celui-ci, & fi l'on fe détermine à les couper, on fe prive de tout leur agrément.

De bons Cultivateurs ont obfervé que chaque branche intégrante d'un arbre correfpond à une racine ou radicule qui lui eft propre. En

.

partant de ce principe, qui nous paroît vrai, il est certain qu'en détruifant beaucoup de branches latérales, nous détruifons par conféquent un nombre égal de racines, qui, par leur accroiffement auroient contribué à donner à l'arbre plus de vigueur, plus d'épattement, & qui l'auroient mis en état de fe défendre contre les fecoufles violentes du vent. Ce n'eft pas feulement de leurs racines que les arbres tirent la substance qui les nourrit, les branches & les feuilles reçoivent les influences de l'air & contribuent fans ceffe à la végétation. Ainfi, s'il eft effentiel de conferver les racines, il n'eft pas moins intéreffant de conferver les branches, puifqu'elles portent dans le corps des arbres des fucs nourriciers qui cooperent à leur accroiffement.

Nous croyons qu'on fait beaucoup de tort aux arbres des grands chemins en les élaguant jufqu'à leur cime. Ces arbres élevés dans les pépinieres royales qui font des terres choifies & chargées de fumier, ont affez de peine à s'accoutumer aux différens terreins dans lefquels on les plante, & ne devroient pas être privés des nouvelles branches qu'ils donnent après la plantation, à moins qu'elles ne fuffent ou trop baffes ou malfaites ou gourmandes; on pourroit les élaguer jufqu'à la hauteur de 15 ou 18 pieds, lorfqu'ils ont acquis une certaine force. Nous ne verrions plus ces arbres qui, indépendamment de leur utilité doivent fervir à la décoration, mutilés & déshonorés, devenir minces, fluets & fujets à être brifés les vents.

par

CHAPITRE XX I.

Maniere d'exploiter les Peupliers d'Italie, lorf qu'ils font parvenus à leur groffeur. Profit qu'on en tire. Difference de les vendre fur pied, ou de les exploiter.

A

PRES 20 ans de plantation, communément les Peupliers d'Italie, ainfi cultivés, feront très-gros, & par conféquent, en état d'être coupés. Il faut donc mettre les Cultivateurs à portée d'en tirer tout le profit que méritent les foins qu'ils fe font donnés pour réuffir. On peut vendre les arbres fur pied, ou les exploiter; il eft queftion d'examiner, par un calcul exact, lequel des deux on doit préférer; c'eft ce que nous nous propofons de faire dans ce Chapitre.

Nous fuppofons notre arbre de la groffeur d'un muid: un Peuplier noir de France, de cette force, porte ordinairement 70 à 80 pieds de hauteur; il fe vend fur pied 20 liv.. quand il eft d'une belle venue, & 12 liv. s'il a des défauts.

Pour qu'on ne puiffe pas nous accufer d'avoir forcé l'eftimation, réduifons notre arbro à so pieds.

Voyons à préfent combien on en tire de planches, & ce qu'il en coûte pour l'exploiter.

Un Peuplier d'Italie bien droit, peut faire fix ou fept billes de fix pieds de longueur. Suppofons que les deux premieres fe partagent en quatre, chacune de 10 pouces quarrés, que trois autres portent une bille quarrée de 10

« 이전계속 »