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DE CULTIVER

LES PEUPLIERS

D'ITALIE,

AVEC

DES OBSERVATIONS

SUR les différentes efpeces & variétés de Peupliers; fur le choix, la difpofition des Pépinieres, leur Culture, & fur celle des arbres plantés à demeure.

PAR M. PELÉE DE SAINT-MAURICE Membre de la Société Royale d'Agriculture de la Généralité de Paris, au Bureau de Sens, & Affocié des Sociétés d'Agriculture de Soiffons & de Tours. SECONDE ÉDITION.

Revûe, corrigée & augmentée par l'Auteur.

Arboribus varia eft natura creandis.

Virg. Georg. Lib. 2.

Prix 24 fols broché.

A PARIS,

Chez la Veuve D'HOURY, Imprim. Lib. de la Société Royale d'Agriculture de la Généralité de Paris, rue Saint Severin, près la rue S. Jacques.

M. DCC. LXVII.

Avec Approbations & Privilége du Roi,

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L

PREFACE.

A plupart des arbres viennent de graines, & font au moins dix ans dans les Pépinieres avant d'être bons à tranfplanter. La dépenfe, les foins, les peines qu'ils exigent, l'efpace confidérable qui fe trouve entre leur plantation & leur rapport, découragent une grande partie des Cultivateurs qui veulent jouir promptement, & qui fouvent ne font pas en état de faire de groffes avances.

L'efpece d'arbre que nous annonçons, croît en très-peu de temps, fe multiplie facilement, ne demande ni beaucoup de foins, ni beaucoup de dépenfe, & après 15 ans de plantation, donne à fon Maître un produit confidérable, lorfque le terrein fe trouve convenable. A peine les autres arbres commencent-ils à paroître, que les nôtres n'existent plus. Ce font des prodiges qu'il faut voir pour fe le perfuader. La mainere de les multiplier eft prompte, facile, & peu coûteufe; leur culture eft la même, à peu-près, que celle des arbres ordinaires, & leur produit eft fouvent doublé avant que les autres puiffent être coupés une feule fois.

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Tout le monde regarde le Peuplier de France, comme celui des bois blancs, qui eft le plutôt en état de faire des planches, & d'être employé à la ménuiserie; on convient qu'il faut environ 30 ans pour qu'il foit bon à couper; les prés, les marais, les terres humides, font remplies de cette efpece d'arbre.

Le Peuplier d'Italie, ou de Lombardie, croît plus vite en 12 ans, que les autres Peupliers dans l'efpace de 30; il eft plus beau, plus droit, plus facile à employer que celui de France; fon bois eft dur, propre à faire des charpentes de toutes efpeces. On prétend même qu'on peut en faire des mâts de vaiffeaux. Quelle reffource pour nous qu'un arbre áuffi précieux! Et quel eft le Citoyen qui ne s'empreffera pas de le cultiver! on af fure que trente arpens de ce bois bon à couper, valent, en Italie, 80 à 100000 1. En faut-il davantage pour prouver la supériorité de cet arbre fur tous les autres? Suivons ce Canal admirable*, Ouvrage digne du Prince qui l'a forme, & du fiécle qui l'a vû naître, jettons les yeux fur fes bords agréables, nous verrons que Peuplier d'Italie en fait l'ornement. A peine cet arbre eft-il parvenu en

Le Canal de Montargis.

le

France, qu'on a connu toute fon utilité, & les riches Poffeffeurs de се tréfor de l'Agriculture en ont fait dans les Domaines de S. A. S. des Pépinieres confidérables, dont on a tiré cette quanté d'arbres qui bordent le Canal.

Plufieurs Seigneurs, encouragés pár cet exemple, en ont fait des avenues ma gnifiques, qui font prêtes à leur rendre la récompenfe de leurs foins; en un mot, tous ceux qui le cultivent font autant d'Apologiftes qui parlent pour lui.

Un Peuplier d'Italie eft, comme nous l'avons dit, en état d'être coupé après 15 ans de plantation; il fait pour lors un gros profit au Propriétaire, qui n'a pas moins joui de fon terrein dont la valeur a toujours été à peu-près la même pendant que l'arbre croiffoit. Ce produit eft conftaté dans le XXI Chapitre, où l'on voit qu'en débitant ces arbres en planches volices, on retirera 44 livres au moins de chacun.

Réduifons à $40 liv. ce calcul quoique fort exact; un Particulier, avec 400 boutures, eft fûr de trouver 15 ou 16000 1. au bout de 15 ans dans un fonds qui ne valoit pas auparavant 200 livres de prin

* En 1745, un Ingénieur en Chef de l'Armée, pour lors en Italie, en envoya douze boutures au Directeur du Canal de M. le Duc d'Orléans,

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