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comme les autres renfermés fous cette vafte voûte,

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on l'avoit autrefois placé fous terre, c'étoit apparemment ce qu'il ne portoit aucune infcription & qu'il n'étoit pas connu; que d'ailleurs Dieu voulut récompenfer la foi & la piété de ceux qui s'étoient occupés de cette œuvre fainte & qu'il témoigna ainfi combien elle lui étoit agréable, comme on ne peut nier qu'il ne foit arrivé plufieurs fois en pareil cas.

Il est remarquable que l'on retrouve dans le même caveau Saint Aftérie, dont le Chanoine de Sainte Aurée parla à Wautier, & que l'on avoit enterré dans la même Eglise avec douze autres Corps de Saints Martyrs, tous tranfportés du Cimetiere de l'ancienne Oftie. Il y a bien de l'apparence que fi l'on eût fouillé ailleurs que fous la tombe de Sainte Aurée, on y eût découvert d'autres Corps également fans infcription.

Les Bollandiftes citent un Henri D'Eyck, Chanoine Régulier d'Eyndoven, dans le Brabant, Auteur d'un Ouvrage manufcrit intitulé Fleurs des Saints, dans lequel il eft parlé d'une troifieme translation de Sainte Monique, faite, dit-on, à Oftie en l'année 1270. Mais outre que ce Chanoine ne rapporte aucune preuve de fon affertion, perfonne n'ignore ce que c'est que la plupart de ces Fleurs des Saints. J'ai fous les yeux une de ces compilations où on lit en toutes lettres que Saint Augustin a fait enterrer fa Mere dans l'Églife de Sainte Aurée à Oftie, d'où elle a été transférée à Rome en 1430, fous le Pontificat de Martin V. Le P. Croifez pour accorder tout le monde, affure que l'on révere les Reliques de Sainte Monique à Arrouaife, à Rome & ailleurs.

Mais, dit-on, il eft à craindre que Wautier n'ait enlevé le Corps de Sainte Prime, au lieu de celui de Sainte Monique. Affurément Prima en latin ne rend point le Monica des Grecs; & l'on voit par le récit de Wautier, que le farcophage de la

Mere de Saint Auguftin n'étoit point feul dans l'endroit où l'on a fouillé pour le trouver.

Je réponds d'abord que je n'ai lu dans aucun Martyrologe le nom de Prima, quoiqu'il y ait plufieurs Saints du nom de Primus. Pour ce qui eft de la fignification grecque de Monica, j'avoue qu'elle eft mal rendue par Prima. (m) Mais on en sera moins furpris fi l'on fait attention que l'on voit fouvent des mots paffer d'une langue dans une autre & changer tellement de fignification qu'ils en prennent quelquefois une oppofée. Pourquoi cette métamorphofe ne pourroit-elle pas avoir lieu lorsqu'on les traduit? Les noms propres furtout font très - fujets à être dénaturés, témoin celui de Saint Ignace d'Antioche, dont on révere une Relique confidérable à l'Abbaye d'Arrouaife & que le peuple n'appelle pas autrement que Saint Nancy. Je dirai d'ailleurs encore à ceux qui font cette objection: ou vous croyez aux apparitions dont il eft parlé dans l'Ouvrage de Wautier, ou vous n'y ajoutez pas foi. Dans le fecond cas la dispute eft inutile. Dans le premier, rappelez-vous que quand la Sainte apparut au jeune homme d'Oftie, & que ce jeune homme lui eût demandé qui elle étoit, elle ne répondit point Ego fum Prima, mais Ego fum Monica, je fuis Monique. Pour ce qui eft de ceux qui font un crime à Wautier d'avoir volé un Corps Saint, je les renverrai à Saint Jérôme. (n) Il leur

(m) On lit dans la Profe très-ancienne de Sainte Monique, propre à l'Églife

d'Arrouaife:

Ifta Mater Monica,

Singularis, unica,

Sive prima dicitur.

(n) Cernas ufque hodie miram inter Palestinos & Cyprios contentionem, his Corpus Hilarionis, illis fpiritum fe habere certantibus. Vita S. Hilarionis.

apprendra

apprendra comment un faint homme de Palestine, nommé Héfichius, alla avec beaucoup de peine & au rifque de sa vie, enlever dans l'île de Chypre le Corps de Saint Hilarion. D'autres observeront peut-être encore que Gautier ne dit point un mot de la translation de Sainte Monique à Arrouaise. J'ai fait moi-même cette réflexion, & je me fuis dit qu'il n'en a point parlé parce que le Prieur Wautier avoit fait exprès fur ce fujet un Ouvrage qui devoit paffer à la postérité. Si cet Ouvrage eût été connu à Rome avant l'année 1430, peut-être ne nous eût - on jamais contefté la poffeffion du Corps de Sainte Monique.

Nous ne l'avons plus entier. Outre l'os donné au Clerc Ulric, il nous en manque beaucoup d'autres. L'Abbaye de Cyfoing poffede un os du bras, (o) & le Chapitre de Saint Amé à Douai, la tête.

La translation des Reliques de Sainte Monique est l'événement le plus remarquable arrivé fous le gouvernement de Lambert. Je vois par une Bulle d'Alexandre III, qu'il féjourna quelque tems à la Cour de ce Pape. Elle eft datée de Sens 21 de Janvier. On ne croiroit pas qu'une difficulté très - légere par elle-même fut l'une des principales causes du voyage de Wautier en Italie & du féjour de Lambert auprès du Saint Pere. Un Frere du Prieuré de Lihons avoit défriché une petite portion

(o) Un de nos Livres de Choeur manufcrits renferme la phrafe fuivante: Partem non levem à nobis fe accepiffe lætantur Confratres Cyfoniani, Diœcefis Tornacenfis. Rayffius dit la même chofe. Je conjecture que ce don a été fait à l'Abbé Anfelme. L'ancien Martyrologe d'Arrouaife parloit de la tranflation de Sainte Monique en ces termes : XII. Kal. Maii tranflatio Santiffime Monice ab Oflia Tiberina in hanc Dei & Sancti Nicolai Ecclefiam, manu Dompni Walteri Prioris Arroafie, anno Domini M. C. LXII. Ce fut le Cardinal Baronius qui inféra dans le Martyrologe Romain au 9 Avril, l'article qui fait mention de la tranflation de Sainte Monique à Rome.

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de bois dans la Paroiffe de Ginchy, fur le terrain de l'Abbaye d'Arrouaife, qui réclama fa propriété. Cette caufe fut portée devant l'Évêque, l'Archevêque & enfin le Pape. Il fut ordonné que le nouveau Sart feroit reftitué aux Chanoines, lesquels rembourseroient aux Cluniftes les frais du défrichement. Ceuxci revinrent contre ce jugement fous prétexte qu'on n'avoit point apprécié l'extirpation des fouches, pro excuffione Chocarum, & il fallut pour avoir la paix qu'on leur payât encore neuf livres. Lambert avoit obtenu du même Pape le 14 Janvier, une autre Bulle datée auffi de Sens & confirmative de la donation de l'Autel de Doing. Il reçut de Milon Évêque de Térouanne celui de Rebreuve dans le même tems, c'est-à-dire en 1162. Entre les témoins qui ont figné l'acte de cette donation, peut remarquer Bauduin de Sainte Marie de Boulogne, Thomas de Ruiffeauville, Hugues de Beaulieu, Hemfroi de Phalempin, Bauduin de Maroeul, Ernulphe de Doudeauville, Jean de Choques, tous Abbés de l'Ordre. Ce fut auffi cette même année, qu'Adimare, qui prend le titre de Miniftre de BelleVallée ou Soetendael, fe foumit avec fon Eglife à l'Ordre d'Arrouaife. L'acte de cette nouvelle aggrégation est daté du 2 Décembre, & adreffé à Gervais, qualifié de Prieur. Adimare y rappelle le Chapitre général où, dit-il, en figne de fraternité, il donna le baifer de paix à l'Abbé Lambert & à fes deux Compagnons, Jean Abbé & Jacques, qui apparemment étoient deux Définiteurs. (p) On doit le regarder comme le premier Abbé de la Maison de Soetendael, fille de celle d'Eckout de Bruges. Peut-être même étoit-il Profès de cette derniere.

Parmi les Lettres attribuées à Jean de Sarisbéry & inférées dans la Bibliotheque des Peres, on en trouve une de Saint

(P) N°. VIII.

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Thomas de Cantorbéry (9) écrite à un prétendu Robert Abbé d'Arrouaise, qui n'eft cependant défigné que par la premiere lettre du nom. Mais c'est une erreur. Il faut lire une L au lieu d'une R, & Lambert au lieu de Robert. Ce fut à Lambert que le Saint Martyr écrivit pour fe plaindre des Religieux de Lilleshul, Abbaye de l'Ordre d'Arrouaife, fituée dans le Salopshire, & dont il étoit le Métropolitain. Voici cette Lettre. « A nos vénérables Amis nos très-chers Freres en J. C. L'Abbé L. . . . & les enfants de la paix qui s'affembleront au Cha„ pitre d'Arrouaise, Thomas, humble Ministre de la Sainte Eglise de Cantorbéry, Salut. Il eft arrivé de nouveaux scandales dans votre Ordre, & ils causent d'autant plus de peine aux fideles, qu'ils étoient moins prévus. Ils ont étonné tout le monde. La jaloufie, la difcorde, les affections charnelles manifestent l'attachement aux dignités; la maniere irréguliere de fe défendre met l'ambition dans tout fon jour. Ce n'est plus feulement la jalousfie qui agite vos freres, c'est une rixe, ce font bientôt des combats. Nous avons fouvent interpofé ,, nos bons offices pour rétablir la paix dans la Maison du Seigneur & en ôter le scandale par un arrangement définitif; nous avons travaillé en vain; nous n'avons pu rien faire, & fi Dieu n'y met la main, les fuites deviendront pires que les commencements. Les Freres de Lilleshul ne connoiffent point les fentiers de la juftice; ils s'éloignent des voies de la charité & de la paix. Chacun des deux partis en rejette la faute fur l'autre. Mais il paroît que celui de l'Abbé tâche d'embrouiller les chofes de maniere à empêcher de connoître

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(9) T. 23. P. 419. Elle eft la 43.e Je ne puis comprendre comment les Auteurs du Gallia Chriftiana qui placent ce Robert à l'année 1196, ont pu lui faire adresser la Lettre dont il s'agit, par Saint Thomas de Cantorbéry, mort le 29 Décembre 1170.

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