ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

d'Arrouaife. (i) Le premier étoit de Tournai; le fecond, que l'on croit fils d'un Comte d'Urrack, (k) étoit né en Allemagne. Élevés tous deux en Angleterre, ils y avoient embraffé la regle de St. Augustin & reçu l'ordre de la Prêtrise. Tout avoit été changé dans ce Royaume fous

regne de Guillaume le Conquérant. Pour affermir fon autorité, ayant fait dépofer les Prélats Anglois, il leur avoit fubftitué des Normands. Toutes les dignités, toutes les charges, étoient entre les mains de fes créatures. Heldémare & Conon eurent part à fes graces, & furent Maîtres de fa Chapelle. Après fa mort arrivée en 1087, ils quitterent la Cour pour faire quelques pélérinages & fe fixerent enfin au Tronc - Bérenger, où ils trouverent un Hermite nommé Roger, natif du Tranfloi, Village voisin. Ils fe firent ses Compagnons, se bâtirent une Celle (1) & érigerent un Oratoire qu'ils dédierent à la Sainte Trinité & à Saint Nicolas. Les environs étoient encore alors infeftés de Voleurs; mais cet inconvénient ne put

(i) La Table de notre plus ancien Cartulaire, eft terminée par ces trois mauvais Dyftiques :

Anno milleno Domini deciefque noveno;

Norma Berengarii trunco nova cepit haberi.

Oflavus nonagenus millefimus annus,
Extabat, quando cepit Ciftercius ordo.

Anno milleno centeno bis quoque deno

In Premonftrato fundatur candidus ordo.

(k) On lit dans le Mercure de Mars 1705, à l'occafion du Baron de Leyen; élu Évêque d'Aich-Stel, la notice fuivante: « Il defcend d'une ancienne Famille d'Alle» magne, dans laquelle il fe conferve une vieille tradition que le Cardinal de Prénefte, » Conon, fils d'Éginon Comte d'Urrack en Allemagne, & un de ceux qui établirent la Congrégation Arraofienne. étoit petit-fils d'une Camille Knobel de Katzenellebogen. »

(1) Sur un fonds que les Religieux du Mont-Saint-Quentin leur céderent fous le cens de dix fous à chaque mort d'Abbé. Ce cens fut éteint par compofition en 1218.

[ocr errors]

les détourner de leur projet. Leur établiffement contribua même à la fûreté des Voyageurs. Ils s'affocierent quelques Difciples, & Heldémare fut choisi pour Chef ou Prévôt de cette Maison naiffante. Il ne ne l'agrandit pas fenfiblement. Jaloux de vivre dans la pauvreté, en vain on lui offroit des biens de toutes parts; il ne voulut accepter que ce qui étoit absolument nécessaire au petit nombre de fes Religieux. Il refusa l'Église de Vermand, autrefois Collégiale, deffervie alors par des Chanoines réguliers de St. Auguftin, & donnée depuis à l'Ordre de Prémontré. Mais parmi les Difciples qu'il avoit raffemblés, il fe trouva un Clerc qui s'étoit joint à eux fous le mafque de l'hypocrifie. Ce malheureux irrité apparemment des remontrances de fon Supérieur & de fes Freres, poignarda Roger, & frappa à mort Heldémare lui-même, qui ne mourut cependant que quelques mois après, (m) le 13 Janvier 1097, fans avoir pu encore donner une forme légale & folide à fon établissement. Gautier qui ne fait l'éloge d'Heldémare qu'en peu de mots, parle des miracles qui manifesterent fa fainteté avant & après fa mort. Il ajoute cependant que s'il ne s'étend point davantage fur les vertus de ce premier Inftituteur d'Arrouaise, c'est que pour en donner une jufte idée, il lui eût fallu compofer un livre exprès, ce qu'il n'avoit pas le loifir de faire.

Grand nombre d'écrivains ont témoigné leur vénération pour ce faint perfonnage, tels que Robert Dumont, le Cardinal Jacques de Vitri, Rofueide, Aubert Lemire, De Locre, & tous ceux qui ont eu occafion d'en parler. On le retrouve auffi dans le Martyrologe de France de M. Du Sauffay, & dans celui compofé en François par M. Chatelain, Chanoine de

(m) Le P. Longueval (T. 8. P. 135.)" dit quelques jours. Il y a dans le texte de Gautier infra anuum,

l'Eglife de Paris, &c. Cependant on ne voit dans tous ces Ouvrages, au fujet d'Heldémare, rien autre chofe que ce qu'en a dit Gautier. Les Bollandiftes rapportent le MS. de cet Abbé, au 13 Janvier. Mais ce qu'ils nous ont donné eft bien différent du texte original que j'ai fous les yeux & que j'insérerai dans ma feconde partie. On trouve, par exemple, dans leur compilation une Epitaphe d'Heldémare, qui eft auffi tranfcrite dans le Gallia Chriftiana. On l'attribue communément à Conon lui-même, & l'on en argumente comme d'une preuve de la fainteté de fon Maître dans la vie spirituelle : Quem tegit ifte lapis noftri decus extitit orbis, Martha labore gregi, mente Maria fibi. Mente vigens, actuque potens, fignifque refulgens, Infima defpiciens, folaque fumma petens. Hac Heldemarus loca fundans, ipfa falubri Arida quæ fuerant, rorifer imbre rigat. Furis hic impuri (n) transfossus tempora ferro, Martyr martyrii præmia confequitur. Idibus hinc jani vitam fine fine quietam,

Abfque labore diem, dar fine nocte Deus.

On chercheroit en vain cette Epitaphe dans nos anciens Cartulaires. Elle eft l'ouvrage, à ce que je crois, de quelque Religieux qui a vécu long-temps après Heldémare. L'inscription que l'on a découverte au commencement de ce fiecle, gravée fur une pierre de la nature de celles qui ont fervi à bâtir la premiere Église d'Arrouaife, a bien plus l'air d'être originale, par la qualité de cette pierre, par l'ancienneté de l'écriture & par la fimplicité de la compofition.

(7) Ce Vers donne à entendre que la vengeance feule n'avoit point armé l'Assasin de Roger & d'Heldémare.

Au mois de Juin 1716, des Ouvriers travaillant à la Chapelle de Sainte Marie - Madeleine, découvrirent dans une foffe murée à la tête & aux piés, les offements d'un corps humain, & à côté, une pierre où étoient gravés ces mots: Hic jacet Heldemarus hujus loci fundator. On crut avec raifon que ce corps étoit celui du B. Heldémare. Le bruit de cette découverte fe répandit parmi le peuple, & l'on présenta une Requête à Mrs. les Vicaires-généraux du Diocese d'Arras, pour les prier de fe tranfporter fur les lieux, &c. M. Le Tellier, Archidiacre d'Oftrevant & vicaire-général, vint à Arrouaife le 29 du même mois, & fit la cérémonie de lever le corps en la préfence de l'Abbé & de tous les Religieux, du Sr. de la Croix, Curé du Transloi &c. affifté d'ailleurs de deux Chirurgiens. Les offements furent enveloppés dans des fachets & fcellés, puis enfermés fous les mêmes sceaux, dans un coffre que l'on déposa fous l'Autel de la Chapelle de la Vierge, où on le voit encore aujourd'hui. On lit dans le procès-verbal de cette cérémonie que les Chirur giens remarquerent une ancienne fracture à l'extrémité du pariétal droit touchant à l'occiput, de laquelle, difent-ils, ils n'ont pu deviner la cause. On augure qu'Heldémare a reçu dans cette partie le coup qui lui a caufé la mort; ce qui eft conforme à la tradition & à la premiere Epitaphe dont il a été parlé

ci-deffus.

Dans l'intervalle de la découverte des offements du B. Heldémare & de l'arrivée de M. Le Tellier, il fe paffa un événement qui mérite d'être rapporté.

Le nommé Fraffen, Berger domicilié à Sailly, avoit un fils âgé d'environ cinq ans, tellement attaqué d'épilepfie, qu'il en éprouvoit depuis deux ans de violents accès vingt à trente fois par jour. Le pere & la mere avoient fait plufieurs pélérinages fans avoir eu la confolation d'obtenir sa guérison, Mais

le 24 Juin, Fraffen étant dans les champs occupé à garder son troupeau, il lui vint tout-à-coup la penfée de mener fon fils à l'Abbaye d'Arrouaife, & d'y implorer le fecours du B. Heldémare dont le corps venoit d'être découvert. Il met à l'instant un homme en fa place pour garder le troupeau, revient chez lui, & communique fon deffein à fon épouse. Le lendemain ils se rendent tous deux avec leur enfant au Tombeau du Saint & implorent fon affistance par les prieres les plus ferventes. Leur confiance eft récompensée, & à peine font-ils de retour chez eux, que l'enfant s'écrie; je fuis guéri.

1

Depuis ce moment jufqu'au 27 Juillet fuivant, date des atteftations que je ne fais que copier, on ne lui vit point le moindre fymptome d'épilepfie. J'ignore ce qu'il en fut dans la fuite, & je prétends d'autant moins garantir la guériso de cct enfant comme miraculeufe, que les atteftations dont je parle, & qui font des pere & mere, du Curé, du Greffier, du Chirurgien & de plufieurs particuliers de Sailly, n'ont été reçues ni par des perfonnes compétentes, ni avec les formalités requifes. Je fçais qu'en pareil cas on ne peut porter trop loin la circonspection.

On voit par notre ancien Nécrologe, qu'on célébroit autrefois avec beaucoup de folemnité l'anniversaire d'Heldémare, le jour de fa mort. (o) La Collecte, que je n'ai rencontrée nulle part, étoit propre & exprimoit apparemment l'opinion où l'on eft de sa fainteté. Il ne feroit pas d'ailleurs le feul Saint dont l'anniversaire fût célébré dans quelque Eglife particuliere. Mais ce qui fait le plus d'honneur à fa mémoire, c'est l'Oratoire

(0) Idibus Januarii, O. Sanila Memoria Dominus Heldemarus Sacerdos, fundator hujus loci, pro quo IX lectiones ad vigilias, & Miffam facimus in Conventu ad qua, propria Colletta & fingularis pro eo Concede, quæfumus, Domine, dicitur,

« ÀÌÀü°è¼Ó »