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fon fucceffeur & premier Abbé d'Arrouaife. Gervais avoit apporté en dot à cette Abbaye une portion de fon patrimoine, fituée à Wiffant petit Port de Mer entre Boulogne & Calais, le plus fréquenté depuis le dixieme fiecle jufqu'au milieu du feizieme. Le Comte Eustache confirma cette donation par un diplome de 1115. Cet objet modique fut cédé à l'Abbaye de St. Vulmer de Boulogne en 1219, fous le cens de quinze fous parifis, payable chaque année au jour du Chapitre général.

Richer perdit cette même année 1115, un protecteur dont le mérite n'est point équivoque, Lambert de Guines, Évêque d'Arras. Ce Prélat qui avoit marqué du sceau de son autorité l'érection de l'Abbaye d'Arrouaife, avoit ajouté au don de l'Autel de Roquignies, celui de la Cure de Buquoy qu'elle defservoit déjà depuis plufieurs années. Il mourut le 16 Mai, (i) non moins recommandable par fa vertu & fa fcience, que par fa naiffance & fa dignité.

Un événement remarquable a fur-tout rendu chere au peuple de l'Artois la mémoire de l'Évêque Lambert. Si l'on en croit la tradition, ce fut de fon tems, c'est-à-dire en l'an 1105, que la Mere de Dieu apporta du Ciel à deux Méneftriers, cette

Bolonienfuum Comes, allodium illud quod Gervafius Clericus meus in terra & in Hofpitibus apud Wiffant jure hereditario tenuit & Ecclefie Sandle Trinitatis & B. Nicholai Chrifti Confefforis fe imprimis tradens, tradidit, que Ecclefia in Arida-Gamantia eft... Concedo &c. actum Bolonie, anno Dominice Incarnationis M.° C. XV.

(i) On célebre fan Anniversaire dans la même Abbaye. De Locre & les Auteurs du Gallia Chrift. rapportent deux Épitaphes de cet Évêque. On lit dans la premiere (qui fe trouve encore fur fon Tombeau. ) « Obiit. M C. XV. XVI. Kal. Junii. Ce qui revient au 17 Mai: dans la feconde qui eft citée par Iperius;

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Mundo deceffit cum Maius ab idibus exit.

Ce qui défigne le 16 Mai. Il y a erreur dans la premiere où il faut lire XVII. Kal. Junii, comme l'a écrit Gautier & qu'on le voit dans le Nécrologe d'Arrouaife. Cette erreur peut être l'Ouvrage du Sculpteur qui aura oublié un I. Aubert Lemire offre une troifieme leçon, XVIII. Kal. Junii. T. I. P. 676. Autre faute d'inattention.

Chandelle célebre, à laquelle les Habitants d'Arras durent leur falut dans une épidémie cruelle nommée le feu ardent, qui ravageoit alors toute la France. On connoît affez la Sainte Chandelle d'Arras, & combien elle a produit d'autres Chandelles dans les Villes de Flandre: je dirai ici feulement que la Pyramide érigée à son occafion fur la Petite-Place d'Arras, a été bâtie en 1215, Monument curieux & hardi, mais qui, par fa fituation, dépare une belle Place, & que fans doute on ne relevera pas, du moins au même lieu, lorfque le tems l'aura abattue.

Lambert fut remplacé par Robert, Archidiacre, natif d'Arras. Celui-ci ne fut pas moins favorable à Richer, qu'il qualifie de Prélat dans un acte daté d'Arras 4 Septembre 1116. Il lui donne par cet acte les Autels de Gouy & de Bavincourt, lefquels furent cédés peu de tems après au Chapitre d'Arras, en échange des Cures de Liégefcourt & de Goudecourt, avec leurs appendances Beaulencourt & Horrec. C'est ce même Robert qui fe trouva au Concile de Beauvais tenu par Conon

en II20.

Ce Cardinal, qui affifta à celui de Latran, ouvert le 6 Mars 1116, obtint peu de jours après fa clôture, une feconde Bulle confirmative de la Fondation & des Priviléges du Monaftere d'Arrouaise, dans laquelle on voit fon nom & fon seing. (k) Parmi les faveurs accordées par cette Bulle, on retrouve celle de pouvoir conférer l'Extrême-Onction & donner la Sépulture à tous ceux qui par un motif pieux fe retireroient à l'Abbaye d'Arrouaife. Il s'agit peut-être ici de ces perfonnes du monde que l'approche de la mort engageoit à fe réfugier dans le

(k) Pafchalis Epifcopus &c. dilectis filiis Richerio Abbati. . . . . . unctionem quoque infirmorum & fepulturam eorum qui ad vos ex devotione concurrerint, Religioni veftre concedimus ficut à confratre noftro Roberto Atrebatenfi Epifcopo, comperimus effe con ceffum, &c.

Cloître pour y implorer les fecours & les fuffrages des Religieux, & dont j'aurai occafion de parler plus fpécialement dans la fuite.

Il n'eft pas douteux que le crédit dont le Cardinal Conom, Légat en France, jouiffoit à la Cour du Roi Louis le Gros, n'ait occafionné le don que ce Prince fit l'année suivante à l'Église d'Arrouaife, (1) de vingt muids de vin à prendre fur les vignes de Vorges dans le Laonnois, apud Vorgiam & Joviam. Ce bienfait fut confirmé en 1145 par Louis le Jeune, qui voulut y ajouter encore quatre muids. Mais le tems a dévoré l'une & l'autre donation.

Richer acquit auffi par arrangement & à cens, du Chapitre de St. Furfy de Péronne, des Terres & des Bois fitués au Terroir de Béquignies. Cet accord, dans lequel on lui donne le titre d'Abbé, eft daté de l'an 1119. Ce fut cette même année, au mois d'Octobre, que Calixte II. tint à Rheims un Concile célebre, où le Cardinal Conon parut avec beaucoup de gloire. Calixte étoit frere de Clémence de Bourgogne, d'abord épouse de Robert de Jérufalem Comte de Flandre, remariée enfuite avec Valéran Duc de Lothier, Bienfaitrice de l'Abbaye d'Arrouaife & Fondatrice de celle de Bourbourg. Le fecond jour après l'ouverture du Concile, il confirma par une Bulle folemnelle l'érection de cette derniere Abbaye. Paschal II. avoit approuvé, comme on l'a vu, l'érection de celle d'Arrouaife dans les années 1107 & 1116; Richer voulut encore la faire appuyer d'un nouveau titre. Il pria le Cardinal de folliciter une troisieme approbation. Le Pape l'accorda avec plaifir à la demande du premier Instituteur d'Arrouaise, pour me fervir des termes de la Bulle qu'il fit expédier à ce fujet. (m) On y

(1) On y célebre encore fon Anniversaire.

(m) Calixtus Epifcopus &c. dilectis filiis Richerio Priori & Canonicis in Ecclefia

rappelle la terre du Tranfloi donnée par fa fœur, & tous les dons faits jufqu'alors à la même Abbaye, foit par des Princes, foit par des Particuliers, à Roquignies, à Béquignies & ailleurs. Elle est datée de Rheims 8 Novembre 1119; ce qui fait voir que le Souverain Pontife demeura quelques jours dans cette Ville après la féparation du Concile, laquelle avoit eu lieu le 30 Octobre. Tel eft le dernier monument du zele de Richer. Malgré l'invitation de fes Supérieurs & les follicitations de fes Religieux, il refusa conftamment de se faire bénir, & mourut avec toutes les vertus d'un bon Abbé, fans en avoir accepté le titre, le 8 Mai, l'an 1121.

On trouvera peut-être que je me suis trop appesanti fur des donations dont le détail eft néceffairement faftidieux. Mais j'ai cru qu'il étoit effentiel de faire bien connoître les commencements de l'Abbaye d'Arrouaife. Je touche à l'époque où cette Maison devient Chef-d'Ordre, où les Princes & les Peuples s'empreffent de lui donner par de nouveaux bienfaits les marques les plus précieuses de leur eftime. Je ferai dans la fuite plus réservé dans les détails de cette efpece. Je finirai cependant ce Chapitre par une explication touchant différents noms de lieux que l'on vient de lire, & qui font aujourd'hui inconnus, même dans nos cantons. Tels font Béquignies, Liégefcourt & Horrec. C'étoient des villages ou hameaux, que les guerres qui ont dévasté tant de fois les limites de l'Artois du côté de la Picardie, ont fait difparoître depuis long-tems. Car on ne doit pas croire, comme le font entendre plufieurs Écrivains, que les

Sandle Trinitatis & Sandli Nicholai de Arida-Gamantia &c. unde etiam veftris per venerabilem fratrem Cononem Prenestinum Epifcopum loci ipfius inflitutorem petitionibus benignitate debita impertimur affenfum &c. . . vobis. . poffidenda fancimus. terram quam dedit Odo Caftellanus de Perona in villa que dicitur de Békénics. in Rokénies & in Békénies terram & fylvam & hofpites &c.

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...

Bois d'Arrouaife aient été encore au tems d'Heldémare & de Conon, ces Bois immenfes connus en Latin sous le nom d'AridaGamantia, & qu'ils fe foient étendus alors jufqu'à la Forêt Charbonniere. Ils étoient entrecoupés de plufieurs villages & de terres mises en culture. Je vois feulement que la partie de ces Bois qui a confervé le nom d'Arrouaife, du côté du couchant, touchoit dans le douzieme fiecle aux Villages de Sailly, Morval, Tranfloi & Roquignies. Entre ces deux derniers étoient Liégefcourt & Béquignies. Horrec, Hameau dépendant de la Paroiffe de Goudecourt, s'eft refondu dans Lébœuf-Lévacque. Celui-ci n'étoit dans l'origine qu'un affemblage d'étables au milieu des Hauts-Prés qui confinoient à la Forêt. Il touchoit à Touvent autre Village ou Habitation que l'on ne connoît plus. (n) Le Transloi aujourd'hui fi confidérable, n'étoit qu'un fimple Hameau, Villula, & Beaulencourt étoit encore une dépendance de la Cure de Liégefcourt, qui fut réunie à l'Abbaye d'Arrouaise par Aluise Évêque d'Arras, fucceffeur de Robert. Situé fur la grande route de Paris à Arras, & brûlé plufieurs fois, ce dernier Village, après être resté long-tems fans Habitants, commence enfin à renaître de fes cendres.

(n) Ces Villages ou Hameaux n'existoient déjà plus au milieu du quinzieme fiecle, tems où les Religieux du Mont-Saint-Quentin & ceux d'Arrouaife difoient dans une transaction: «Toutes les menues Dimes du Lieu là où les maifons, gardins & » eftables d'icelui Touvent furent jadis, font, feront & appartiendront, &c. »

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