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Cour de Rome la confirmation des Priviléges accordés à ses Prédéceffeurs, on lui répondit qu'il falloit commencer par fçavoir fi ces Priviléges & la Juridiction de l'Abbaye d'Arrouaife avoient été concédés par Indult Apoftolique ou par l'Usage. I ne faut que jeter un coup d'œil fur les différents actes par lefquels les Évêques ont permis à des Maifons de leurs Diocefes de fe foumettre à celle d'Arrouaife, (d) pour fe convaincre que la Juridiction de celle-ci fur les autres & l'immédiateté de l'Ordre, ont eu leur origine dans le confentement, quelquefois même dans la demande des Ordinaires.

M. de Fleury observe que lorfque le Pape Pascal II accorda à l'Abbaye de Citeaux fa protection fpéciale par une Bulle datée de l'an 1100, il réserva la révérence canonique, c'est-àdire, felon fon opinion, la Juridiction de l'Évêque Diocésain. Cette réferve eft bien plus fortement exprimée dans les Bulles adreffées aux Abbés & à l'Ordre d'Arrouaife. Elles font toutes terminées par la claufe Salva Diocefanorum Epifcoporum Canonica juftitia, fauf les Droits des Évêques. Mais quels Droits? Il est certain que la Juridiction des Abbés d'Arrouaife & des Chapitres généraux dépendoit immédiatement du St. Siége. (e) Cette réserve des Droits des Évêques ne pouvoit tomber que fur ceux qu'ils ont eux-mêmes exprimés dans les actes particuliers par lefquels ils accorderent à certaines Maisons la permiffion de prêter obéissance à l'Abbé général. L'obéiffance qu'ils se réservoient fpécialement & à leurs Églifes Cathédrales, avoient pour objet la bénédiction des Abbés, la confécration des Bafiliques, des vafes facrés, le faint Chrême, les Ordres, &c. C'est ce que

(d) V. les Pieces juftificatives N°. II, IV, V, VI, VII, &c.

(e) Cela n'empêche pas que les Évêques n'aient été pendant quelque tems Juges conjointement avec les Abbés, dans les cas de dépofition, comme il fera expliqué ci-après.

portent en termes formels plufieurs Chartes, entre autres une Bulle de Lucius III de l'an 1185, confirmative des usages & priviléges de l'Ordre. Elle eft adreffée à l'Abbé Gautier. « Qu'il » vous foit libre, dit le Souverain Pontife, de mettre dans » les Églifes Paroiffiales qui vous appartiennent, quatre ou au » moins trois de vos Chanoines, dont vous présenterez l'un » à l'Évêque Diocéfain, de qui il recevra la charge des ames, » enforte qu'il fera responsable envers lui du spirituel, & envers >> vous du temporel & de l'obfervance réguliere. » Il ajoute un peu plus bas : « Pour ce qui eft du Chrême, de l'Huile » fainte, de la confécration des Autels ou des Bafiliques, de » l'ordination des Clercs qui devront être promus aux Ordres » facrés, vous vous adrefferez à l'Évêque Diocéfain. » Ceux qui d'après l'état actuel de l'Abbaye d'Arrouaife, jugent de l'ancien état de l'Ordre entier, & pensent qu'il reconnoiffoit les Ordinaires pour Supérieurs immédiats, fe trompent donc étrangement.

Revenons à l'Abbaye de Ruiffeauville. Cette Maison fut la feconde fille d'Arrouaife & tint le fecond rang dans l'Ordre. Son Abbé en étoit cenfé le Sous-Prieur, comme celui d'Hénin s'en difoit le Prieur. Je ne fais comment De Locre qui place à la tête du Catalogue des Abbés de Ruiffeauville, le même Henri, élu, ainfi que je l'ai dit, en 1127, peut prêter à cette Maison une ancienneté qu'elle n'a pas. Il lui donne pour feizieme Abbé Milon fecond du nom, nommé Évêque de Térouanne en 1159, & pour dix-feptieme, Bauduin, qui le fut de Noyon en 1148. Milon avoit été Religieux à Ruiffeauville; mais il étoit l'un de ceux que Gervais y fit paffer; il fortoit par conféquent de l'Abbaye d'Arrouaife. J'ai lu quelque part qu'il étoit déjà Archidiacre de Térouanne en 1134, & certainement il a figné en cette qualité, dans l'année 1137, la Charte par laquelle Milon I accorda à Gervais un Oratoire & un Cimetiere dans la Paroiffe de Rebreuve,

comme on le verra plus bas. Il ne fut jamais Abbé de Ruiffeauville. (f) Pour ce qui eft de Bauduin, compatriote & disciple de Gervais, il ne fut pas même de la Colonie qui peupla cette Maifon. Il fut envoyé à Chauny vers l'an 1130, en qualité d'Abbé. Delà il passa à l'Abbaye de Chatillon, (g) dans le Diocese de Langres, & enfin au Siége Épifcopal de Noyon.

L'Abbé Gervais né à Boulogne, ancien Secrétaire du Comte Eustache le Jeune, confervoit toujours la faveur de ce Prince, qui de concert avec l'Évêque de Térouanne, releva dans fa Capitale l'Églife de Sainte Marie, ruinée par l'injure des tems. Cette Eglise avoit été autrefois le Siége d'un Évêque. ( h) Jean de Térouanne & le Comte y placerent des Chanoines Réguliers. Elle eut pour premier Abbé Jean, Chanoine d'Arrouaife, qui prit le troisieme rang dans les Chapitres généraux, immédiatement après celui de Ruiffeauville. On voit par-là que les rangs des Abbés ne leur ont point été affignés en raifon de l'ancienneté de leurs Églifes, mais de l'époque de leur aggrégation à celle d'Arrouaife. C'eft pour cela que l'Abbé d'Hénin eut le titre de Prieur de l'Ordre & l'Abbé de Ruiffeauville celui de Sous-Prieur. On auroit pu donner à l'Abbé de Sainte Marie de Boulogne le titre de Tiers-Prieur. On verra qu'il jouiffoit conjointement avec les deux autres d'une forte de Juridiction fur le Général lui-même.

(f) De Locre, (P. 255.) cite un rouleau de parchemin qui existe encore à Ruiffeauville, & fur lequel, outre le Catalogue des Abbés de cette Maison, on voit les Portraits de la plus part d'entre eux. Je ne crois pas davantage au Catalogue qu'aux Portraits. De pareilles Pieces ne doivent point tenir contre des A&tes originaux.

(g) Il y a deux Lettres de St. Bernard à ce Bauduin, la 338e. & la 339e. La premiere lui eft adreffée comme Abbé de Chatillon; la feconde comme Évêque de Noyon.

(h) V. Gall. Chrift. Tom. X. P. 1527. & fuiv. où l'on prouve très-bien auffi que le Port Iccius & celui de Boulogne font un feul & même Port.

L'Ordre ou Congrégation d'Arrouaife commençoit à prendre une forme stable & fa réputation à s'étendre. Je ne dirai pas le tems précis auquel les Maifons dont il fut compofé, en embrafferent l'Inftitut; mais d'après l'obfervation que chacune d'elles prit rang en raifon de l'époque où elle s'aggrégea à l'Ordre, on poura fe faire une idée de cette époque par les rangs qu'elles ont occupés. En voici le Tableau: (i)

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(i) On le trouve dans le Cartulaire de Gautier mot à mot comme il suit: « Abb. » S. Marie de Hinniaco. Abb. S. Marie de Nemore. Abb. S. Marie de Bolonia. Abb. S. » Crifpini de Cavea. Abb. de Calniaco. Abb. S. Ulmari Bolonienfis. Abb. de Cifonio. Abb. » S. Leodegarii. Abb. de Tornaco. Abb. de Mareolo. Abb. de Bello - Loco. Abb. de Clare » Fageto. Abb. de Cheoches. Abb. de Warneftuen. Abb. de Senebecca. Abb. de Caftellione. n Abb. de Caftriciis. Abb. de Dudevilla. Abb. de Valencenis. Abb. de Phalempin. Abb. de » Brugis. Abb. de Altcriaco. Abbas de Bella-Valle, n

15. De Sonnebeck, D. d'Ipres.

17. De Chatrices, D. de Châlons.

19.

De Saint Jean de Valencien

nes, D. de Cambrai. 21. De Saint Barthélémi de Bruges, ou d'Eckout.

23. De Soetendael, D. de Bruges.

16. De Chatillon, D. de Lan

gres.

18. De Doudeauville, D. de Boulogne.

20. De Phalempin, D. de Tournai.

22. D'Autrey, D. de Toul.

Il eft bon d'observer que les feize premieres Eglifes ou Abbayes du Tableau que l'on vient de voir, ont été foumises à l'Abbé Gervais avant l'année 1148, pendant fon gouvernement; les autres fucceffivement, & la derniere, Soetendael, en 1162.

Toutes ces Maifons ne reçurent pas immédiatement de l'Abbaye d'Arrouaife les Religieux qui y porterent son Institut. De même que dans la Congrégation de Citeaux, il se forma dans celle d'Arrouaife plufieurs filiations, & les différents rapports entre les Maisons meres & leurs filles, établirent la supériorité des premieres fur les fecondes.

Les Filles de l'Abbaye d'Arrouaise font les Abbayes d'HéninLiétard, de Ruiffeauville, de Sainte Marie de Boulogne, de Saint Crépin en Chaie, de Saint Éloi-Fontaine, de Saint Vulmer de Boulogne, de Saint Calixte de Cyfoing, de Saint Léger, de Saint Mard de Tournai, de Maroeul, de Clairfaï, de Warnêton, de Sonnebeck, de hatrices, de Doudeauville, de Phalempin & d'Autrey. Un Catalogue poftérieur au tems dont je parle (k) ajoute l'Abbaye de Sainte Marie de Breslau en

(k) Il fe trouve à la fin d'un ancien Cartulaire, mais d'une écriture plus moderne

Siléfie,

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