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Siléfie, & la Prévôté de Bethléem, dans la baffe Germanie, qui n'embrassa la réforme d'Arrouaise qu'à la fin du fiecle suivant. L'Abbaye de Ruiffeauville fut mere de celles de Chatillon, de Choques & de Beaulieu; l'Abbaye de Saint Mard ou Saint Nicolas de Tournai, de celle d'Eckout à Bruges, qui de fon côté eut pour fille Soetendael. L'Abbaye de Saint Jean de Valenciennes reçut fes premiers Religieux de Saint Crépin en Chaie. Le chapitre 191 du livre de l'Ordre (1) nous apprend quels étoient les Droits des Maisons meres. Les meres, y eft-il dit, ne peuvent imposer aucune taxe fur les biens de leurs filles. Lorsqu'un pere Abbé visite l'Abbé d'une Maison fille, il ne peut y recevoir les vœux des novices de celui-ci, ni emmener fans fon aveu aucun de fes Chanoines, ni en introduire aucun chez lui pour y demeurer; enfin il n'y doit rien régler ni ordonner contre la volonté de l'Abbé fils, fauf en ce qui regarde le falut des ames. S'il y trouve quelque chofe de contraire à la regle & au bien de l'Ordre, il pourra le corriger charitablement en présence de l'Abbé du lieu & de fon avis. Si celuici eft absent, l'Abbé pere n'en corrigera pas moins tout ce qu'il jugera devoir être corrigé. L'Abbé fils cédera le pas au pere non-feulement dans le Chapitre, mais encore dans tout le

& qui me paroît être du quinzieme fiecle. Il eft fuivi de l'ordre des rangs que tenoient les Abbés dans les Chapitres généraux. De Locre le donne (& d'après lui d'autres Écrivains) mais fort différent de l'original, qui ne comprend pas l'Abbaye de Cyfoing (Elle n'étoit plus alors de la Congrégation,) ni le Prieuré de St. Patrice en Irlande.

(1) On appeloit ainfi le Recueil des Constitutions de l'Ordre. L'exemplaire que j'ai, porte la date du 13 Août 1477. Mais le chapitre 167, intitulé de Feminis non reci piendis nifi per Capitulum generale, fait voir que cet exemplaire a été copié sur un autre plus ancien, écrit après le Chapitre général de 1233, dans lequel fut porté ce Statut touchant les Converfes, & avant le Concile de St. Quentin tenu en 1256, puisqu'à cette derniere époque il fut réfolu qu'on n'en recevroit plus en aucune maniere.

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il y

Monaftere. Chaque Abbé pere vifitera au moins une fois l'an avec une follicitude paternelle les Maifons dont la fienne eft mere. Lorsque l'Abbé fils fe rendra dans la Maifon mere, fera reçu avec tout le refpect qui lui eft dû. Il y tiendra la place de l'Abbé dans toutes les chofes qui concernent l'Ordre, bien entendu en l'absence du propre Abbé, car en fa présence, il doit lui céder en tout comme à fon pere.

Quoique d'après la notice que j'ai extraite ci-dessus du Cartulaire de Gautier, l'Abbaye d'Arrouaife ne compte que dix-fept filles, & dix-neuf en y ajoutant les Églifes de Breslau & de Bethleem, elle en eut beaucoup d'autres, comme le dit le même Gautier dans fa Préface historique. L'Abbé Gervais, dit-il, bâtit à la priere de plufieurs, des Monafteres en différents endroits, & y envoya des Freres pour y établir notre Inftitut. D'un autre côté diverses Communautés de Chanoines quittant leur ancienne obfervance, embrafferent la nôtre comme plus rigide; d'où il arriva qu'en peu de tems, non - feulement la Flandre, mais l'Angleterre, l'Écoffe, la Bourgogne, & les Pays les plus éloignés, comme la Pologne, reçurent de nous des Colonies de Religieux, les Prélats de ces nouvelles Maifons s'obligeant à se rendre chaque année dans celle d'Arrouaife & d'y affifter au Chapitre général de l'Ordre, afin de maintenir la charité entre eux, & l'entiere observance de la regle. Saint Malachie, Archevêque Irlandois, ajoute-t-il, vint lui-même à l'Abbaye d'Arrouaife, en étudia les Conftitutions & les approuva. Il les fit enfuite tranfcrire ainfi que les livres de chant & de liturgie, & les emporta avec lui en Irlande où il les fit adopter dans les Églifes Cathédrales & dans différentes Abbayes.

En effet Saint Malachie, qui fut lié très-étroitement avec Saint Bernard, (m) fit plufieurs voyages en France & en (m) Le Saint Abbé de Clairvaux compofa l'Histoire de fa vie. On a auffi deux

Italie. L'Irlande étoit alors plongée dans la plus profonde ignorance. On n'y connoiffoit plus le chant des heures canoniales, l'usage de la confeffion, le Sacrement de confirmation, ni les regles de celui du mariage. Le Siége d'Armach étoit héréditaire, & on l'avoit vu poffédé par des Laïques fans qu'ils fe missent en peine de recevoir les Ordres. Le Métropolitain établissoit ou changeoit les Évêchés felon sa fantaisie. Saint Malachie entreprit de faire refleurir la Religion parmi ces Infulaires. Il fut d'abord Évêque de Conneret dans l'Ultonie, & Celse, Archevêque d'Armach, étant mort, il lui fuccéda à l'âge de 38 ans, (en1133): mais il ne tint pas ce Siége long-tems; il y mit en fa place un nommé Gélase & retourna dans fon ancien Diocese (n) qu'il avoit partagé en deux, & comme il avoit établi un Évêque à Conneret, il fixa fon Siége à Doune. Ce fut lorsqu'il étoit Évêque de Doune, vers l'an 1139, qu'il vint à l'Abbaye d'Arrouaise. Il plaça auffitôt des Chanoines Réguliers de cet Inftitut dans fa nouvelle Cathédrale. Il en profeffa lui-même la regle & fonda pour eux, dans une île, au milieu d'un lac, le Prieuré de Saint Patrice, connu par fon prétendu Purgatoire. Enfin les Métropoles d'Armach & de Toam embrafferent la même réforme, & peu de tems après, elle fut introduite dans celle de Dublin par Saint Laurent fon Archevêque qui la fit recevoir dans les Églifes de fa dépendance. On peut donc

difcours qu'il prononça l'un le jour de la mort de ce Saint Évêque, l'autre le jour de fa Fête, ainfi que trois lettres qu'il lui écrivit & qui font les 315, 316 & 317 de l'édition de Mabillon.

(n) Saint Malachie mourut à Clairvaux dans les bras de Saint Bernard, le 2 Novembre 1148. Il fut le premier qui introduifit des Moines en Irlande. Il les reçut des mains de Saint Bernard, à qui d'ailleurs il laiffa ou envoya à plufieurs reprises de jeunes Irlandois pour les former dans la difcipline religieufe, ce qui fit croire à plufeurs qu'il fut lui-même Moine de Citeaux.

affurer que dans le douzieme fiecle, tous les Chapitres de l'Irlande, ou presque tous, fuivirent l'Inftitut Arroafien, & il n'est pas douteux qu'il n'ait fervi infiniment à diffiper les tenebres dont cette île étoit alors couverte. Saint Laurent mourut le 14 Novembre 1181, à Eu en Normandie, dans une Maison de Chanoines Réguliers de la Congrégation de Saint Victor, aujourd'hui connue fous le nom du Saint Archevêque, alors fous celui de Sainte Marie. Cette Eglife avoit commencé par être Collégiale; elle avoit embrassé la regle de Saint Augustin vers 1119, & enfuite la réforme d'Arrouaife. Enfin elle s'étoit foumise à la Congrégation de Saint Victor.

Je ne vois nulle part que les Églifes d'Irlande, d'Angleterre & de Pologne, aient eu un rang marqué dans les afsemblées générales de l'Ordre. Il eft cependant certain qu'en embraffant la réforme, elles s'obligeoient fpécialement d'y affifter. Il y avoit même une peine particuliere décernée contre les Abbés d'Irlande qui euffent négligé de s'y rendre. Elle fait la matiere du chapitre 197 du livre de l'Ordre. (o)

Je pourois parler des Églifes d'Angleterre qui embrafferent l'Institut Arroasien; mais je préfere de traiter cet article à part, lorsque je donnerai la notice des Maifons de l'Ordre d'après les monuments qui nous en reftent & les connoiffances que je pourai tirer des Auteurs qui ont écrit fur ces matieres. Je dirai feulement ici un mot d'un certain Décret d'Adololde Évêque de Carlile, dans le Comté de Comberland qui touche à l'Écoffe & faifoit alors partie de ce Royaume. Ce Décret fut porté vers l'an 1140, du tems & en la présence d'Aluife

(o) « De Penitentia Abbatum Hybernienfium. Quadraginta dies in pane & aqua ; & tribus diebus correctionem duodenarum plagarum ab illo qui capitulum tenet fufcipit coram » omnibus, fi de capitulo remanferit abfque caufa rationabili, n

Évêque d'Arras, & de Milon premier du nom, Évêque de Térouanne, ce qui me fait croire qu'il le fut dans l'Abbaye même d'Arrouaise, où se trouvoient peut-être auffi alors des Députés du Chapitre de Carlile. Il commence ainfi: «< Au Nom » du Pere & du Fils & du Saint-Esprit, Amen. Moi Adololde » par la miféricorde de Dieu, Évêque de Carlile, à mes freres » de l'Eglife de Carlile, tant présents que futurs &c. » (p) On voit qu'il s'agit de fon Eglife Cathédrale. Il ne faut pas la confondre avec l'Églife de Carlioli, Prieuré du titre de Sainte Marie, dans le même Comté de Comberland, dont Pennot fait mention p. 390. Les Chanoines de Carlile étoient alors féculiers, & chacun d'eux jouiffoit en particulier de fa prébende. Le Décret porte 1o. que dans la fuite ils vivront en commun felon la regle de Saint Auguftin & l'Institut de Saint Nicolas d'Arrouaise. 2°. Qu'ils pourront fe choisir parmi eux ou dans les autres Eglifes qui fuivent la même réforme, un Prieur à qui ils prêteront l'obéiffance qu'ils avoient déjà jurée à l'Évêque, & fauf la même obéiffance due à l'Évêque. 3°. Que le Prieur élu ne manquera point d'affifter l'année suivante au Chapitre général à Arrouaise. 4°. Que fi le Prieur oublie fon devoir & néglige de maintenir la difcipline de l'Ordre, on le citera pardevant fon Évêque qui le reprendra en fecret, & que, s'il ne fe corrige pas, il fera déposé par les Abbés du même Ordre.

Ce dernier article eft conforme au Décret de l'Évêque Jean, de Térouanne, donné en faveur de l'Abbaye de Ruiffeauville, de même qu'à ceux de Simon Évêque de Noyon & de Goflen de Soiffons pour les Abbayes de leurs Diocefes. C'étoit une des conditions effentielles de l'union des Maifons de l'Ordre

(P) Pieces juftificat. No. VI,

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