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1173 & 1175, la permiffion d'extirper différents bois, entr'autres celui de Roquignies. Le fonds défriché & mis en culture étoit appelé Sart, Sartum. Ces terres nouvelles demeuroient le plus fouvent & d'une maniere particuliere dans la dépendance des Seigneurs. On deffervoit le Sart comme un ficf ou une terre cottiere, & il y avoit des hommes fartaires fanarii, ainfi que des hommes cottiers. J'ai rencontré fur ce fujet une transaction affez curieuse paffée en 1190 avec Gérard de Liégefcourt: « Si les paysans fartaires, dit-il, citent pardevant >> nous à leurs plaids, des Chanoines ou des Convers fartaires, » il n'y aura que le Maître des charues ou un autre Convers » qui fera tenu de comparoître. » De nouvelles difficultés s'étant élevées quelque tems après touchant le nombre des fartaires Arroafiens, que ce Seigneur exigeoit & vouloit porter jusqu'à quarante, il fut accordé qu'il ne lui en feroit fourni que douze, qu'à la mort de chacun d'eux on en substitueroit un autre, & qu'il feroit payé quatre deniers de relief. Une note inférée dans notre plus ancien cartulaire, comprend l'énumération d'une quantité de pieces de terres dont étoit fartaire Arnulphe quatrieme Abbé de Chauny, auparavant Chanoine d'Arrouaife. Je trouve auffi que Gautier ayant affranchi certains ferfs à Curlu fur la Somme, en l'année 1190, déclara que dans la fuite ils feroient regardés comme Sartaires, terram fuam cultam tenebunt a nobis tamquam fartatores.

Ce ne fut pas feulement dans les Pays-Bas & en France que Gervais éprouva la libéralité des fideles; il trouva des Bienfaiteurs jufque fur les Tiònes d'Angleterre & d'Ecoffe. Peut-être le féjour d'Heldémare & de Conon à la Cour de Guillaume le Conquérant, avoit-il laiffé dans cette île quelques traces de leur fouvenir: j'aime mieux croire cependant que le Général Arroafien dut le crédit dont il y jouiffoit, à la protection

conftante

conftante du Comte Eustache de Boulogne & de la famille de ce Prince. Eustache avoit époufé Marie, fille de Sainte Marguerite & de Malcolm III, Roi d'Ecoffe. Mathilde, née de ce mariage, fut alliée à Étienne de Blois, qui devint Roi d'Angleterre. Le troifieme fils de Malcolm, David, qui monta lui-même fur le Trône d'Écoffe, donna à Gervais la moitié des cuirs & des fuifs de tous les animaux que l'on tuoit à Strévelin, donation qui fut confirmée par Henri fon fils, par acte daté de Carlile. C'étoit apparemment une portion du domaine de la couronne. D'un autre côté le Roi Etienne (&) fit donner au même Abbé en l'année 1142 par Mathilde son épouse & Eustache fon fils, la Dime de Merc ou Marcq dans le Caléfis. Cette Princeffe, Reine d'Angleterre & Comteffe de Boulogne, lui avoit fait don l'année précédente de la terre de Saint-Omer-Capelle, fituée dans la Vicomté de Marcq, par un diplome daté de Londres. L'Abbaye d'Arrouaife ne jouit de ces biens que pendant deux fiecles. Ils furent envahis par Édouard III en 1347, époque du fameux Siége de Calais; & lorfque le Duc de Guise reprit cette Ville avec fon Territoire, tout ce que les Chanoines d'Arrouaife y avoient poffédé fut réuni au Domaine du Roi, comme reconquis fur les Anglois.

Gervais reçut encore d'autres dons en Angleterre, l'Autel de Dorene, l'Autel de Haroalde ou Harewold, l'Autel de

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(&) Les termes de la Lettre qu'il écrivit à ce fujet, & le titre d'ami que Mathilde donne à Gervais, font remarquables: Stephanus Rex Anglorum, Mathildi Regine, uxori fue, falutem. Mando tibi & precipio tibi quod faifias canonicos de Arowafia de decima de Merc, quam dedi eis pro falute anime mee & tue & Euftachii filii mei, infirmitate mea apud Norhantonium, & facias eis inde habere cartam tuam & cartam Euftachii filii tui. T. Turgifio de Albrine: apud caftrum proditorum. La Reine & fon fils donnerent en conféquence un diplome (daté de Lens, 23 Juin 1142.) dans lequel ils s'expriment en ces termes, en parlant de Gervais: In manus D. Gervafii Abbatis viri religiofi & amici noftri dilecti &c.

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Braefled. Ces deux derniers furent cédés en 1177 à l'Abbaye de Meffendana ou Muffenden dans le Buckingham-Shire, laquelle, à cause du voifinage, pouvoit les faire deffervir avec plus de facilité. Je trouve auffi un Hilaire Evêque de Chefter, qui confirme la donation d'une rente annuelle de deux marcs d'argent, faite à l'Abbaye d'Arrouaife, à l'occafion d'une fœur converse, fille de Raoul de Déna. Enfin les affaires de l'Ordre exigeant une correspondance fuivie avec l'Angleterre, Gervais obtint pour lui & les fiens un paffage libre par le Port de Wissant, avec exemption du Droit de Tonlieu. Il y eut pendant tout le douzieme fiecle beaucoup d'Anglois à l'Abbaye d'Arrouaise ; plufieurs même en devinrent les chefs. Je remarque auffi que le premier Abbé de Fémi étoit un Anglois. Raoul établi à Vaucelles par Saint Bernard, & Gui fondateur de l'Abbaye de Vicogne étoient de la même nation. Celui-ci avoit, comme Heldémare & Conon, vécu quelque tems en Hermite dans la Forêt qui s'étend entre Saint Amand & Valenciennes; comme eux il s'étoit bâti un Oratoire en bois & l'avoit couvert de chaume. Il reçut quelques difciples & se détermina enfin à les mettre fous la regle de Saint Auguftin & l'Inftitut d'Arrouaife. (aa) Il follicita à ce fujet le Général, qui envoya plufieurs Religieux fur les lieux pour en examiner la nature. Leur rapport ne fut point favorable. Ils trouverent le fol marécageux, plein de fables, & d'une exploitation difficile. Gervais n'accepta point cet établissement, que Gui donna à l'Ordre de Prémontré, alors dans fa naiffance; & Vicogne en eft aujourd'hui une des plus belles & des plus riches Abbayes.

On offroit de toutes parts à Gervais de nouveaux Domaines; mais il en refufa une grande partie. Lorsque l'on confidere

(aa) Spicil. Dacherii T. XII. P. 533.

les acquifitions qu'il fit durant les vingt-cinq années de fon adminiftration, on pourroit croire qu'il avoit en vue de rendre son Abbaye puissamment riche: fon but n'étoit cependant que de propager fa réforme, & fi l'on ne fe fût oppofé à fon zele, il eût fait ériger en autant de Monafteres les poffeffions d'Arrouaise un peu éloignées. Outre les avances qu'il étoit obligé de faire pour les défrichements, le gouvernement de l'Ordre exigeoit de grandes dépenses: auffi l'on peut dire que s'il augmenta les fonds de fa Maison, il en prépara en mêmetems la ruine par des levées d'argent dont l'intérêt l'auroit perdue en peu de tems, fi la prudence de fon fucceffeur n'y eût apporté un prompt remede.

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CHAPITRE V.

Conftitutions.

Les foins que fe donnoit Gervais pour l'établissement de son

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Ordre, euffent été employés en pure perte, fi, lorsqu'une Eglife demandoit à fe foumettre à lui, ou qu'il en érigeoit une nouvelle, il n'eût exigé comme condition effentielle que leur aggrégation fût perpétuelle & irrévocable. L'inconstance naturelle à tous les hommes portoit quelquefois les Religieux à embraffer un Inftitut & puis un autre, fous prétexte que le dernier étoit le meilleur. (a) Le Général pour obvier à cet

(a) Voici d'après le P. Longueval un fragment d'une lettre écrite à ce sujet au College des Cardinaux par Hugues Metellus, Chanoine Régulier de St. Augustin : « Nous » fommes furpris qu'étant auffi puiffants & auffi prudents que vous l'êtes, vous souf» friez dans l'Églife une fi grande variété d'Ordres Religieux, diftingués par différents » habits, ou plutôt une fi grande diverfité d'habits dans les Ordres Religieux, » Hift. de l'Égl. Gal. T. 8. P. 467.

inconvénient autant qu'il étoit poffible, demanda au Souverain Pontife Eugene III, la confirmation du Statut déjà porté & reçu dans la Congrégation fur ce fujet. Eugene la lui accorda par une Bulle datée de Vétralle, 5 Décembre 1145. (b)

L'érection de l'Ordre étoit enfin confommée, les conftitutions générales & les ufages approuvés & confirmés: le recueil de ces Statuts étoit rédigé & avoit fans doute été difcuté & accepté dans les Chapitres généraux. Il eft tems d'en donner une connoiffance plus détaillée. J'ai dit que l'exemplaire que j'en ai eft de l'année 1477. Il contient 339 chapitres. Mais on voit par une clause qui termine le 202, que le premier recueil n'avoit point été prolongé au-delà. « Nous avons eu » foin, y eft-il dit, que ces chofes fuffent écrites afin que » l'observance de notre regle ne souffre dans la fuite aucun » relâchement, foit par oubli foit par négligence. » Les 37 qui fuivent ont été ajoutés aux 202 premiers, felon l'ordre dans lequel ont été portés été portés les Statuts qu'ils contiennent. On peut regarder ce manufcrit comme renfermant à peu près toutes les Conftitutions de l'Ordre. Je donnerai un précis des chapitres les plus remarquables; j'en indiquerai simplement piufieurs autres & j'en renverrai quelques - uns à la marge, felon

l'occafion.

Les 29 premiers reglent l'heure des offices, des repas, du sommeil, du travail des mains (c), le cérémonial du chœur,

(b) Eugenius &c. precipimus etiam at in Abbariis veftri ordinis ad fepeliendium tantum fratres & converfos & familiam Diocefani Epifcopi abfque pravitase aliqua, vobis cimeteria benedicant. Preterea apoftolica auctoritate interdicimus ut fi alia religiofa congregatio canonici ordinis à fubjectione alterius domus libera, fub obtentu majoris religionis veftro fe collegia fociaverit, ordinemque veftrum & rationabiles Ecclefie veftre confuetudines fponte fufceperit, de cetero fibi retro abire non liceat. Decernimus ergo &c.

(c) Le travail des mains n'étoit pas établi dans toutes les Maifons de l'Ordre,

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