페이지 이미지
PDF
ePub

ababababababababababababat

ABRÉGÉ

DE

L'HISTOIRE GÉNÉRALE

DES VOYAGES.

LIVRE SECOND.

VOYAGES D'AFRIQUE.

CHAPITRE PREMIER.

Premiers Voyages des Anglais fur les côtes d'Afrique, dans les Indes & dans la mer Rouge.

L'AFRIQUE eft une région immense, située en grande partie entre les Tropiques. Baignée de LQus côtés

par

la mer,

elle tient au continent de

l'Afie par une langue de terre de vingt lieues, nommée l'Iftme de Suez. Elle forme ainfi une grande prefqu'Ifle qui parcourt environ soixante-&douze degrés en longitude & autant en latitude. Coupée par l'équateur en deux parties inégales, elle s'étend au Sud jufqu'au 55. degré, & au Nord jufqu'au 37. L'intérieur du pays est peu connu, il a toujours été difficile d'y pénétrer Les fables brûlans, les déferts arides, des peu plades fauvages & inhofpitalieres, des chaînes de rochers qui traverfent les fleuves & rendent la navigation impraticable, les influences du climat, tous les obstacles réunis ont découragé la curiofité & même l'avidité du voyageur & du commerçant. Les côtes ont été fréquentées dans tous les temps, fur-tout la côte orientale qui regarde l'Inde, & qui est voisinë de la mer Rouge, de ce golfe qui, par sa fituation, semble fait pour rapprocher l'Afrique & l'Afie, & qui a dû toujours être le centre d'un grand commerce. C'eft de la mer Rouge que partirent, fous le régne de Nécao, les Navigateurs Phéniciens qui, au rapport d'Hérodote, firent en trois ans le tour de l'Afrique, & après avoir parcouru l'Océan, revinrent en Egypte par le détroit de Gibraltar & la Méditerranée. Hannon & Himilcon firent auffi le même citcuit depuis Gades jufqu'au golfe d'Arabie. Mais cette route, devenue depuis fi fa

par

cile & fi commune pour les Européens, était alors un effort rare & pénible pour des peuples qui ne pouvaient que fuivre les côtes. Toute la tie occidentale d'Afrique depuis Gibraltar jufqu'au Cap de Bonne-Efpérance n'a été bien connue que depuis que les Portugais eurent doublé ce Cap en allant aux Indes par la grande mer

du Sud.

Cependant plufieurs Voyageurs, entr'autres Robbe & Villault de Bellefond prouvent, par les monumens qui fubfiftent encore en Afrique, que dès le milieu du quatorzieme fiècle, c'est-àdire, plus de cent ans avant les premieres découvertes des Portugais, des Marchands Français de Dieppe en suivant les côtes depuis Gibraltar allerent au Sénégal & jufqu'en Guinée, & formerent des établissemens fur la côte de Malaguette d'où ils rapportaient du poivre & de l'ivoire. On donne pour preuves de ces voyages les noms Français qui fe font confervés dans ces contrées, où la Baie qui s'étend du Cap Verd au Cap Mofto, s'appelle encore Baie de France où deux cantons font encore nommés l'un le petit Dieppe, l'autre le petit Paris. On ajoute que les Tambours Nègres battent encore une marche Française. On avance enfin que le célèbre Château de Mina ne fut bâti par les Portugais que fur les ruines d'un ancien établiffement Français

qui avait été abandonné pendant les guerres civiles, ainsi que d'autres poffeffions dans le Cormentin & dans le Commendo; mais il eft difficile de croire qu'il foit refté fi peu de traces si d'une fi grande puiffance. Ce qui paraît prouvé; c'est qu'en effet les Normands, que leur situation a toujours portés au commerce de mer, ont long-temps fréquenté les côtes d'Afrique, où ils eurent même quelques comptoirs, qu'après la mort de Charles VI nos guerres civiles firent abandonner. Il est du moins certain que lorsque les Anglais pafferent les premiers le détroit après les Portugais, & firent quelques entreprifes de commerce fur les côtes de Guinée, les Français paraiffaient avoir oublié cette route, & ne s'y montrerent que quelque temps après.

La jalousie du commerce est si injuste & si exclusive, & la marine Portugaise avait tant d'afcendant, que les courses des navigateurs Anglais audelà du Détroit furent arrêtées pendant près d'un fiécle par les défenfes de leur Cour, qui par refpect pour la donation du Pape, ou par confidération pour le Portugal, ne permettait pas que les pavillons d'Angleterre s'avançaflent au-delà de Gibraltar.

Thomas Windham fut le premier qui, l'an 1551, fit un voyage à Maroc fur un vaiffeau qui lui appar

renait, nommé le Lion. Deux ans après, accompa gné d'un Gentilhomme Portugais appellé Pintéado, qui, difgracié dans fa patrie, s'était retiré en Angle terre, il parcourut les côtes de Guinée, & péné tra jufqu'à Bénin fous l'Equateur. Le voisinage du fort de Mina fur la côte d'Or, n'empêcha pas les Anglais d'échanger des marchandifes de peu de valeur contre cent cinquante livres d'or. Ils furene très-bien reçus à Bénin. Ils eurent même une audience du Roi, qui leur parla en Portugais, la seule langue d'Europe qui fût connue alors dans ces contrées. Ils eurent permiffion de féjourner un `mois à Bénin, pour faire leur cargaifon de poivre de Guinée, qu'on appelie autrement graine de paradis. Ce fut ce féjour qui les perdit. Les influences du climat devenues plus dangereuses par l'intempérance & par l'usage exceffif des fruits & du vin de palmier, firent périr en peu de jours la plus grande partie de l'équipage. Windham fut emporté le premier. A l'égard de Pintéado qui connoiffant le climat, s'était conduit avec plus de fageffe, il mourut d'un autre poifon plus cruel & non moins funefte. Le chagrin qu'il conçur des ¡ndignes traitemens qu'il eut à effuyer de l'ingratitude, de la dureté de Windham & de fes compagnons, le fit mourir dans la langueur & dans l'a

mertume.

L'année fuivante, une petite flotte Anglaife, com
Tome I

H

« 이전계속 »