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pofée de trois vaiffeaux & de deux pinaces, partit du port de la Tamife, & ayant mis fept femaines pour arriver en Guinée, employa cinq mois pour le retour. On ne met pas plus de temps pour revenir des Indes. Mais le vent qui était continuellement à l'Eft, fur-tout vers le Cap Verd, leur était abfolument contraire. Les gains de ce nouveau voyage furent confidérables. On rapporta au port de Londres plus de quatre cens livres d'or, trente-fix barils de poivre de Guinée, & deux cens cinquante dents d'éléphans.

Le Capitaine Toutfon encouragé par la vue de ces richeffes, fit en Guinée trois voyages confécutifs qui furent très-utiles aux Anglais. Ses observations nautiques meilleures que celles qu'on avoit faites jufqu'alors, rendirent cette route familiere à fes compatriotes, que les dangers de la traversée & la puiffance des Portugais en Afrique intimidaient encore. Il eut audience du Roi Nègre d'un petit canton près du cap de Très Puntas, où était établi un Capitaine Portugais nommé D. Jean. Ce D. Jean avait donné fon nom à la petite ville d'Equi, compofée de vingt ou vingt-cinq maisons, & qu'il dominait d'un fort défendu par foixante hommes; ce qui avec l'avantage des armes & de la fituation, lui fuffifait pour tyrannifer tout le pays. Il tendie des piéges aux Anglais, & troubla leur commerce avec les Nègres, ce qui n'empêcha pas que ce com

port

merce ne fût affez avantageux pour engager Toutfon à revenir dans le pays dès l'année suivante. Il rencontra près de la riviere de Seftos trois vaiffeaux Français. La crainte d'un ennemi commun, réunit les deux Nations contre les Portugais, & cette réunion leur infpira affez de confiance pour aller infulter la flotte Portugaise qui était dans le de Mina, forte de cinq vaiffeaux & de quelques pinaces. On fe canonna de part & d'autre fans avantage décidé. Mais les Anglais & les Français tirerent ce fruit de leur hardieffe, qu'on les laiffa croifer librement sur ces côtes l'espace d'un mois. Toutson fe fépara des Français qui retournaient dans leur patrie. Pour lui, il prit le parti de defcendre à la côte d'Or avec d'autant plus de confiance qu'il ramenait avec lui quelques Nègres qu'il avait enlevés à fon premier voyage, & qui ayant été bien traités des Anglais, n'en pouvaient donner qu'une idée favorable à leurs compatriotes, & devaient par conféquent rendre le commerce plus facile & plus avantageux. Les Nègres pleurerent de joie en revoyant leurs freres qu'ils croyaient perdus. Ceuxci leur vantaient la puiflance, la bonté, la fupériorité de la Nation Anglaife, & les Nègres du pays, qui n'étaient pas fi bien traités par les Portugais commencerent à regarder ces nouveaux Hôtes comme des libérateurs. Ils leur apporterent tout l'or qu'ils purent trouver dans leur contrée

qu'on croit être, fuivant la description qu'en fait Toutson, le petit Commendo, près de la riviere d'Axim, à peu de distance de Mina.

Le dernier voyage de Toutson fut le plus malheureux. Devenu l'Agent d'une Compagnie, il s'embarqua avec trois vaiffeaux & une pinace. Il fut d'abord maltraité dans fa route par les flottes d'Efpagne & de Portugal qu'il rencontra fucceffivement à la vue des côtes de Barbarie. Les maladies ravagerent fon équipage. Arrivé à Equi, il fut très-mal reçu des Nègres. Cette Nation naturellement inconftante, tantôt ennemie, tantôt admiratrice de fes tyrans, fubjuguée tantôt par la force, tantôt par la fuperftition, était portée à croire que rien ne pouvait triompher des Portugais, qu'elle voyait établis depuis long-temps dans des pays où les autres Nations d'Europe ofaient à peine aborder. Les Nègres d'Equi, prévenus par les Portugais, s'enfuirent tous à la vue des Anglais. Toutfon prit le parti de vifiter la ville ou habitation nommée Cormantin. Car il ne faut pas que ce nom de ville, fouvent employé dans les relations, nous rappelle rien de ressemblant à nos villes d'Europe. Les Nègres de Cormantin, qui habitaient dans des montagnes, ménageaient moins les Portugais. Ils apprirent aux Anglais que la plus grande partie de la poudre d'or dont ont trafiquait fur la côte, venait de plu

hieurs ruiffeaux qui ferpentaient dans des déferts entre des montagnes. Toutfon ne craignit pas de s'y engager fous la conduite de quelques Nègres. Il entra dans des vallées fort étroites ou plutôt dans de longues ravines, où fouvent il fallait marcher dans l'eau faute de rives. Après avoir fait cinq ou fix lieues fans rien découvrir qui reflemblât à de l'or, il vint à un endroit plus ouvert où le ruiffeau se perdait dans des fables. L'eau chargée de petites particules d'or les dépofait en pénétrant dans ces fables humides. Toutfon les remua long-temps fans rien appercevoir. Les Nègres, plus exercés que lui à ce travail, lui firent découvrir un affez grand nom¬ bre de paillettes, dont il recueillit près de deux onces d'or. Animé par ce fuccès, il voulut passer la nuit au même endroit, malgré le danger où il était d'être affailli par les bêtes féroces & par les monftres, hôtes naturels de ces déferts, qu'ils cédent, pendant le jour, à l'homme qui vient chercher de l'or, mais dont ils fe reffaififfent dès que la nuit les en laiffe feuls maîtres. Il employa encore, au même travail, une partie du jour fuivant. Mais fes gens, qui trouvaient beaucoup plus court & plus commode de recevoir l'or fans peine & fans danger des mains des Nègres commerçans, l'arracherent malgré lui à ce pénible exercice. Il alla avec eux brûler

l'Habitation Nègre de Schamma, l'une des dépendances des Portugais, & ce fut le premier acte de destruction de la part des Anglais dans ce commerce d'Afrique, qui n'a guères été depuis, tant du côté des Nègres que de celui des Européens, qu'un trafic de violences & de brigandages, où l'on vend ce qui n'appartient ni à l'acheteur ni au vendeur, la liberté de l'homme.

Toutson arriva à l'lfle de Wigth dans un état déplorable. Il ne ramenait qu'un feul vaiffeau, dont l'équipage pouvait à peine fuffire à la manœuvre. Il en avait abandonné un qu'il n'était plus poffible de conferver, & le troisieme avait été obligé de relâcher au Cap Finistere.

On omet quelques voyages particuliers qui ne produifirent rien d'important, & qui ne contiennent que ces espèces d'avantures qui femblent romanefques, parce que l'imagination de quelques Écrivains s'eft amusée à en retracer de femblables, mais qui fouvent ne font malheureufement que trop réelles, & paffent même les fictions inventées pour l'amusement des Lecteurs. Tel eft, par exemple, le voyage de l'Anglais Baker, qui ayant quitté fon vaiffeau pour entrer dans une chaloupe avec huit de fes compagnons pour reconnaître le pays, fut jeté, par un coup de vent, fur une côte déferte où il échoua, & fe vit longtemps dans la plus horrible fituation; pressé par

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