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•quir, & des écailles de tortues, qui fervaient de fiéges & de vafes pour l'eau. Les Habitans qui étaient des Nègres, avaient pris la fuite à la vue des Français. On en découvrit quelques-uns dans les bois, mais fans pouvoir les joindre & leur parler. Ils étaient tout-à-fait nuds.

A l'exception des chèvres fauvages, dont il eft fort difficile d'approcher, on ne trouva point d'autres animaux qu'un petit nombre de pintades. La terre eft fiftérile qu'elle ne produit aucun fruit; feulement on rencontre dans les vallées de petits bois de tamarins, & quelques arbustes de coton. M. de Gennes y découvrit auffi quelques plantes curieuses, telles que le tithymallus arborefcens ou l'efpurge à branche; l'abrotanum mas, d'une odeur & d'une verdure admirable; une fleur jaune dont la tige eft fans feuilles; le palma-crifthi, ou le ricinus americanus, que les Espagnols du Pérou appellent pillerilla, & dont ils prétendent que les feuilles appliquées fur le fein des nourrices, attirent le lait. Sa femence reffemble exactement au pepin de la pomme des Indes; on en fait de l'huile au Paraguay. M. de Gennes trouva auffi des pommes de coloquinte, & du limonium maritimum fort épais, du chiendent & de la lavande fans odeur. Il ajoute que près du roc, qui eft à l'entrée de la baie, om pêche quelquefois de l'ambre gris, & que les

Ifles du

Cap-Verd.

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Portugais en vendirent quelques pièces aux vaiffeaux Iles du de la flotte Française.

Cap-Verd.

S. Antoine.

L'Ile de Saint-Antoine ou San-Antonio, ne le cède guères pour la hauteur, à celle de SaintJago & n'a pas moins de terrein. L'eau fraîche eft abondante.

y

La multitude des ruiffeaux dont l'Ile eft arrofée, rend les vallées fi fertiles, que Saint< Antoine le difpute à toutes les autres Iles du Cap-Verd pour le maïs, les bananes, les plantains, les patattes, les courges, les melons d'eau & les melons mufqués, les oranges, les limons, les limes & les guaves. On y trouve auffi plus de vignes, & fi le vin n'eft pas le meilleur de ces Ifles, il n'y en a point où il foit en plus grande abundance ni à meilleur marché.

Il y croît beaucoup d'indigo. Les Marquis das Minhas y ont formé plufieurs grandes plantations, fous la conduite d'un Portugais, qui a trouvé de bonnes méthodes pour la féparation de la teinture. La plante, ou l'arbuste qui porte. l'indigo, croît avec affez de reflemblance au genêt, mais elle a moins de grandeur. Ses feuilles font petites, pâles, vertes, affez femblables à celles du bouis. On les cueille aux mois d'Oc-. tobre & de Novembre, pour les broyer en bouillie, dont on fait des tablettes & des boules pour la teinture,

Le Marquis das Minhas a formé auffi des plantations de coton, qu'on cultive avec foin, Iles du & des manufactures dont il fort de bonnes étoffes. Capveid. L'arbuste qui produit le coton, eft à-peu-près de la groffeur d'un rofier, mais s'étend beaucoup davantage. Ses feuilles font d'un verd d'herbe, & reffemble à l'épinard. La fleur eft d'un jaune pâle. Lorsqu'une tombe, il lui fuccède une ramée, où le coton eft renfermé dans trois cellules, & qui contient auffi la femence, qui eft noire & de forme ovale, de la groffeur à-peu-près de ces féves que les Français nomment haricots.

Les vallées de l'Ile Saint-Antoine font couvertes de bois. Entre plufieurs fortes d'arbres, on y trouve en abondance celui qui produit la gomme, nominée adragante ou sang de dragon.

Les ânes & les porcs y font, non-feulement en grand nombre, mais plus grands & plus forts que dans les autres Ifles du Cap Verd. Les vaches n'y font pas moins communes, & les montagnes font remplies de chèvres fauvages.

Sur une des montages de l'Ifle, on trouve une pierre tranfparente, que les Habitans appellent topaze; mais Froger, qui en parle, n'ose affurer que ce foit la véritable pierre de

ce nom.

L'Ifle de Saint-Antoine, à l'époque où écrivait Roberts, appartenait au Marquis das Minhas,

Ifles du

Cap-Verd.

qui envoyait tous les ans un vaiffeau aux Ifles du Cap-Verd, pour apporter en Portugal les revenus de fon domaine. Il jouiffait des principales richeffes de l'Isle; c'est-à-dire que les vaches, les chèvres fauvages, le fang de dragon, les pierres précieuses, le beurre d'or, & l'ambre gris étaient à lui fans partage. Il y a des peines rigoureuses pour ceux qui feraient convaincus d'avoir caché de l'ambre gris. Cependant Roberts obferve qu'avec un peu de connaiffance de la langue du pays, il n'eft pas difficile d'obtenir des Habitans, à fort bon marché, tout ce que l'Ile produit. On envoie tous les ans au Roi de Portugal, une certaine quantité de beurre d'or; mais l'Auteur ignore pour quel ufage.

On affure dans l'Ifle, qu'il s'y trouve une mine d'argent, mais que dans la crainte que le Roi ne s'en faififfe, les Marquis das Minhas different toujours à la faire ouvrir. On ajoute qu'un particulier, qui s'était retiré dans les mon-· tagnes pour y mener la vie hérémitique, en tira de l'or jufqu'à la charge d'un âne.

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Froger dit que les Portugais de Saint-Antoine, comme ceux des autres villes, font d'une couleur fombre & bafanée mais qu'ils ont le caractere fort doux & fort fociable. Roberts confirme cet éloge. Il nous apprend que leur Isle est une espèce de magafin d'efclaves. Dans le

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tems, dit-il, que les Portugais faisaient le com-
merce des efclaves pour l'Efpagne, le Marquis
das Minhas fit acheter
en Guinée une
cargaifon de Nègres, & les établit à fes
frais dans fon Ifle, où ils apprirent bientôt des
Nègres libres du pays, la maniere de former des
plantations, & de fournir à leur propre en-
tretien. Ces efclaves multiplierent fi vîte, que
fans compter ceux que le Marquis fit tranf-
porter en Portugal & au Bréfil, ils font les
quatre cinquiemes des Habitans, dont le nom-
bre total monte à deux mille cinq cens. Ils
ont non feulement leurs maifons & leurs
femmes, comme les Nègres libres, mais encore
des biens qu'ils cultivent pour eux-mêmes, avec
la dépendance naturelle du feigneur, fous l'auto-
rité d'un Inspecteur, qui eft ordinairement un
Portugais Européen, & qui porte le titre de
Capitaine More; ainfi, l'Ifle eft divifée en deux
fortes de Nègres, entre lefquels il s'éleve quel-
quefois des querelles, dont la fin est toujours
fanglante. Les Nègres libres font valoir leur
liberté. Les autres leur reprochent de n'être que
des fermiers, qui peuvent être déplacés au gré
du maître, & fixés même à l'esclavage, par la
néceffité, ou par la fouveraine volonté du Mar-
quis. Ces injures fe terminent ordinairement
par des coups, & les Nègres libres, qui font

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