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C'est un fait reconnu depuis longtemps que l'urine de l'homme et d'autres mammifères présente, si on la chauffe doucement en ajoutant un peu d'acide chlorhydrique, une coloration rouge, violette ou même bleue. Les nombreuses expériences des différents physiologistes ont démontré en partie la nature de cette substance colorante, qui devient libre par l'action de l'acide.

On ne peut douter que l'indicane, obtenu d'abord par Schunk1), comme produit de l'Isatis tinctoria et des plantes qui contiennent de l'indigo, ne se trouve dans le sang et dans l'urine à l'état normal. De plus, il est reconnu que l'indicane se dédouble, par l'action de ferments ou par l'ébullition aidée d'acides dilués, en indigo et en une matière sucrée: l'indiglucine. Cependant, par l'action prolongée de l'acide sulfurique dilué, cette substance donne, outre ces deux produits principaux, de la leucine, de l'acide formique, de l'acide carbonique et d'autres substances colorantes comme le brun d'indigo, le rouge d'indigo, l'indigofulvine, l'indigofuscine; matières colorantes sur la nature et la composition desquelles on n'est pas encore très-bien renseigné. La cause de la coloration violette ou bleue de l'acide, si l'on chauffe cette dernière avec l'acide chlorhydrique, peut donc être rapportée à l'indicane.

On a ainsi obtenu de l'urine normale de l'homme du bleu d'indigo parfaitement pur, que l'on a reconnu par les réactions caractéristiques, être parfaitement identique avec le bleu d'indigo qu'on retire du règne végétal. Dans certains cas pathologiques, la quantité en était plus considérable qu'à l'état normal.

La manière d'être du bleu d'indigo, vis-à-vis des agents oxydants, prouve

1) Kolbe, Organ. Chemie, III, vol. III, 164.

suffisamment qu'il appartient au groupe des substances aromatiques. Ainsi, si on le traite avec de l'acide nitrique, il donne de l'isatine, et, si l'action se prolonge, de l'acide nitrosalicilique, de l'aniline et de l'acide picrique.

Baeyer et C.-A. Knopp1), obtinrent par réduction de l'isatine deux substances: l'acide hydrindrinique (dioxindol), dont la constitution empirique est représentée par C, H, NO, et l'oxindol C, H, NO. Plus tard Baeyer découvrit l'indol, qu'on produit en faisant passer de l'oxindol sur de la poussière de zinc surchauffée.

La formule de l'indol est C, H, N. C'est un corps cristallisable, volatil, fondant à 52°, très-peu soluble dans l'eau froide et beaucoup plus dans l'eau chaude.

Par le refroidissement il cristallise en grosses tables incolores, tandis qu'une petite partie reste en suspension dans l'eau. Son odeur est tout à fait particulière et rappelle celle de la naphtilamine. C'est une faible base.

Les formules suivantes de Baeyer et Knopp donneront une idée des rapports qui existent entre l'indol et les substances provenant de l'indigo:

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D'un autre côté, d'après une notice du professeur Jaffé 2), des injections souscutanées d'indol pratiquées sur des animaux produisent une augmentation considérable de l'indicane contenu dans l'urine; et d'après les observations de Kühne3), l'indol appartient aux produits de la digestion pancréatique. Aussi Jaffé a proposé d'admettre comme source de l'indicane de l'urine, du moins en partie, l'indol provenant de la digestion pancréatique. La communication de Jaffé n'est accompagnée d'aucun document analytique et, comme pour savoir si décidément l'indicane de l'urine provient de l'indol de la digestion pancréatique une appréciation quantitative était désirable, j'ai entrepris et répété sur l'instigation de M. le professeur Nencki les expériences de Jaffé.

De plus, poussé par les rapports intimes qui existent entre le dioxindol, l'oxindol et l'indol, j'ai entrepris des expériences avec ces deux premiers corps. Les substances que j'ai employées étaient chimiquement pures. Elles furent préparées par M. le professeur Nencki, auquel je dois témoigner toute ma reconnaissance pour son bienveillant concours.

1) Annal. Chem. Pharm., vol. CXL, p. 1 (Liebig). *) Centralblatt f. med. Wissenschaft, 1872, p. 2. Virchow's Archiv, C. 139, p. 136.

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J'ai expérimenté d'abord sur le lapin, puis sur le chien et l'homme. ire Expérience. Je fais une injection sous-cutanée chez un lapin de 0.153 g d'indol dans 20 centimètres cubes d'eau à 30°. L'indol est en partie dissous et en partie suspendu en gouttelettes. L'injection eut lieu à 5 heures du soir, quatre heures après, j'obtins par cathétérisation 76 centimètres cubes d'une urine jaune påle jumenteuse et n'ayant pas du tout l'odeur de l'indol. Aucun effet toxique ne fut remarqué.

Traitée d'après le procédé de Jaffé1), c'est-à-dire en y ajoutant une quantité d'acide chlorhydrique égale à la sienne, et une goutte d'une solution saturée d'hypochlorite de chaux, l'urine présenta aussitôt une coloration bleue très-marquée. Une goutte de cette solution placée sous le microscope présentait de magnifiques cristaux d'indigo. Après cet essai toute l'urine du lapin fut traitée d'après la même méthode. Seize heures après l'injection par une simple pression sur la vessie, j'ai obtenu 50 centimètres cubes d'urine, ayant les mêmes propriétés que la précédente. Cependant quoiqu'on procédât tout à fait de la même manière, la coloration ne fut pas si intense. Après trente-six heures, la même réaction démontra qu'il n'y avait plus d'indicane. Les 76 centimètres cubes d'urine, obtenus 4 heures après l'injection et traités d'après la méthode de Jaffé, furent filtrés sur un filtre dont le poids fut pris, après qu'il eut été soigneusement lavé et séché à 110° C. Dans les 76 centimètres cubes d'urine, l'indigo trouvé fut de 0.0203 g, ce qui fait environ 0.039 %Les 50 autres centimètres cubes d'urine furent traités d'après la même méthode, et j'obtins 0.0162 g d'indigo, c'est-à-dire 0.0324 %. La somme de tout l'indigo sécrété après l'injection d'indol étant de 0.0455, cela donne un peu plus du tiers de l'indol injecté.

2e Expérience. J'injecte sous la peau d'un autre lapin 0.25 g d'oxindol dissous dans 20 centimètres cubes d'eau à 40°. On ne remarque pas d'effets toxiques. Quatre heures après l'injection, j'obtiens, au moyen de la pression sur l'abdomen, une urine jaune pâle sans odeur particulière. Traitée comme la précédente par le procédé de Jaffé, elle donne une coloration rouge bleuâtre très-marquée; il n'y a pas trace d'indigo.

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3e Expérience. Sous la peau d'un troisième lapin, j'injecte 0.513 g de dioxindol, dissous dans 20 centimètres cubes d'eau à la température du corps. L'urine, obtenue dans les 28 heures après l'injection et traitée par l'acide chlorhydrique et l'hypochlorite de chaux, présenta la même coloration rouge bleuâtre que l'urine du lapin, auquel on fit une injection d'oxindol.

Cette coloration rouge brunâtre de l'urine des animaux ayant pris du monoxindol et du dioxindol se présentait d'une manière beaucoup plus marquée dès que l'urine était chauffée avec addition d'acide chlorhydrique. Après un long repos, cette urine, toujours traitée par l'acide chlorhydrique, laissait déposer un précipité amorphe, mais en très-petite quantité.

Ces deux dernières expériences démontrent que les injections sous-cutanées de monoxindol et de dioxindol n'augmentent pas la quantité d'indicane dans l'urine;

1) Pflüger's Archiv für Physiologie, 1870, p. 448.

cependant la coloration rouge brunâtre de l'urine que l'on obtient à l'aide de l'acide chlorhydrique et de la chaleur m'engagea à faire des recherches plus complètes sur l'homme et le chien.

4e Expérience. - Je donne dans la nourriture d'un chien 1 g de dioxindol. Le chien dont je me suis servi se trouvait dans un équilibre parfait, c'est-à-dire que l'urine qu'il sécrétait chaque jour, correspondait à la quantité d'azote qu'il recevait dans le même temps dans sa nourriture. Toutes les 24 heures on lui donnait 250 g de viande et 250 centimètres cubes de lait.

L'urine du soir et du matin est recueillie. Traitée avec de l'acide chlorhydrique, elle présente une coloration rouge avec teinte brunâtre. Je la précipite par le plomb basique et je filtre sur l'aspirateur Bunsen. La liqueur qui a traversé le filtre est soumise à l'action de l'hydrogène sulfuré. Après que tout le plomb fut précipité, le liquide est filtré à chaud, puis condensé par une évaporation lente. Ensuite je traite le résidu par l'éther, qui prend aussitôt une belle coloration rougeâtre, mais nullement semblable à celle qui se produit, si l'on traite l'urine normale avec le même liquide. La solution éthérée est distillée et réduite au volume de 3 à 4 centimètres cubes; puis je l'abandonne dans une petite capsule sous un appareil dessiccateur.

Vingt-quatre heures après, il s'est déposé une matière brunâtre, amorphe, insoluble dans l'eau. La solution alcoolique, traitée par l'ammoniaque, donne une coloration rouge avec teinte violette, mais sans précipité. Au spectroscope et diluée à divers degrés, cette solution ne présente rien de particulier.

La partie non soluble dans l'éther est reprise et traitée par le plomb basique. Je filtre et soumets la liqueur à l'action de l'hydrogène sulfuré; puis je refiltre à chaud et condense par évaporation. Ce qui est resté sur le filtre est mis en suspension dans l'eau distillée, soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré, filtré à chaud et évaporé lentement.

Ces deux derniers résidus ne donnent que des résultats négatifs; je n'obtiens pas de matière colorante.

Le précipité qui est resté sur le filtre, lors de la première opération, est repris, mis en suspension dans de l'eau et soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré. Après que le plomb fut précipité, le liquide est filtré à chaud, puis condensé par une évaporation lente. Je traite le résidu par de l'éther et la solution éthérée est, de même que dans la première opération, soumise à la distillation. Réduite au volume. de 3 à 4 centimètres cubes, je l'abandonne sous un dessiccateur. Vingt-quatre heures après, il s'est déposé une matière brunâtre, que je reconnais être en tout semblable à celle obtenue dans la première opération.

Cette expérience démontre que le dioxindol, pris avec les aliments donne lieu à la présence de matières colorantes dans l'urine, matières qui sont en partie précipitables par le plomb basique. Elles sont insolubles dans l'eau, solubles dans l'alcool et l'éther. La quantité que j'en ai obtenue fut si minime, qu'il me fut impossible de les déterminer mieux que je ne l'aie fait.

5e Expérience. — Injection hypodermatique de 1 g de dioxindol chez un lapin. L'urine traitée par l'acide chlorhydrique devient rouge brunâtre. Je la condense par évaporation lente et je la traite immédiatement avec de l'éther.

La partie solide de l'éther est distillée et réduite au volume de 2 à 3 centimètres cubes. Sa coloration est alors d'un beau rouge foncé. En ajoutant de l'eau, il se précipite aussitôt une résine. La partie non soluble est évaporée, après que j'y eus ajouté quelques gouttes d'acide chlorhydrique. Réduite au volume de 5 centimètres cubes, elle laisse déposer une matière amorphe; je laisse refroidir et reposer. Au microscope, cette matière est amorphe et présente une coloration brunâtre. Elle est soluble dans l'alcool, et sa solution est d'un rouge brun.

6e Expérience. - Je donne au mème chien 1 g de monoxindol. L'urine traitée par l'acide chlorhydrique donne une coloration rouge brunâtre. Je la condense par une évaporation lente. Concentrée et traitée de nouveau par l'acide chlorhydrique, elle présente la même coloration, mais plus intense. Il se dépose à sa surface des cristaux d'urée; j'arrête la concentration et laisse refroidir. Je redissous dans de l'eau, et après avoir ajouté quelques grammes d'acide chlorhydrique, je chauffe et laisse refroidir à nouveau. Peu à peu il se dépose une matière d'un brun grisâtre. Je filtre. La substance qui est restée sur le filtre est en tout semblable à celle qu'a présentée l'urine du chien ayant pris du dioxindol.

7o

7e Expérience. Je prends 2 g de dioxindol en deux doses, et je recueille mon urine des 24 heures. Traitée par l'acide chlorhydrique, elle présente cette même coloration rouge qu'a donnée, traitée par le même acide, l'urine du chien ayant pris du dioxindol.

Je la précipite par le plomb basique et je filtre. Le liquide qui a traversé le filtre est soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré. Tout le plomb étant précipité, je filtre à chaud et je condense par évaporation lente. Dès que le liquide fut réduit à environ 80 g, il se fit un dépôt de cristaux, que je reconnus pour être du chlorure de sodium. Je filtre et je mélange la liqueur avec de l'alcool. Il se dépose aussitôt un précipité brunâtre formé par des sels inorganiques. Je filtre à nouveau, et la liqueur obtenue est d'une belle couleur rouge brunâtre. Je la condense par évaporation. Réduite à environ 30 g et après y avoir ajouté quelques gouttes d'acide, je la mélange avec de l'éther; puis je distille la solution éthérée jusqu'à sa réduction au volume de 3 à 4 centimètres cubes, que je laisse ensuite reposer dans une petite capsule. Celle-ci présente, environ 36 heures après, en très-minime quantité, un résidu brunâtre, amorphe, insoluble dans l'eau. Sa solution alcoolique est rouge brunâtre; si l'on y ajoute quelques gouttes d'ammoniaque, elle devient plus claire, mais ne présente pas cette belle coloration que donne le dioxindol.

La partie non soluble dans l'éther est reprise et traitée successivement par le plomb basique et l'hydrogène sulfuré. Après filtration, la liqueur est condensée par évaporation. Elle ne donne pas de résultats; elle contient bien de longues aiguilles, mais ce sont des cristaux de chlorure de plomb.

Le précipité qui est resté sur le filtre lors de la première opération, est mis en suspension dans de l'eau, puis soumis à l'action de l'hydrogène sulfuré. Tout le plomb étant précipité, je filtre le liquide à chaud et le condense par évaporation. Réduit à environ 15 centimètres cubes, le liquide, d'un rouge brun très-foncé, est traité par de l'éther et la solution éthérée soumise à la distillation jusqu'à réduction au volume de 4 à 5 centimètres cubes; puis je laisse reposer dans une capsule.

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