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COMÉDI E..

Et caresse affectée, et fade raillerie;

Vous mord en vous flattant, talent de pruderie:
Ma tendresse pour vous, m'a-t-elle dit là-haut,
Fait que je ne veux pas vous marier sitôt,
C'est-à-dire, donner au neveu qui me presse,
Du bien pour satisfaire une folle tendresse.
Moi! me rendre complice en vous autorisant.
Et cent discours pareils d'un ton demi-plaisant.
Faites, faites plutôt contre le mariage,

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Comme nous un Dédit qui vous maintienne sage.
Pour vous faire imiter notre force d'esprit,
Nos refus vous tiendront du moins lieu de Dédit.
VALER E.

Voilà ses sots discours, toujours même rubrique.
Mais rien de si borné que son esprit gotique.
Sans monde, sans bon sens, ne hantant que sa sœur,
Moins dure qu'elle, mais plus folle par malheur.
ISABELLE.

Je suis contre Araminte un peu moins indignée.
Même dans des momens j'ai cru l'avoir gagnée,
Mais son esprit sujet aux révolutions,

Sagite en même temps de plusieurs passions.
Dans sa vivacité brouillonne et turbulente,
Voici ce que m'a dit à peu près cette Tante.
J'extravague par fois, mais j'ai des sentimens :
J'aimerois l'amour, mais, j'abhorre les amans.
Abhorrez-les aussi, je le veux, je l'ordonne.
Sans cesse je promets, mais jamais je ne donne.
Je hais bien mon neveu, mais je vous aime tant...
De ses galimatias je conclurois pourtant

Qu'elle feroit pour vous plus que sa sœur aînée.
Mon pere vient.

VALER E.

Je vais savoir ma destinée.

ISABELLE.

Je tremble. Ah je levois accablé dè chagrin:

VALER E.

Son abord me saisit, mon malheur est certain.

VALER E.

Oui, depuis peu je vois que toutes deux s'évitent,
Se disent quelques mots en passant, et se quittent.
Pour moi, quand je leur parle, elles tournent le dos,
Leur dureté pour moi paroit à tout propos.

ISABELLE.

Leur dureté pour vous les condamne. Ah! Valere,
Elles poussent trop loin leur mauvais caractere,
Ne vous pas aimer.

VALERE.

Moi, j'espérois que par vous Mes deux Tantes feroient quelque chose pour nous, Et que vous ayant vue, adorable Isabelle,

Elles s'attendriroient.

ISABELLE..

Leur barbarie est telle,

Qu'elles parlent de vous avec aversion.

VALER E.

Vous voir, n'approuver pas ma tendre passion,
Ah! quels travers d'esprits!

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Leur mauvais cœur me fait trembler, j'en désespere.

VALERE

Votre père pourtant va les presser, aussi
Nous esperons encore, il va nous joindre ici.

ISABELLE.

Oui, donnons-nous au moins ce moment d'espérence, Mais je suis indignée encore quand je pense

A leurs derniers discours.

VALER E.

Sur elles vous comptiez.

Car elles vous ont fait hier cent amitiés.

ISABELLE.

C'est par-là que je vois qu'elles m'ont méprisée.
Car c'est en m'embrassant qu'elles m'ont refusée.
La prude méprisante avec ses airs hautains
Prend un ton doucereux, et mêle à ses dédains

COMÉDI E..

Et caresse affectée, et fade raillerie;

Vous mord en vous flattant, talent de pruderie:
Ma tendresse pour vous, m'a-t-elle dit là-haut,
Fait que je ne veux pas vous marier sitôt,
C'est-à-dire, donner au neveu qui me presse,
Du bien pour satisfaire une folle tendresse.
Moi! me rendre complice en vous autorisant.
Et cent discours pareils d'un ton demi-plaisant.
Faites, faites plutôt contre le mariage,

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Comme nous un Dédit qui vous maintienne sage.
Pour vous faire imiter notre force d'esprit,
Nos refus vous tiendront du moins lieu de Dédit.
VALER E.

Voilà ses sots discours, toujours même rubrique.
Mais rien de si borné que son esprit gotique.
Sans monde, sans bon sens, ne hantant que sa sœur,
Moins dure qu'elle, mais plus folle par malheur.
.IS A BELLE.

Je suis contre Araminte un peu moins indignée.
Même dans des momens j'ai cru l'avoir gagnée,
Mais son esprit sujet aux révolutions,

Sagite en même temps de plusieurs passions.
Dans sa vivacité brouillonne et turbulente,
Voici ce que m'a dit à peu près cette Tante.
J'extravague par fois, mais j'ai des sentimens :
J'aimerois l'amour, mais, j'abhorre les amans.
Abhorrez-les aussi, je le veux, je l'ordonne.
Sans cesse je promets, mais jamais je ne donne.
Je hais bien mon neveu, mais je vous aime tant...
De ses galimatias je conclurois pourtant
Qu'elle feroit pour vous plus que sa sœur aînée.
Mon pere vient.

VALER E.

Je vais savoir ma destinée. ISABELLE.

Je tremble. Ah je levois accablé de chagrin:

VALER E.

Son abord me saisit, mon malheur est certain.

SCÈNE II.

GÉRONTE, ISABELLE, VALERE,

GERONT I.

Vous devinez assez en voyant ma

tristesse,

Que je n'ai qu'un refus: ma bonté, ma tendresse
En cette occasion m'ont trop parlé pour vous,
Prenez votre parti, ma fille.

ISABELLE.

Partons-nous?

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ISABEL E.

Qu'entends-je !

Ah! quel coup pour Valere! GERONTE.

Vos Tantes ont rendu ce départ nécessaire.

VALERE.

Quoi! charmante Isabelle, il ne faut plus vous voir? Quoi! Monsieur, vous voulez me mettre au désespoir ? Vous allez m'arracher Isabelle ?

GÉRONTE.

Oui, Valere.

VALERE,

Ah! vous allez du moins conjurer votre pere
De rester à Paris encore quelques jours.

ISABEL LE,

Non, Valere.

VALER E.

Eh! Monsieur...

GERONT E.

Inutiles discours,

VALER E.

Ah! si vous le vouliez, adorable Isabelle...

Je ne le voudrois

GERONT E.

mais par pas; par bonheur pour Elle veut là-dessus ce qu'elle doit vouloir,

elle,

COMÉDI E.

Retourner en province, enfin de ne plus vous voir.

VALER E.

Eh! vous y consentez?

ISABELLE.

Il le faut bien, Valere.

Je vous donnois mon coeur par l'ordre de mon pere,
J'obéissois alors: il veut présentement

Que je vous l'ôte, il faut l'avouer franchement,
Je n'ai pas sur ce point pareille obéissance ;

Mais je pars.

VALER I.

Quoi ! Monsieur, m'ôter toute espérance?
GÉRONT E.

Il faut bien vous l'ôter, puisque je n'en ai plus.
Vous espériez tirer quarante mille écus
Des restitutions que vous feroient vos Tantes.
Je vous le dis encor, ces deux extravagantes
S'en tiennent au Dédit qu'elles ont fait pour vous,
Disant, vous ne pouvez rien exiger de nous,
Qu'en cas que de nous deux quelqu'une se marie.
Elles ont cinquante ans. C'est une raillerie
De croire rien tirer d'un semblable Dédit.
Il me faut de l'argent, à moi, mon bien périt,
On me ruine; enfin je dois en homme sage
Faire dans ma province un autre mariage
Qui me tire d'affaire.

VALER E.

Il est vrai. Mais enfin..

GERONTE.

Brisons là-dessus. C'est avec bien du chagrin :

Mais nous partons demain, il le faut.

Si je suis par

ISABELLE.

Ah! Valere,

raison les ordres de mon pere,

Soyez sûr qu'en partant...

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GERONTE, prend Isabelle par le bras.

Abrégeons les adieux:

Quand il faut se quitter, le plutôt, c'est le mieux.

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