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Figure 12. qu'on lui ait à la fin rendu juftice: car il paroît qu'on négligeoit fa découverte, comme s'il ne l'eût pas affez bien expliquée, ou qu'on n'en eût pas fenti toute la valeur; & elle feroit reftée vraisemblablement enfevelie dans le plus profond oubli, si la proposition de mon Héliometre ne l'en eût fait tirer. Il eft arrivé à peu-près la même chose dans cette rencontre, que dans l'autre fiecle à l'égard du Micrometre. On y avoit pensé en Angleterre; mais tout ce qu'on y avoit fait ayant été parfaitement ignoré du Public, lorfqu'il en étoit encore temps, dût être regardé comme abfolument inutile ou comme non-avenu. Ainfi on se trouva réellement redevable de cette invention à MM. Auzout & Picard & uniquement à eux feuls; de même que je crois qu'on m'aura l'obligation de l'Héliometre, puifque je n'ai rien emprunté sur cela de nos favans voisins, & qu'ils avoient eux-mêmes perdu entiérement de vue, ou même méprisé l'idée prefque femblable qu'on leur en avoit communiquée. Je n'avois imaginé ce fecond inftrument, que pour mefurer avec précision les intervalles celeftes, qui font un peu plus grands que ceux qu'on mefure avec le premier; mais on voit que je lui donne encore un autre usage qui peut devenir très-considérable. On peut ne laiffer à l'Héliometre que fes feuls objectifs; on verra plus aifément enfuite les deux images du même coup d'œil, & on s'épargnera toutes les difficultés qu'on trouveroit à obferver ces images, par des endroits également épais de l'oculaire.

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Qu'en fe fervant des Inftruments repréfentés dans les figures 10 & 11, on mesure immédiatement l'intensité de la lumiere, & non pas fa

quantité totale.

AU SURPLUS, il eft facile de remarquer que nous Figure 12 ne mefurons pas par cet inftrument, les quantités abfolues de la lumiere, mais fes feules intenfités, ou la multitude des rayons relativement à la furface du corps lumineux, de même que lorfque nous nous fervions de l'inftrument de la figure 10. Il faut toujours bien diftinguer, entre ces deux chofes, la quantité abfolue & l'intensité de la lumiere. La quantité abfolue dépend autant de la maniere dont les rayons font voifins les uns des autres, ou font denfes ou preffés, que de la grandeur de la furface du corps lumineux qui nous éclaire; au lieu que l'intensité n'exprime que la feule maniere dont les rayons font plus ou moins preffés, fans égard à leur quantité totale.

SI EN REGARDANT un corps lumineux, il paroît très-éclatant, l'intensité de fa lumiere fera très-grande, & cependant il pourroit arriver, que tout considéré, ce corps lumineux éclairât très-peu, parce qu'il auroit peu

Figure 12. de furface. Le contraire eft également poffible: il fe peut que l'intensité de la lumiere se trouve très-petite, & que néanmoins le corps lumineux répande beaucoup de lumiere, fur-tout, s'il a une très-grande furface. Ceci a rapport à ce que nous disions d'une muraille éclairée par le foleil: on s'en éloigne, & fa couleur paroît également forte, ou, pour nous exprimer autrement, l'intenfité de fa lumiere eft toujours la même, quoique cette muraille puiffe réfléchir plus ou moins de lumiere totale. Sa blancheur conserve exactement le même degré, parce que le nombre des rayons qui entrent dans l'œil, eft continuellement proportionnel à la grandeur de l'image tracée fur la rétine,

QU'IL NOUS foit permis d'ajouter, pour un plus grand éclairciffement, que dans l'obfervation représentée par la figure 2, nous comparions les forces absolues des lumieres & non pas leurs intensités. Car nous recevions à la fois des rayons de toutes les parties de la furface des corps lumineux; nous n'examinions pas fi la furface de la flamme paroiffoit plus ou moins vive; nous obfervions en maffe toute la lumiere que nous en recevions. Nous nous plaçons à préfent dans un autre point de vue nous ne confidérons qu'une partie déterminée de la furface du corps lumineux, & l'ex-. preffion que nous trouvons par la force de fa lumiere, eft relative à l'étendue apparente de cette partie. Au lieu dong

donc de prononcer actuellement fur la quantité totale de la lumiere, nous cherchons immédiatement fon intenfité; nous examinons fi des parties d'une égale étendue apparente dans les deux corps lumineux, ou dans les deux objets, répandent plus ou moins de lumiere l'une que l'autre. Il est évident que les résultats doivent être différents, felon les deux divers fens dans lefquels on réfoud le problême; mais outre que ces deux folutions ont chacune leur utilité, il est toujours facile de paffer de l'une à l'autre. Lorsqu'on connoît l'intenfité de la lumiere, il n'y a qu'à la multiplier par la furface du corps lumineux, fi on en eft toujours à la même distance, & on aura la quantité abfolue de la lumiere. Si au contraire on a cette derniere quantité, il n'y a qu'à la diviser par la grandeur de la furface du corps lumineux, & on aura l'intensité, ou le degré de force avec lequel chaque partie de notre rétine eft affectée.

ENFIN fi les deux objets, ou corps lumineux font à des éloignements très-différents, il faudra changer un peu la longueur des lunettes, pour que les deux images se tracent avec une égale distinction dans le fond des deux tuyaux, & alors les forces ou intenfités de la lumiere ne feront les oupas exprimées exactement par vertures des objectifs. La diftance de l'objet à l'objectif ne fait rien à la force de la lumiere, pourvu qu'on n'ait rien à craindre du défaut de transparence de l'air. Si

F

l'objet eft beaucoup plus loin, il offre une partie beaucoup plus grande qui éclaire le fond de la lunette fous le même angle, & il fe fait une compenfation exacte entre la grandeur réelle de cette partie, & le moindre nombre de rayons que chacun de fes points jette vers l'objectif. Le nombre des rayons admis dans la lunette, qui nous viennent de parties égales en apparence de l'objet, fera donc toujours le même, malgré l'éloignement plus ou moins grand de l'objet. Mais cette même quantité de lumière qui traverse l'objectif, & qui eft proportionnelle à la grandeur de fon ouverture, doit perdre enfuite plus ou moins de fon intensité, felon qu'elle va fe répandre plus ou moins loin, & qu'elle s'étend fur une plus grande ou moindre furface au foyer. Plus la lumiere eft affoiblie par cette feconde cause, moins on eft obligé d'avoir recours à l'autre, ou de diminuer l'ouverture de l'objectif, pour rendre les deux images également vives. Ainfi, tout confidéré, les intensités de la lumiere que nous obfervons, font en raifon compofée de l'inverse des ouvertures des objectifs, & de la directe des quarrés des longueurs des lunettes.

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