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dans différents pays, & les mesures ne donnoient jamais rapports exacts.

de

LE MOYEN PROPOSÉ en 1735, par M. Celsius, fameux Aftronome Suédois, dans l'Hiftoire de l'Académie Royale des Sciences, n'étoit pas meilleur, & valoit, à ce qu'il paroît, encore moins *. Ille faifoit dépendre de la diftinction avec laquelle nous découvrons les plus petits objets à différentes distances, felon qu'ils font plus ou moins éclairés, & il ne faifoit pas attention, qu'il étoit encore plus difficile de foumettre cette distinction à une loi certaine, que de mefurer la force même de la lumiere. Il prétendoit que, pour voir d'une maniere également diftincte quelque petit objet deux fois plus éloigné, il falloit qu'il fût éclairé 256 fois davantage, conformément à la huitieme puiffance des distances mais il eft certain, que fi quelqu'un qui a la vue très-courte, lit avec facilité de petits caracteres à 4 ou 5 pouces de distance dans un lieu obfcur, il n'y a pas de lumiere au monde qui les lui puiffe faire découvrir à 14 ou 15 pouces, à moins que fes yeux ne foient d'une conformation très-particuliere. Notre vue 'diftincte a réellement des limites très-étroites. Nous voyons affez bien tous les objets qui font renfermés dans une certaine étendue; mais fi on les porte plus loin de nous, ou si on les rapproche considérablement, la plus * Voyez la page 5 & fuiv.

grande

grande ou moindre lumiere ne fuffit pas enfuite pour nous en faire appercevoir les moindres parties; parce que le défaut de diftinction ne vient pas alors du moindre nombre de rayons, mais de leur direction particuliere, qui eft cause qu'ils ne fe réunissent pas assez exactement sur la rétine. La proportion indiquée par M. Celfius, ne pouvoit donc s'accorder avec l'expérience, que par le plus extrême hazard. Si elle étoit bonne pour cet Aftronome, elle ne pouvoit pas l'être pour les Obfervateurs, dont les yeux étoient conformés autrement que les fiens. Elle devoit de plus fe trouver en défaut, même pour lui, toutes les fois que les distances étoient confidérablement plus petites, ou plus grandes que les premieres dont il s'étoit fervi, pour former sa prétendue regle.

NOUS N'AVONS rien à craindre de femblable dans les méthodes dont nous faifons ufage; comme nous ne confidérons que la maffe de la lumiere ou que fon éclat, il n'importe que l'Observateur ait la vue longue ou courte, bonne ou mauvaise. Si les rayons fe croifent avant que d'être parvenus fur la rétine, ou s'ils fe réuniffent au-delà, ils n'en agissent pas moins fur le fond de l'œil, il n'y a rien de perdu, & l'effet total eft toujours le même quant à la force de l'impreffion. Nous ne voyons aucun autre obstacle à l'application de nos regles, fi ce n'est lorfque les lumieres qu'on veut comparer, font de dif

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férentes couleurs. Le problême eft alors fufceptible de diverfes folutions, de même qu'il l'eft de divers fens. On pourroit demander combien une des lumieres eft plus propre à communiquer de la chaleur, & il faudroit alors avoir recours à des expériences toutes différentes de celles dont il s'agit dans ce Traité. S'il eft question au contraire de la diftinction avec laquelle les lumieres de différentes couleurs nous font voir les objets, on peut avoir recours à nos méthodes, & il fuffira d'être attentif de rendre les diftances de l'œil aux objets exa&tement les mêmes, afin de ne pas tomber dans le même inconvénient que M. Celsius. La comparaison de deux lumieres de différentes couleurs, de la maniere dont nous la prescrivons, eft principalement embarraffante dans le cas où il faudroit la faire avec plus de foin; c'eft-à-dire, lorfque les deux forces approchent beaucoup d'être égales. Mais il y a un point où une des deux lumieres paroît certainement plus forte que l'autre, & un autre point où cette lumiere paroît plus foible. Il n'y a donc qu'à prendre le milieu entre ces deux termes. Au refte, les regles que nous propofons font extrêmement fimples, & ne font fondées que fur des principes très-connus, malgré toutes les précautions qui en rendent l'application un peu plus difficile. Nous n'en employerons cependant pas d'autres, pour parvenir à des connoiffances très-curieufes, & pour trouver différentes chofes qu'on avoit tenté inutilement de découvrir, ou qu'on ne s'étoit pas encore avifé de chercher.

SECONDE

SECTION.

APPLICATIONS des moyens précédents de mefurer la Lumiere, à la folution de plufieurs Problêmes d'Optique.

ARTICLE I.

Obfervations faites, pour déterminer quelle force il faut qu'ait une lumiere, pour qu'elle en faffe difparoitre une autre plus foible.

NOUS

OUS METTRONS à la tête de toutes nos obfervations, celles qui nous ont appris la force que doit avoir une lumiere, pour rendre abfolument infenfible par fa présence, l'effet d'une autre lumiere beaucoup plus foible. Tous nos organes les plus délicats comme les plus groffiers, font fujets à des limitations à peu-près femblables. De même qu'un grand bruit nous empêche d'en entendre un autre plus foible, nous ne voyons pas, en présence d'une forte lumiere, une autre dont l'intensité eft beaucoup moindre, fi les deux frappent notre rétine dans le même endroit.

AYANT MIS une bougie à un pied de diftance d'une furface très-blanche, j'ai placé à côté de la

bougie une regle d'une certaine largeur, & j'ai ensuite éloigné plus ou moins une autre bougie de même groffeur que la premiere, jufqu'à ce que je ceffaffe de diftinguer l'ombre de la regle que donnoit la feconde bougie. L'ombre étoit très-sensible, lorfque je n'ai porté cette derniere bougie qu'à 4 ou 5 pieds de la furface. Tout l'efpace que cette ombre occupoit, étoit cependant éclairé par la premiere; mais à côté de cet espace, la lumiere étoit augmentée d'une feizieme ou vingt-cinquieme partie par les rayons de l'autre bougie, & cette augmentation étoit très-fenfible. Elle l'étoit encore un peu, lorfque je portai la feconde bougie à 6 ou 7 pieds; & enfin elle disparut, ou pour m'expliquer autrement, toute la furface me parut d'une blancheur abfolument uniforme, lorfque je mis cette même bougie à environ 8 pieds de distance. Ainfi la diftinction, entre les deux lumieres, n'a ceffé d'être visible, que lorfque la petite partie ajoutée a été environ 64 fois plus foible que la premiere. J'aurois pu tirer affez aifément du même corps lumineux les deux lumieres que je comparois; mais j'ai répété l'expérience plufieurs fois, & j'ai eu soin de fubftituer une bougie à la place de l'autre, pour voir, fi elles éclairoient également.

LES OBSERVATEURS qui feront cette expérience, pourront aisément la varier en un grand nombre de diverfes manieres, parfaitement équivalentes; mais ils

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