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AVERTISSEMENT

DE

L'ÉDITEU R.

L'ESSAI de cet Ouvrage parut, en 1729, en un volume in-12. Il fut accueilli par les Géometres & par les Phyficiens, avec un applaudiffement général. Il assura à son Auteur une réputation qu'il avoit déja méritée par quelques excellentes Pieces détachées, & qu'il fut fi bien foutenir dans la fuite.

M. BOUGUER avoit fait fentir combien il étoit important de pouffer plus loin fes recherches fur la Lumiere. Mais obligé par état de réfider dans une petite ville de Bretagne, il ne pouvoit fe procurer prefque aucune des commodités néceffaires pour réuffir dans des expériences délicates. On fait combien celles qu'on se propose de faire fur ce fujet, exigent, entre autres chofes, d'appareil & d'exactitude dans les inftruments qu'on y employe. Il lui étoit donc comme impoffible de perfectionner la partie Phyfique de fon Effai; objet cependant qu'il avoit extrêmement à cœur, parce qu'il fe l'étoit approprié en quelque forte.

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L'ACADÉMIE Royale des Sciences s'étoit hâtée d'acquérir un Sujet fi capable de lui faire honneur; & M. Bouguer avoit paffé du Croisic au Havre-de-Grace; mais quoique rapproché de la Capitale, il n'en étoit gueres plus à portée de retoucher fon Ouvrage favori. Enfuite le long & pénible voyage du Pérou qu'on lui fit entreprendre; la commiffion que l'Académie lui donna à son retour, d'en rendre compte au Public; celle dont le Ministre le chargea de travailler inceffamment fur le détail de toutes les parties de la Marine, tout cela l'occupa pendant plus de vingt ans. Enfin, quitte des engagements qui l'obligeoient d'employer fi utilement un temps dont il croyoit ne pouvoir difpofer, & rendu, pour ainsi dire, à lui-même, il s'empreffa de reprendre le fil de fes anciennes idées sur la gradation de la Lumiere; & il passa les deux dernieres années de fa vie à fe mettre en état de faire un nouvel Ouvrage fur la même matiere, mais qui n'auroit plus besoin du titre d'Essai.

APRÉS avoir fait toutes les expériences & tous les calculs dont il avoit befoin, M. Bouguer s'occupoit à les rédiger, lorfqu'il fut attaqué d'une maladie qui le fit languir plusieurs mois : elle ne put l'obliger à interrompre fon travail; forcé

même par une hydropifie déclarée, de garder le lit, il ne fut pas poffible de l'empêcher de s'occuper de fon Livre pendant plusieurs heures du jour il eut enfin la fatisfaction d'en voir les dernieres pages mifes au net, quelques jours avant que de mourir (*).

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L'ACADÉMIE Royale des Sciences regrettant la perte prématurée d'un si digne Membre adopta fon Ouvrage. Il en avoit en effet lu plufieurs morceaux dans les affemblées de cette Compagnie : il m'avoit fait l'honneur de me léguer le foin de l'édition; la mort ne lui a pas laiffé le temps d'y mettre une Préface qu'il étoit feul en état de bien faire. Ne pouvant y fuppléer, comme je le defirerois, je me contenterai de rendre ici un compte abrégé de ce qu'il importe au Lecteur de favoir.

DANS la Préface de fon Effai, M. Bouguer faifoit voir, que parmi les différentes parties de l'Optique, il y en avoit une toute entiere qui n'avoit été qu'à peine effleurée dans le temps qu'il écrivoit. C'est celle qui a pour objet la force ou la vivacité de la lumiere. On en avoit fenti & remarqué la néceffité en plufieurs occafions.

(*) M. Bouguer eft mort le 15 Août 1758.

M. Bouguer fut porté à travailler fur ce fujet, par la lecture d'un Mémoire de M. de Mairan, qui parut dans le volume de l'Académie pour l'année 1721, où l'on fuppofoit connu le rapport des deux lumieres du foleil dans chaque folftice. M. Bouguer ayant tâché de déterminer ce rapport par expérience, fes réfléxions le conduifirent à une théorie affez complette de cette partie de l'Optique. Elles lui fuggererent des moyens nouveaux pour faire un grand nombre d'autres recherches relatives à cet objet; elles lui fournirent enfin la matiere de fon Effai d'Optique. M. Bouguer ne diffimula pas qu'il n'y eût lieu de craindre que ses déterminations ne fuffent pas affez exactes, quelques foins & quelques témoins qu'il y eût employés. C'est donc pour fe délivrer de ce fcrupule, que M. Bouguer a fait depuis toutes les nouvelles expériences qu'on trouvera dans le Livre qu'on publie aujourd'hui. Mais une femblable crainte, de n'avoir pas encore pu procurer à tous ses résultats la précision dont ils sont susceptibles, a été cause qu'il n'a pas pris de parti fur quelques-uns. On pourra remarquer dans la feconde Section du premier Livre, de petites lacunes que je n'ai pu remplir. Je fais de M. Bouguer même, qu'il les avoit laiffées dans la copie de fon Ouvrage, parce qu'il n'étoit pas entiérement

fatisfait de quelques nombres qu'il avoit trouvés dans fes nouvelles expériences. Il fe flattoit de les pouvoir recommencer dans la belle faifon de l'année 1759. J'aurois cependant voulu pouvoir donner ici ces nombres quoique un peu incertains; mais je n'ai eu entre les mains que la copie dont je viens de parler. J'ai fait mon poffible pour ramaffer les morceaux originaux fur lesquels elle a été faite, espérant y trouver ces nombres. Je n'ai pu parvenir qu'à recouvrer quelques lambeaux où il n'en étoit pas question: les Papiers & les Instruments de M. Bouguer avoient été vendus ou diffipés pendant les vacances de l'Académie; temps auquel j'étois abfent. Je n'ai pas cru devoir pour cette raison supprimer les articles où font ces lacunes, parce que les procédés des expériences y font décrits, & qu'ainsi les Phyficiens pourront les fuivre, & remplir ces vuides. Le Lecteur les excufera dans un Ouvrage pofthume, dans lequel je ne me fuis permis aucune efpece de changement.

QUOIQUE le Manufcrit dont je me fuis fervi, ne fût gueres correct dans les expreffions algébriques, n'étant pas de la main de M. Bouguer, j'efpere qu'on aura lieu d'être content de l'exactitude de cette édition. J'ai tout revu avec atten

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