OBSERVATIONS SUR LA CULTURE DES ARBRES A HAUTE TIGE, O U VRAGE DANS LEQUEL ON TROUVERA Chez A NO YON, P. ROCHER, Imprimeur, & M. DC C. LIII. AVEC PERMISSION. 3 PREFACE CONTENANT LE PLAN DE l'Ouvrage, & les motifs qui ont determiné l'Auteur à le donner au Public. CE n'eft point la vanité d'écrire qui me porte à faire part au Public des lumieres qu'une expérience de trente années m'a procuré fur lesplantations.Cette matiere a été fort bien traitée par différens Auteurs; mais comme ceux qui méritent le plus l'eftime & la confiance du Public, ne fe font pas bornés dans leurs Ouvrages à ce feul objet, qu'ils embraffent généralement tout ce qui a raport à l'Agriculture, leurs Livres forment des Volumes confidérables, qui font par leur prix inutiles à la plupart des habitans de la campagne, que j'ai particuliérement en vûë. Je fuis d'un Païs fort ingrat. Une terre froide & argilleufe fouvent fubmergée pendant l'hiver, toujours l'Eté dévorée par la féchereffe, fe refusoit à tout. Le Pommier feul triompha de fa mauvaife qualité. Le Seigneur du Lieu donna anciennement l'exemple. Homme d'une grande naiffance, fes emplois militaires l'obligeant de parcourir différentes Provinces, il concilioit tour à tour ce qui appartient à l'homme de Guerre & à l'homme de Lettres. Il étudioit les propriétés de chaque Pais. Il remarqua qu'en Normandie, dans des Terreins à peu près femblables à celui de fes Domaines, les Pommiers réüffiffoient au mieux. Il en fit planter qui profiterent au-delà de fes efpérances. Il eut bien-tôt des imitateurs. De-là l'origine d'une industrie, qui non-feulement donne aux yeux le riant fpectacle de vaftes campagnes agréablement plantées, mais encore qui produit l'abondance dans des Terres dont on ne tiroit prefque rien. C'eft pour encourager cette induftrie, |