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ROUSSEAU, Jean Jacques:

Collection complette des
ceurres. Tom. 17.18.

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LA

A Mufique eft de tous les beaux Arts celui dont le Vocabulaire eft le plus étendu, & pour lequel un Dictionnaire eft par conféquent le plus utile. Ainsi l'on ne doit pas mettre celui-ci au nombre de ces compilations ridicules, que la mode ou plutôt la manie des Dictionnaires multiplie de jour en jour. Si ce livre eft bien fait, il eft utile aux Artistes. S'il eft mauvais, ce n'est ni par le choix du fujet, ni par la forme de l'ouvrage. Ainfi l'on auroit tort de le rebuter fur fon titre. Il faut le lire pour en juger.

L'utilité du fujet n'établit pas, j'en conviens, celle du livre; elle me juftifie feulement de l'avoir entrepris: & c'est aussi tout ce que puis prétendre; car d'ailleurs je fens bien ce qui manque à l'exécution. C'eft ici moins un Dictionnaire en forme, qu'un recueil de matériaux pour un Dictionnaire, qui n'attendent qu'une meilleure main pour être employés. Les fondemens de cet Ouvrage furent jetés fi à la hâte, il y a quinze ans, dans l'Encyclopédie, que, quand j'ai voulu le reprendre fous œuvre, je n'ai pu lui donner la folidité qu'il auroit eue, fi j'avois eu plus de temps pour en digérer le plan & pour l'exécuter.

Je ne formai pas de moi-même cette entreprise, elle me fut propofée; on ajouta que le manufcrit entier de l'Encyclopédie devoit être complet avant qu'il en fût imprimé une feule ligne; on ne me T. 17. Dictionnaire de Mufique. Tom. I.

A

donna que trois mois pour remplir ma tâche; & trois ans pouvoient me fuffire à peine pour lire, extraire, comparer & compiler les Auteurs dont j'avois befoin: mais le zèle de l'amitié m'aveugla fur l'impoffibilité du fuccès. Fidèle à ma parole, aux dépens de ma réputation, je fis vîte & mal, ne pouvant bien faire en fi peu de temps; au bout de trois mois mon manuscrit entier fut écrit, mis au net & livré; je ne l'ai pas revu depuis. Si j'avois travaillé volume à volume comme les autres, cet effai, mieux digéré, eût pu refter dans l'état où je l'aurois mis. Je ne me repens pas d'avoir été exact; mais je me repens d'avoir été téméraire, & d'avoir plus promis que je ne pou vois exécuter.

Bleffé de l'imperfection de mes articles, à me fure que les volumes de l'Encyclopédie paroiffoient, je réfolus de refondre le tout fur mon brouillon, & d'en faire à loifir un ouvrage à part, traité avec plus de foin. J'étois, en recommençant ce travail, à portée de tous les fecours nécessaires. Vivant au milieu des artiftes & des gens de lettres, je pouvois confulter les uns & les autres. M. l'Abbé Sallier me fournissoit, de la bibliothèque du Roi, les livres & manufcrits dont j'avois befoin; & fouvent je tirois de fes entretiens des lumieres plus sûres que mes recherches. Je crois devoir à la mémoire de cet honnête & savant homme un tribut de reconnaiffance, que tous les gens de lettres qu'il a pu fervir partageront sûrement avec moi.

Ma retraite à la campagne m'ôta toutes ces ref

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