DE MONSIEUR LE BRUN. DIVISE ES EN CINQ LIVRES. Chez GUILLAUME SAU GRAINS M. DCC. X XII. Avec Approbation & Privilege du Roy. A Mufe de la Fable à fes jeux vous invite, Mortels; fur fes leçons réglez votre con- Vous pouvez aisément en recueillir le fruit. Mais allégorique & sincere, C'eft en badinant qu'elle inftruit. Quoique des animaux elle emprunte l'organe, Ne la traitez point de profane.. Sa naïve fimplicité Persuade la verité. D'un aigre Cenfeur qui nous gêne Elle ne prend jamais le ton; Et des Acteurs qu'Efope introduit fur la scene Ne dédaignez pas leur langage: En quelle école on ait appris De l'aimable sagesse à connoître le prix. e Toûjours fous le Portique elle n'eft point affife Entre Chrifipe, & le grave Zénon, Ni prés de l'auftere Caton: Quelquefois elle s'humanife. Les falutaires fictions Qu'à nos yeux l'Apologue expose, Sont d'utiles instructions Que pour former nos moeurs Socrate nous propofe. Tâchez de corriger les vices, les défauts Qui regnent en tirans dans le fiécle où nous Et d'apprendre des animaux L'art de bien vivre avec les hommes. Le chien, de la docilité, Et de la vigilance eft le parfait modele ; Celui de la fidelité Se trouve dans la Tourterelle. Par fon travail, par fon activité L'Abeille vous apprend à fuir l'oifiveté : Rarement l'animal meurt par l'intempérance: De l'Aigle, & du Lion imitez la valeur } Du Serpent, dit le Sage, imitez la prudence, De la Colombe la douceur, De la Fourmi la prévoïance. |