페이지 이미지
PDF
ePub

La Reine d'Angleterre avait défiré de voir la Troupe des Comédiens Italiens de Paris; ils folliciterent la permiffion d'aller pafler quelques mois à Londres, & l'obtinrent; ce fut à cette occafion que Dominique fit la Piece dont nous venons de donner l'extrait. Quoique ce voyage n'eut pas lieu, elle ne laiffa pas que d'être jouée, & elle fut très-bien reçue du Public. Elle eut douze représentations.

LE BESOIN D'AIMER.

Comédie en trois actes, fuivie de diver tiffemens, 2 Décembre 1723. (1) PANTALON, Financier avare &

Malade imaginaire, ouvre la fcène avec Lifette, Suivante de Silvia fa fille; elle lui dit qu'il aura dans l'inftant de la ptifanne que fon Médecin a ordonnée. Pantalon la remercie & veut l'embraffer, Lisette le repouffe & lui dit que cela n'eft pas du régime. Pantalon lui promet de l'époufer; mais Lifette ne fe fie point à cette promeffe, qui eft celle que font tous les barbons à leurs jeunes Gouvernantes. Elle lui reproche la contrainte où il retient fa fille; il lui promet de les mener voir la Troupe de l'Opéra Comique, & de donner à fa fille un Maître de philofophie qu'elle lui a demandé. ( Il fort. )

Trivelin, éleve du Médecin de Pantalon, vient vifiter ce dernier, parcé

(1) La fcène eft dans la Maison de campagne de Pantalon, aux environs de Paris.

que le Docteur fon Maître, eft brouillé avec cet Avare, qui après lui avoir promis fa fille pour fon fils Octave, jeune Militaire, qui a déjà fait fon chemin, Pantalon a refufé de tenir fa parole; Lifette lui offre fes fervices pour cet Amant.

TRIVELIN.

Il n'eft plus tems par malheur, le pauvre garçon fut tué en duel il n'y a pas long-tems.

LISETTE.

Ah Ciel! comment donc cela?

TRIVELIN. ·

Vous le faurez tantôt ; venons au plus preffé. Je vous amene le Philofophe que je n'ai point voulu faire paraître fans votre permiffion.

LISETTE.

Qu'en avez-vous befoin quand c'eft Pantalon qui le demande?

TRIVELIN

C'est que le Philofophe que je vous amene, eft Octave dont je vous ai parlé; il s'eft métamorphofé ainfi pour approcher de Silvia qu'il adore.

Lifette

Lifette fe réjouit de cette avanture, dans la double efpérance de tromper Pantalon, & de guérir Silvia de fa mélancolie, qui n'eft autre chofe qu'un befoin d'aimer; elle ajoute que rien n'eft plus puiffant que l'exemple, & qu'elle va lui mettre fous les yeux, les amours naïfs & touchans d'Arlequin & de Violette. Trivelin la quitte pour aller chercher le prétendu Philofophe, & Arlequin arrive en rêvant à fes

amours.

ARLEQUIN, feul.

Je reviens de Paris; j'étais fatigué comme un cheval de fiacre; Violette me donne une commiffion, & voilà tout d'un coup que je ne me fens plus las . . . . . Quand nous fommes nous deux tête à tête, elle me dit d'un ton qui va au cœur, m'aimes-tu bien, Arlequin? Oui Violette - mais bienfort, bienfort?-Autant que tu es belle; - ce n'eft gueres.-Comment ce n'eft gueres? On ne peut davantage. Quand tu n'aubeauté que ces deux .

rais pour Soyez fage, Arlequin-mais laiffe-moi t'expliquer cela... Hola point de badinerie où je te donnerai un bon foufAlet-bon, c'eft ce que j'aime, tes fouf

Tome II.

I

de

flets me châtouillent-un bon coup poing-tant mieux-mais je crois, Arlequin, que vous perdez l'efprit-il n'y a pas grande perte. A la fin je dérobe un baifer fur le coin de l'épaule, elle me donne de toute fa force un petit coup de poing mignon, & me voilà plus content que le grand Turc avec tour fon férail; mais fongeons à notre commiffion; diable, elle m'embarraffe la mé moire.

Lifette lui donne une autre commiffion,qu'il confond avec celle de Violettes Silvia arrive d'un air nonchalant & ennuyé ; Lifette lui propofe inutilement plufieurs amusemens. Silvia demande fon petit livre de philofophie,

LISETTE.

Eh! Mademoiselle, à force de nous 'dire que la terre tourne, vous nous ferez tourner la cervelle.

Elle donne le livre, que Silvia parcoure & renvoye. Un inftant après elle lui apprend que le Maître de Philofophie qu'elle a demandé, eft arrivé, Silvia s'en réjouit, parce qu'elle efpere en tirer quelque distraction; mais Lifette feint d'en douter, & lui déclare que fon mal n'eft autre chofe que de l'amour.

« 이전계속 »