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du monaftere de S. Maurice en Valais, y abolit là regularité, & employa les biens à entretenir des femmes, des chiens & des oifeaux. Il entra à main armée dans le monaftere de Luxeu & y demeura quelques jours avec des femmes perduës: quoi qu'aucune femme n'y fut entrée jusques-là. Enfin il troubloit la paix entre l'empereur Louis & les rois Lothaire & Charles fes freres. Le pape Benoist III. en aïant reçû des plaintes, le cita pour se presenter à Rome, & en écrivit à tous les évêques du roïaume de Charles le Chauve; chez lequel par confequent Hubert s'étoit dés-lors retiré.

A N. 860.

tom...568

D'ailleurs oa fit courir le bruit que Hubert & Hine. de divor. Thietberge fa fœur avoient autrefois commis enfemble un inceste,accompagné de circonftances abominables. Thietberge le nia ; & comme il n'y en avoit point de preuves par témoins, ni autrement, les nobles laïques, de l'avis des évêques & du confentement du roi Lothaire, ordonnerent l'épreuve de l'eau bouillante. Un homme la fit pour la reine, & en fortit fans brûlure: ainfi il fut jugé que le roi la reprendroit & la rappelleroit à fa couche. Il la reprit en effet l'an 858. pour contenter les feigneurs : mais il la mit en prifon bien-tôt aprés.

Ann. Berti

Enfin fa haine contre elle étant devenuë implacable, il refolut de lui faire confeffer publiquement cet inceste prétendu. Pour cet effet le neuviéme de Janvier 860. la cinquième année de fon regne, indiction huitième, il fit affembler à Aix la Chapelle, lieu Ap. Hinc. to de fa refidence, Gonthier archevêque de Cologne p. 696. fon archichapelain, Theutgaud archevêque de Tre

p. 574. to. 3; const

AN. 860.

ves,

Adventius évêque de Mets, & Francon évêque de Tongres: Egil abbé de Prom, un autre abbé nommé Odeling, & plufieurs feigneurs de fes vaffaux. Le roi Lothaire leur dit, que depuis qu'il avoit époufé Thietberge, & que la divifion s'étoit mife entre eux, il avoit appris qu'elle avoit commis un crime horrible, aprés lequel il ne lui étoit plus permis de la garder comme fa femme: qu'enfuite ayant été en Italie voir l'empereur Louis fon frere, il avoit été inftruit de ce crime plus diftinctement. C'est pourquoi ne voulant pas demeurer plus long-tems dans l'incertitude: il ordonna aux quatre évêques & aux deux abbez d'aller trouver Thietberge, & de lui demander la verité de ces bruits répandus contre elle.

Quand ils furent revenus Gonthier prit la parole, & dit au roi : Elle a confeffé à Dieu & à nous, qu'elle a commis, quoiqu'en fouffrant violence, un crime honteux à dire, & pour lequel elle se juge absolument indigne d'avoir commerce conjugal avec vous, ni avec aucun autre homme;c'eft pourquoi elle a demandé permission de quitter l'habit feculier & de fe retirer pour faire penitence. A quoi elle n'est portée par aucun mouvement de colere ni de mauvaise volonté contre vous. Adventius ajoûta : J'avois ignoré ce crime jusques à prefent: mais il ne vous eft plus permis d'habiter enfemble; & quand vous l'aimeriez comme auparavant, je vous confeillerois de lui laiffer prendre le voile, felon fon defir. Theutgaud fut du même avis, & l'abbé Egil dit, au nom de la reine, qu'elle ne demandoit à fe retirer par aucun motif de

crainte, mais pour l'amour de Dieu, & le falut de fon ame. C'eft ce que contient l'acte qui en fut alors A N. 860. dreffé en fept articles.

568.

Les évêques en firent un autre de huit articles Ap. Hinem. på adreffé aux évêques leurs confreres,pour leur demander confeil fur cette affaire. Ils y marquent plus en particulier ce qui s'étoit paffé entre la reine & eux. Que les ayant envoyez querir elle s'étoit jettée à leurs pieds & leur avoit demandé confeil, qu'ils lui avoient défendu de la part de Dieu de s'accufer fauffement, par quelque motif que ce fût, d'efperance ou de crainte, même de la mort ; & qu'aprés qu'elle leur eût fait fa confeffion, ils lui avoient demandé fi en cas qu'on lui accordât la penitence qu'elle defiroit, elle promettoit de ne jamais reclamer contre. Ce qu'elle leur avoit promis avec ferment. La fuite fera voir l'importance de ces précautions.

Elles furent renouvellées dans une affemblée generale de tous les feigneurs du royaume de Lothaire,. tenuë à Aix la Chapelle à la mi-Février la même an-née 860. où étoient les mêmes évêques, Gonthier de Ap. Hincm p?. Cologne, Theutgaud de Treves, Francon de Ton- 575. gres; & de plus Venilon de Rouen, Hatton de Verdun, Hildeguaire de Meaux, Hilduin d'Avignon. Là Thietberge déclara fon crime, premierement au roi, puis à quelques-uns des évêques & des laïquesenfemble. Enfuite en prefence de tous les évêques› & de plufieurs laïques, elle donna au roi un papier, où elle avoit fait écrire fa confeffion, contenant que dans fa premiere jeunefle fon frere le clerc Hubert: l'avoit corrompue, & qu'elle ne faifoit cette confef

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fion par aucune neceffité, ni à la fuggeftion de perfonne, mais de fa franche volonté, & pour fon falut. Enfuite les évêques s'adreffant au roi le conjurerent par de grands fermens, de déclarer s'il n'avoit ufé ni de perfuation ni de menaces, pour obliger la reine à s'accuser fauffement. Il en fit le ferment, & protesta qu'il auroit toûjours caché ce mal,fans la diffamation publique,qui l'avoit répandu,principalement en Bourgogne, & en Italie, & que ce motif lui avoit fait approuver le jugement qui avoit été fait, quoiqu'il en fçût l'injustice. C'est l'épreuve de l'eau chaude où Thietberge avoit été justifiée.

Les évêques s'adrefferent enfuite à elle, & la conjurerent au nom de Dieu & fous peine de damna: tion éternelle, de ne fe pas charger d'un crime faux lui promettant leur protection contre quiconque lui voudroit faire violence; & l'avertiffant qu'aprés qu'ils auroient rendu leur jugement, elle ne feroit plus reçûë à reclamer contre. Elle demeura ferme dans fa confeffion, & les évêques prononcerent qu'elle devoit faire penitence publique. C'eft ce que portent les actes de cette affemblée, mais la fuite de l'histoire fera voir quelle créance ils meritent.

Azn. Bertin. 860. En execution de ce jugement la reine Thietberge fut renfermée dans un monaftere; mais craignant de plus mauvais effets de la haine du roi son mari, elle en fortit la même année;&s'enfuit auprés de fon frere Hubert, dans le royaume de Charles. Delà elle envoïa des députez au pape Nicolas, pour se plaindre du jugenient rendu contre elle, par les évêques; &Lothaire y envoïa de fon côté Theutgaud archevê

Nicol. epist. 22.

to.8.

Conc. p. 394.

Ibid. p. 697.

que

A N. 860.

que de Treves & Hatton évêque de Verdun, avec une lettre de créance au nom de tous les évêques de fon roïaume; portant qu'ils n'avoient rien prononcé définitivement, mais feulement impofé penitence à Thietberge fur fa confeffion publique. Ainfi ils prioient le pape de ne se point laiffer prevenir contre Lothaire. On peut auffi rapporter au même tems une lettre que ce prince écrivit au pape, conjointement avec le roi Louis fon oncle. Elle eft extrêmement foûmife.Les deux rois s'y plaignent de Charles le Chauve, qui nonobftant tous les traitez faits avec eux, ne penfoit qu'à envahir leurs états; & exhortent le pape à venir en France à l'exemple de fes prédeceffeurs, pour le retenir par la crainte

rapporter au même Ap. Baron. an.

des cenfures.

Avant

860

VII.

S. Adon de Vien

ne.

Tom. 8. conc.

que de partir pour Rome, Theutgaud & Hatton affifterent à un concile nombreux, qui fe tint à Tousi dans le diocéfe de Toul. Il y eut des p. 702évêques de quatorze provinces: favoir Lyon, Rouen, Tours, Sens, Vienne, Arles, Befançon, Mayence, Cologne, Treves, Reims, Bourges, Bourdeaux & Narbonne.Douze archevêques y affifterent, il n'y manquoit que ceux d'Arles & de Maïence; & il paroît en tout dans les souscriptions cinquante-sept évêques.

tom. 6. p. 156.

L'archevêque de Bourges étoit Rodulfe ou Raoul 4. SS. Bear fils d'un comte de Cahors du même nom, qui l'engageant dans la clericature l'an 823. lui donna une terre en Limoufin ; & c'est le premier exemple que je fache de titre patrimonial pour un clerc.

Adon archevêque de Vienne est encore plus fa- Edom. 6.p

Tome XI.

C

262.

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