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22.25.

AN. 862. pour montrer qu'il ne le reconnoît que pour laïque, & il repond aux exemples qu'il avoit alleguez par fa grande lettre, pour autorifer fon ordination. Nectaire fut choifi par neceffité, parce qu'il ne se trouvoit perfonne dans le clergé de C. P. qui ne fût infecté d'herefie. L'ordination de Taraife fut blâmée par le pape Adrien; & il n'y confentit qu'à cause ce fon zele pour le retabliffement des faintes images. Saint Ambroise fut choifi par miracle, & fit ce qu'il pût pour fe cacher. Mais vous, continue le pape, qu'avez vous de femblable; vous qui non feulement avez été pris entre les laïques, mais qui avez ufurpé le fiege d'un homme vivant? Vous dites que vous ne recevez ni le concile de Sardique, ni les decretales des papes; nous ne le pouvons croire. Le concile de Sardique a été tenu en vos quartiers, & eft reçû de toute l'églife : les decretales sont émanées du saint siege, qui par son autorité

P. 285. E.

confirme tous les conciles.

Vous dites que vous avez été élevé par force au fiege patriarcal, cependant quand vous y avez été une fois établi, vous n'avez pas agi en pere: vous vous êtes montré severe jusques à la cruauté, en dépofant des archevêques & des évêques ; & en condamnant Ignace, que vous prétendez avoir deposé, tout innocent qu'il eft. Mais jusques à ce que nous voyons clairement fon crime, nous ne le tiendrons jamais pour déposé, ni vous par confequent pour patriarche de C. P. Quant aux diverfes coûtumes que vous alleguez felon la diverfité des églises, nous ne nous y oppofons point, pourvû qu'elles ne foient

point contraires aux canons ; mais nous ne voulons pas laiffer établir chez vous celle de prendre de fimples laïques pour les faire évêques. Cette lettre eft dattée du dix-huitiéme de Mars indiction dixième, c'est-à-dire, l'an 862.

A N. 862.

La lettre à l'empereur contient les mêmes prote- Epist. 5. stations pour Ignace & contre Photius. Nous avons en main, dit le pape, vos lettres tant à Leon, nôtre predeceffeur qu'à nous, par lefquelles vous rendiez témoignage à la vertu d'Ignace, & à la regularité de fon ordination ; & maintenant vous dites qu'il a été chaffé comme chargé de grandes accufations ; & vous alleguez pour caufe de fa dépofition, d'avoir usurpé le siege par la puissance seculiere. Enfin vous dites que le concile qui l'a déposé étoit aussi nombreux que le concile de Nicée ; mais ce n'est pas le nombre des évêques que nous confiderons dans les conciles, c'eft leurs avis que nous pefons.

En même temps, mais apparemment par une Epist. 4. autre voye, le pape envoya une troifiéme lettre adreffée à tous les fideles d'Orient, où aprés leur avoir expliqué fommairement l'affaire & la prévarication de ses legats, il dit : Sachez que nous n'avons aucunement confenti ni participé à l' ordination de Photius & à la dépofition d'Ignace. Et adreffant la parole en particulier aux trois patriarches d'Alexandrie, d'Antioche & de Jerufalem, aux métropolitains & aux évêques : Nous vous envoyons, dit-il, & vous ordonnons par l'autorité apoftolique, d'être dans les mêmes fentimens à l'égard d'Ignace & de Photius; & de publier cette lettre dans vos diocéfes, afin

XIX. Artifices de Photius.

p. 1215. B.

AN. 862. qu'elle vienne à la connoiffance de tout le monde. Photius loin d'avoir égard à la lettre du pape, en fuppofa une contraire, par cet artifice. Un étranNic. vita Ign. ger nommé Euftrate, portant l'habit de moine & jufques alors inconnu à C. P. entra un jour dans le palais patriarcal, & en prefence de tout le monde dit à Photius, qu'il avoit été envoyé à Rome par Ignace, dont il lui rendit une pretenduë lettre adreffée au pape Nicolas, où il expliquoit clairement la perfecution qu'il avoit foufferte. Mais le pape, difoit Euftrate, n'a pas daigné feulement la regarder, ce qui m'a obligé de la rapporter. En même temps il rendit à Photius une autre lettre écrite au nom du pape Nicolas, qui lui faifoit des excufes de la mefintelligence qui avoit été entr'eux; & établiffoit avec lui pour l'avenir une communion & une amitié inviolable. Photius porta auffi-tôt ces lettres à l'empe reur & au cefar Bardas, pour les animer contre Igna ·

ce

comme les décriant chez les étrangers. Alors on donna des gardes à Ignace, on commença à s'informer comment la chofe s'étoit paffée. On interrogea Eustrate, & on lui demanda, qui lui avoit donné la lettre d'Ignace au pape. Il dit que c'étoit Cyprien difciple d'Ignace. On le preffa pendant prés d'un mois de l'indiquer ; & enfin il fe trouva qu'il ne connoiffoit ni Cyprien, ni aucun des gens d'Ignace. L'imposture étant ainfi découverte, Bardas fit fouetter rudement Eustrate, nonobftant les preffantes follicitations de Photius, qui pour le confoler, lui procura une charge qui le mettoit à la tête des miniftres de juftice. Il fut averé depuis que

Pho

tius avoit lui-même fabriqué les lettres & conduit AN. 862. toute la fourberie.

Quelque tems aprés Photius fut averti, qu'Igna

n. 17.

ce avoit rétabli un autel, que les Ruses avoient renverfé dans l'Isle où étoit fon monaftere. Il en fit fes p. 1218.D. plaintes à l'empereur, comme d'un grand crime; prétendant qu'étant dépofé il ne pouvoit plus faire aucune fonction épifcopale. On envoya fur les lieux deux métropolitains avec un fenateur, qui firent arracher l'autel, le porterent fur le bord de la mer, l'y laverent quarante fois & le remirent. Cependant Photius diffimuloit les impietez de l'empereur : qui continuoit de ce jouer des ceremonies de la religion, & Sup. 1.111K. de les contrefaire avec les compagnons de fes débauches. Bafile archevêque de Theffalonique vieillard venerable, eut le courage de l'en reprendre, à l'occafion d'un tremblement de terre, qui arriva à C.P. le jour de l'Afcenfion 860. difant que ces impietez attiroient la colere de Dieu. Mais l'empereur irrité, lui fit donner des foufflets, dont les dents lui tomberent, & déchirer le dos à coups de foüet, en forte qu'il en penfa mourir. Photius au contraire faifoit affiduëment fa cour à l'empereur, & mangeoit à fa table avec fes bouffons facrileges. L'empereur en railloit lui-même, & disoit : Theophile eft p. 1214. Ē. mon patriarche, c'étoit le chef de ces plaifans, Photius eft celui du cefar, & Ignace celui des Chrétiens.

En France le roi Charles le Chauve tint un concile la même année 862. indiction dixième, où com- tes. mençoit la vingt-troifiéme année de fon regne. Il faifoit fortifier un lieu nommé Piftes fur la Seine, à Tome XI.

G

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XX.
Concile de Pif-

tom. 8.
5.776.

A. Bert. 862:

AN. 862.

6. 1.

l'embouchure de l'Andelle, où les Normans s'étoient retranchez pendant quelque temps. A l'occafion de fes travauxil tint un parlement, que l'on compte entre les conciles, & où il fe trouva des évêques de quatre provinces. On y publia un capitulaire de quatre grands articles pour reprimer les pillages. D'abord le roi & les autres qui affiftoient à ce parlement, reconnoiffent que les calamitez prenfentes, particulierement les ravages des Normans, font la jufte puni>tion de leurs pechez. Enfuite il eft ordonné, que chaque évêque dans fon diocefe, les commiffaires du roi dans leurs departemens, & les comtes dans leurs comtez, auront grand foin d'obliger les pillards à fatisfaire felon les loix; & que les évêques impoferont les penitences convenables à ceux qui feront convaincus de ce crime.

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On donne terme jufques à la faint Remy premier jour d'octobre, à ceux qui ont commis ces crimes publiquement, pour fatisfaire à Dieu & aux parties intereffées, fous peine de faifie de tous les biens & d'excommunication. On renouvelle les peines portées par les capitulaires précedens; on rend les feigneurs refponfables des defordres commis par leurs vaffaux & leurs domestiques; & on ordonne aux évêques de les excommunier, jufques à ce qu'ils reparent le dommage, & obligent leurs fujets à fubir la penitence. L'évêque qui ne fera pas fon devoir à l'égard des feigneurs & des autres coupables, fera retranché de la communion de fes confreres. Tous ces reglemens s'executoient fi peu, qu'ils fervoient plus à montrer le grandeur du mal, qu'à y remedier.

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