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AN. 887. par deputez. Francon évêque de Tongres s'y plaignit de ceux qui pilloient les biens de fon églife, & le concile renouvellant les anciens canons, prononça des menaces & des cenfures contre les auteurs de ces violentes.

LVI. Seconde tranfla

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Sap. l. XLIX. n.

II.

Odo. de reverf.

Clun. p. 414.

On rapporte à cette même année 887. la feconde tion des Mar- tranflation de faint Martin, pour le rendre à son églife de Tours. Il demeura trente-un an à Auxerre, où il avoit été porté par la crainte des Normans; & B. Mart bibl. pendant ce long fejour, il fit tant de miracles, qu'ils attirerent des offrandes immenfes. Le clergé d'Auxerre voulut les partager avec les moines de Marmoutier,qui étoient demeurez à la garde des reliques de S. Martin. foûtenant que les miracles devoient être autant attribuez aux prieres de S. Germain; & on dit que le differend fut terminé par un nouveau miracle en faveur de S. Martin. Les citoïens de Tours aïant trouvé un intervale favorable, pour rapporter le corps de leur patron; envoïerent à Auxerre le demander à l'évêque, qui le refufa : ne pouvant se réfoudre à priver fon église de ce trefor, qu'il y avoit trouvé. Ils s'adrefferent au roi, qui ne voulut point décider la question; & quand ils furent revenus à Tours, l'archevêque Adalause assembla les évêques d'Orleans, du Mans, & d'Angers; & ils refolurent de s'adreffer à Ingelger comte de Gaftinois feigneur de Loches & d'Amboife, à qui le roi avoit donné d puis peu la comté d'Angers; & qui avoit une maison à Auxerre & des terres aux environs. Comme ils étoient prêts à lui envoïer une députation,il vint à S. Martin de Tours faire fes prieres; & en fortant de l'églife, il

fit des reproches aux citoïens de leur négligence à AN. 882. ramener le corps de leur faint patron. Ils lui reprefenterent les obitacles qu'ils y avoient rencontrez, & implorerent fon fecours.

İngelger assembla donc des troupes, jusques au nombre d'environ fix mille hommes, tant infanterie que cavallerie, & marcha à Auxerre; tandis qu'à Tours l'archevêque ordonna un jeûne d'une femaine entiere, avec des prieres publiques, pour le fuccés de l'entreprise. Le comte Ingelger aïant demandé à l'évêque d'Auxerre, la reftitution du dépôt confié à son église en un tems de neceffité : l'évêque répondit, qu'il ne falloit pas venir aux lieux faints à main armée, & promit de répondre le lendemain. Il confulta les évêques d'Auftun & de Troïes, qui fe trouverent prefens; & ils lui dirent, qu'il n'y avoit aucun prétexte de retenir ce dépôt. Il acquief on celebra la messe en l'honneur de faint Martin, les évêques accompagnerent fon corps, avec un grand concours de peuple; & fon escorte le ramena jufques à Tours, où il fut reçu par l'archevêque, fes fuffragans, fon clergé & fon peuple, avec grande folemnité. On dit qu'il fe fit grand nombre de miracles à ce retour de faint Martin, depuis qu'il fut entré dans fon diocéfe; & en ordonna d'en celebrer la mémoire tous les ans, à pareil jour, le treiziéme de Décembre. Heberne abbé de Marmoutier, qui avoit fuivi le corps de faint Martin jusques à Auxerre, y étoit toûjours demeuré à le garder, & l'avoit accompagné au retour. Il fucceda à Adalaude dans l'archevêché de Tours.

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Gall.Ch.to. P. 749.

AN. 888.

I.

LIVRE CINQUANTE-QUATRIE ME,

L

'Empereur Charles tomba dans une telle foibleffe de corps & d'efprit, qu'au parlement Mort de Char- qu'il tint à Tribur, vers la faint Martin, cette anfieurs rois. née 887. tous les feigneurs de Germanie l'abandonRegino. an.887. nerent, & reconnurent pour roi Arnoul, fils de

les le Gros. Plu

Carloman. Charles fut réduit à n'avoir pas de quoi vivre, fans le fecours de Luitbert archevêque de Maïence; & à demander fa fubfiftance à Arnoul, qui lui donna par compaffion quelques terres en Allemagne, où il mourut le douzième de Janvier 888.& fut enterré au monaftere de Richenou. Reginon abbé de Prom auteur du tems, louë fa pieté, fon application à la priere, fes aumones, fon refpect pour les loix de l'églife, & fa fidelité à obferver les Reg.an. 885. commandemens de Dieu; & toutefois le même hif

torien rapporte, qu'il fit tuer en trahison Godefroi duc de Frife, qui s'étoit revolté contre lui; & qu'aïant furpris de même Hugues fils de Lothaire, auteur de cette revolte, il lui fit crever les yeux, & l'enferma dans le monaftere de faint Gal. Hugues paffa enfuite dans l'abbaïe de Prom, où long-tems après il reçût la tonfure monaftique, de la main de Reginon; & au bout de quelques années y mourut.

A la mort de l'empereur Charles, les roïaumes qui lui avoient obéï, fe diviferent. Une partie de PItalie reconnut pour roi Berenger fils d'Evrard duc de Frioul: une autre partie reconnut Gui fils de

Lambertduc de Spolete, favorité par le pape. Il y AN. 888. eut entr'eux une fude guerre, où Gui eut enfin l'avantage, & Berenger fe retira près d'Arnoul roi de Germanie. En France l'affemblée de la nation établit pour roi Eude ou Odon, comte de Paris & d'Orleans fils de Robert le fort, & comme lui vaillant défenfeur du roïaume, contre les Normans. Il fut facré par Vautier archevêque de Sens; & nous avons To. 2. capit. pe le ferment qu'il fit en cette occafion. Cette élection fe fit du confentement d'Arnoul: mais ce fut malgré lui, que Raoul ou Rodolfe fils de Conrad, se fit reconnoître roi de la haute Bourgogne; c'est-àdire, du païs d'entre les Alpes, & le mont Jura. Il fut élu & couronné dans une affemblée de feigneurs & d'évêques, te nuë à faint Maurice en Valais.

Dès la même année 888. premiere du regne d'Arnoul, il fit tenir un concile à Maïence, où fe trouverent les trois archevêques, Luitbert de Maïence, Guillebert de Cologne, & Ratbot de Treves, avec leurs fuffragans. Luitbert mourut l'année suivante 889. & eut pour fucceffeur Sunzo, ou Sonderolde, moine de Fulde, qui ne tint le fiége de Maïence que deux ans. Dans la préface de ce concile, les évêques attribuent les calamitez publiques à leurs pechez, particulierement à l'interruption des conciles provinciaux; & ils décrivent ainfi le trifte état du païs. Voïez comment ces bâtimens magnifiques qu'habitoient les ferviteurs de Dieu font détruits, brûlez & reduits à rien: les autels renverfez & foulez aux pieds, les ornemens les plus précieux des églifes diffipez & confumez par le feu. Les évêques, B B b b ij

291.

II.

Concile de

Maïence.

To.

9. conc. p. 401,

Regine.an 883.

AN. 888.

2.3.06.

C. 2. 3.

C. 8.

les prêtres, les autres clercs, des laïques de tout âge & de tout fexe, tuez par le fer & par le feu, ou par divers autres genres de mort. Les moines & les religieufes, difperfez par la crainte de ces maux, font errans de côté & d'autre, fans fecours, sans pasteur; ne sachant où se refugier, ni quel parti prendre, expofez à rompre leurs vœux. D'un autre côté voici une troupe de pillards & de fchifmatiques, qui oppriment les pauvres, fans refpect de Dieu, ni des hommes; & qui fuffiroient, fans les païens, pour réduire le païs en folitude. Ils ne comptent pour rien les meurtres & les rapines, & ne veulent point fe foûmettre à la penitence.

*

Après cette préface, fuivent vingt-fix canons tirez la plupart des conciles précedens : particulierement de ceux que Charlemagne fit tenir la der3. XLVI.. niere année de fon regne. Les premiers font des avis generaux touchant les devoirs du roi. Arnon évêque de Vifbourg fe plaint au concile que quelques fcelerats ont pris un venerable prêtre, lui ont coupé le nez & rafé les cheveux, & donné tant de coups, qu'ils l'ont laiffé demi-mort. Le concile les excommunie; & la penitence de celui qui aura tué un prêtre, est ainfi reglée. Il ne mangera point de chair, & ne boira point de vin pendant toute sa vie : il jeûnera tous les jours jufques au foir; excepté les. fêtes & les dimanches : il ne portera point les armes, & ne marchera qu'à pied. Pendant cinq ans il n'entrera point dans l'églife: mais durant la messe & les autres offices, il demeurera à la porte en prieres : les fept années fuivantes, il entrera dans l'églife,fans

C. 16.

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