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XXVII

ne VI Romain. Theod. II

c. 8.

attirez de nouveau fa colere, en vous joignant à
ceux qui ne le connoiffent pas. Croïez-moi, ce n'eft
pas le moïen d'établir votre puiffance. J'avois mieux
efperé de vous: mais je vois que vous courez à vo-
tre perte, avec ceux qui vous donnent ces confeils.
Je vous conjure au nom de Dieu d'abandonner ce
deffein, & ne me pas donner cette douleur éternelle,
à moi & à vos autres bons ferviteurs. Il vaudroit
mieux que vous ne fuffiez pas né, que de regner par
le fecours du Diable. Sachez enfin, que fi vous le
faites, je ne vous ferai jamais fidele, je détournerai
de votre service tous ceux que je pourrai, & me
joignant avec tous les évêques mes confreres, je
vous excommunierai, & vous condamnerai à un
anathême éternel. Je vous écris ceci en gemissant,
parce que je vous fuis fidele: & que je defire que
vous établiffiez votre regne, non par le fecours de
fatan, mais par celui de J. C.

Le pape Etienne VI. tint en effet un concile, où
Mort d'Eftien- il condamna Formofe fon prédeceffeur. Il fit déter-
rer fon corps, on l'apporta au milieu de l'affemblée :
Jean IX. papes
Lapr... on le mit dans le fiége pontifical revétu de fes or-
El. verf. p. 606, nemens, & on lui donna un avocat pour répondre
en fon nom. Alors Eftienne parlant à ce cadavre,
comme s'il eût été vivant : Pourquoi, lui dit-il, évê-
que de Porto, as-tu porté ton ambition, jusques
ufurperle fiége de Rome? L'aïant condamné, on
le dépouilla des habits facrez, on lui coupa trois
doigts, & enfin la tête; puis on le jetta dans le Ti-
bre. Le pape Eftienne dépofa tous ceux que Formofe
avoit ordonnez, & les ordonna de nouveau. Mais il

à

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reçût bien-tôt la peine de ces violences. On le prit, on le chaffa lui-même du faint fiége, on le mit dans une obfcure prison chargé de fers, & on l'étrangla.

Son fucceffeur fut Romain Gallefin, fils de Conftantin, qui mourut avant les quatre mois accomplis ; & on élût à fa place Theodore, né à Rome, & fils d'un nommé Photius. Il étoit fobre, chafte, liberal envers les pauvres, cheri du clergé, & ami de la paix; mais il ne vécut que vingt jours depuis fon ordination. Dans ce peu de tems, il ne laiffa pas de travailler autant qu'il pût à la réunion de l'églife: il rappella les évêques chaffez de leurs fiéges, & rétablit les clercs ordonnez par Formofe, & dé. pofez par Eftienne; leur rendant les ornemens facrez & l'exercice de leurs fonctions. Il fit reporter folemnellement dans la fépulture des papes le corps de Formofe, qui avoit été trouvé par des pêcheurs; & lorfqu'on le tranfporta, plufieurs perfonnes pieufes affuroient, que les images des faints l'avoient falué en passant.

Auxil. l. xx.

4 info,

Luitpr. c. 8.

Après la mort de Theodore, les Romains furent Flod. verf. partagez les uns élurent le prêtre Sergius, les autres Jean natif de Tibur fils de Rampalde, dont le parti prévalut. Sergius chassé de Rome, se retira en Tolcane, fous la protection du marquis Adalbert, &y demeura fept ans. Jean IX. tint le fiége deux ans, pendant lefquels il celebra trois conciles; & nous avons les canons de deux, l'un tenu à Rome, l'autre à Ravenne.

L'empereur Arnoul s'étoit retiré d'Italie dès l'an Ro
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XXVIII.
Concile de

896. & Gui étant mort la même année, Berenger duc de Frioul reprit le deffus, & fe fit couronner empereur, apparemment par le pape Eftienne VI. Mais il fut bien-tôt chaffé par Lambert fils de Gui, couronné par Formofe, dès l'an 893. Ce fut de fon autorité que le pape Jean IX. tint un concile à Rome: où on lut premierement un mémoire, pour examiner l'état de l'églife, & les moïens d'affermir Mufe Italic. la paix. Jean évêque d'Areze dit : Nous fouhaitons auffi qu'on l'examine. Pierre évêque d'Albane dit: Le pape veut-il qu'on life le concile tenu fous le pape Theodore? Il fut lû, & Amolon évêque de Turin dit: Il est selon les canons, de rétablir celui qui a été injustement condamné, & d'obferver la regle touchant ceux qui ont été fpoliez. On lut le conSup 1.. 111. cile du pape Jean. C'est-à-dire, celui où Jean VIII. avoit condamné Formofe. Enfuite Amolon proposa de lire le concile fait fous Eftienne VI. contre Formo

Mabil' tom. 1.

p. 85.

1. 31.

fe :
: ce qui fut fait. Comme on en vint à l'endroit où
Pascal, Pierre & Silveftre accuferent Formose de par-
jure & d'avoir été réduit à la communion laïque :
on leur demanda, fi ce qu'on lifoit étoit vrai. Ils
dirent que non ; & Pascal ajoûta qu'il n'avoit point
affifté à ce concile. Après qu'on en eut achevé la
lecture, Jean d'Areze dit : Qu'ils disent s'ils y ont
affifté. Pierre d'Albane dit : J'y ai affifté, mais je n'y
ai pas
foufcrit. Ils demanderent du tems: on leur
en donna, puis ils fe leverent tous trois, Pierre, Sil-
vestre & pafcal; & étant interrogez, ils dirent,qu'ils
n'y avoient point affifté. Amolon dit : Que Benoist
protonotaire vienne, & qu'il dife ce qu'il a écrit.

Quand il fut venu, Jean d'Areze lui dit : Benoît,avezvous écrit ce concile? Il dit : Ce n'étoit pas à moi à l'écrire, mais à un foûdiacre de la bibliotheque. On interrogea foigneufement ces mêmes évêques, & Pierre dit,qu'il y avoit assisté. Estienne évêque d'Orti l'un d'entr'eux, dit en colere : Vous vous élevez tous contre le pape : c'est-à-dire contre Estienne VI. Antoine de Breffe dit au nom d'eux tous: Puifque vous dites que nous fommes feparez du fein de l'églife Romaine, remettez à nous examiner demain : ce qui leur fut accordé.

Le lendemain quand ils furent affis Amolon dit : Après le délai qui fut hier accordé ; il faut, s'il vous plaït, nous donner maintenant réponse. Jean d'Areze dit: On doit commencer où on en demeura hier. Pierre d'Albane fe leva, & Jean d'Areze dit: Ou dites que les actes de ce concile font vrais, ou qu'ils font faux. Pierre d'Albane dit: Que les autres qui y ont affifté viennent le fiége apoftolique y étoit. Voulant dire, qu'ils n'avoient agi que par l'autorité du pape. Jean d'Areze répondit : Nous ne jugeons pas le fiége apoftolique. Et aïant montré, que le concile contre Formofe, n'étoit pas un jugement apoftolique, puisqu'il détruifoit d'un côté ce qu'il établissoit de l'autre : il ajoûta : Il faut que le mal qui a été commis dans l'églife, foit entierement déraciné. Le concile s'écria: Nous le demandons auffi, & nous le fouhaitons tous. Enfuite le pape ordonna que l'on rendit réponse. Pierre d'Albane dit: J'y ai affifté, favoir au concile contre Formose: mais contraint.Silvestre de Porto interrogé par AmoHHhh iij

lon avoua auffi qu'il y avoit affifté. Ildeger de Lodi dit: Vous vous rendites hier coupable devant tout le monde. C'est qu'il avoit nié ce qu'il avouoit alors. Amolon interrogea Silveftre, s'il avoit affifté à l'élection de Formose. J'y ai assisté, dit-il, & nous l'avons tous intronifé. On lui demanda encore s'il avoit affifté à cet horrible concile de Rome. Il répondit : J'y ai affifté, mais par force. Jean de Veletri étant interrogé de même répondit: J'y ai affifté par force & malgré moi. Jean deGales ou Cales répondit : J'y ai affifté par force. Eftienne d'Orti: Je me fuis trouvé à la fin, & j'y ai foufcrit par force. Jean de Tofcanelle répondit, qu'il n'y avoit pas affisté, mais qu'il avoit enfuite foufcrit par force. Bonofe de Narni répondit: Qu'il n'y avoit ni affifté, ni souscrit, ni confenti.

On demanda à Jean prétendu évêque de Modene, s'il avoit quelque plainte à faire contre Gamenulfe, qui étoit en poffeffion de cet évêché, ou s'il le redemandoit. Il répondit qne non : mais qu'il demandoit mifericorde profterné par terre. Les évêques qui avoient affifté au concile d'Estienne contre Formose, se profternerent auffi & demanderent mifericorde. Alors tout le concile demanda en grace au pape, que l'on déracinât absolument cet abus; que les évêques ne fuffent pas plus contraints de rien faire par force contre les canons ; & qu'on ne les mit en prifon en aucune maniere. Ce que le pape accorda volontiers. Pierre prêtre du titre d'Eudoxe, & Benoît du titre de Damafe, interrogez s'ils avoient affisté à ce concile, répondirent, qu'ils y avoient

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