페이지 이미지
PDF
ePub

Le voleur étant découvert, on le pend sur le théâtre.

En 1544, vivait Jean d'Abondance, basochien et notaire au Pont-Saint-Esprit ; il composa plusieurs ouvrages dramatiques, entre autres, le joyeux Mystère des trois Rois, la farce nouvelle très bonne et très joyeuse de la cornette, et une moralité et figure sur la Passion de Notre Seigneur JésusChrist. C'est dans cet ouvrage que se trouve cette belle pensée, que l'on a depuis tant admirée dans un opéra de Métastase :

Le corps

s'en va,

mais le cœur vous demeure.

Marguerite de Navarre, cette reine si amie des belles-lettres, dont la cour avait devancé l'hôtel de Rambouillet, composa plusieurs ouvrages dramatiques; six sont parvenus jusqu'à nous. La comédie de la Nativité de Jésus-Christ, la comédie de l'Adoration des trois Rois, la comédie des Innocens, la comédie du Désert, la comédie de Deux filles et de Deux Mariées et la farce de Trop, Peu, Prou, Moins.

Guillaume des Autels, en 1529, est auteur de deux Dialogues Moraux, l'un représenté en 1548, l'autre en 1549. Le second de ces dialogues moraux est remarquable par un exemple de rime redoublée, puérilité qui plaisait beaucoup alors, origine de ces échos qui furent tant à la mode quelque temps avant Corneille et dont quelques

uns de nos auteurs lyriques n'ont pas dédaigné d'essayer la forme.

Voici encore, en 1550, une femme auteur non plus comme Marguerite de Valois, reine et revêtue de la puissance, mais cette fois-ci simple bourgeoise, de mœurs peu régulières, la belle Cordière, Louise Labbé, belle à soi comme disait son anagramme peu scrupuleux sur l'exactitude des lettres.

Elle est auteur d'une moralité intitulée Débat de Folie et d'Amour, divisée en cinq discours, ce qui se rapproche beaucoup de l'ancienne et nouvelle division en cinq actes. Louise Labbé devait être familiarisée avec la lecture des anciens auteurs et la théogonie grecque : car, outre cette observation des cinq actes alors peu à la mode, on voit dans cette moralité paraître et se débattre entre eux tous les dieux de l'Olympe qui en sont les personnages.

En 1551, Théodore de Bèze donna son Abraham sacrifiant et mit ainsi fin aux mystères, moralités, etc. Après lui on s'essaya dans le genre antique.

Comme on le voit, jusqu'ici les représentations dramatiques avaient toutes choisi leur sujet dans les livres sacrés, et, excepté quelques farces et sotties, la moralité de la belle Cordière et la pièce de Narcissus, c'étaient toujours des miracles, des vies de saints où la bonne intention remplaçait souvent le bon goût, et où le poète avec la lé

gende et la vie authentique n'avait qu'à mettre en ordre une suite de tableaux.

Étienne Jodelle, sieur de Lymodin, né à Paris en 1532, entreprit de donner un nouvel essor à l'art dramatique et comprit que

Jouer les saints, la Vierge et Dieu par piété,

pouvait bien aller à un siècle de foi pure et d'ignorance littéraire, mais que dans une civilisation plus avancée, la morale pouvait aussi bien ressortir du jeu des passions humaines, et que d'ailleurs ce spectacle-là pouvait intéresser davantage que le Deus ex machina que le faiseur de mystères avait toujours à son service étonner le spectateur et lui fournir des miracles à foison.

pour

Aussi donna-t-il sa Cléopâtre, ouvrage tout nouveau pour le temps. Les confrères de la Passion ne voyant ni miracles ni saints, et d'un autre côté point de dégoûtantes et obscènes farces, en conclurent que Jodelle était un impie qui n'avait du reste rien de comique au service de sa plume, et comme autrefois Aristophane aux jeux de la Grèce, Jodelle fut obligé de jouer lui-même sa Cléopâtre avec la Péruse, Remi Belleau et quelques autres de ses amis. La pièce fut jouée devant Henri II à l'hôtel de Reims, et le succès en fút prodigieux; n'était Cléopâtre qui donne à l'un de ses sujets imposteurs cent coups de pied au

espèce de galères à perpétuité, avec un ban qu'il ne saurait rompre, et qui lui interdit tout voyage dans un pays qui ne serait pas au moins à six lieues de Dîner.

En l'an 1523, on devait jouer une sottie à Genève, sur la place du Molard, le dimanche des Bordes, mais le plus grand adversaire des réjouissances publiques, le mauvais temps, vint troubler la fête. Aussi l'auteur improvisa-t-il une sorte de prologue satirique contre le mauvais temps, et remit-il sa sottie au dimanche suivant.

Bontemps eut pitié de lui, et le dimanche suivant reparut plein de vie et de santé. Alors le poète n'épargne personne ; grand'mère Sotte fait défiler devant elle les métiers qui prévariquent tous; le médecin tâte le pouls au monde et tâche même de lire sa maladie, comme le docteur de la femme hydropique. Mais, hélas! le médecin croyait le monde malade de la conscience de ses crimes, et ce n'est qu'une lubie passagère. La peur de la mort et la crainte du feu qui doit le consumer, lui donnent seules cette fièvre printanière. Aussi fait-il habiller le monde de l'habit des fous et s'en va-t-il avec eux.

En 1527, Jean Parmentier, bourgeois de la ville de Dieppe, fit représenter dans sa ville natale la Moralité très excellente à l'honneur de la glorieuse Assomption Notre-Dame, même sujet que les mystères de l'Assomption.

En 1530, Antoine Chevalet, gentilhomme dau

phinois, fit la Vie de saint Christophe. C'est l'histoire de la légende du géant Reprobe, devenu PorteChrist et faisant des miracles avant et après sa

mort.

En 1532, Guillaume Coquillard, officiant de Reims, composa plusieurs ouvrages en vers, parmi lesquels on trouve deux pièces dialoguées intitulées le Plaidoyer d'entre la Simple et la Rusée, et l'Enquête d'entre la Simple et la Rusée, pièces dont le titre promet plus qu'elles ne valent réellement.

En 1536, Roger de Collerye, secrétaire de l'évêque d'Évreux, fit une Satire pour les habitans d'Auxerre à l'entrée de la reine en cette ville, pièce fort courte et de nulle portée.

Arnoul Greban, chanoine du Mans, commença le Mystère des actes des Apôtres. Simon Greban, enterré dans la cathédrale de Saint-Julien, au Mans, et en son vivant chanoine de Saint-Richer en Ponthieu, l'acheva. Pierre Caret, autre chanoine du Mans, y fit quelques corrections.

C'est là ce qu'on peut appeler un mystère à grand spectacle. La pompe d'aucun opéra moderne ne saurait approcher du luxe de nuées et de décorations nécessaires pour cet ouvrage, et la féerie la plus compliquée du Cirque-Olympique ne saurait avoir autant de trappes et de changemens à vue que ce mystère. Je doute même que la représentation de la Mirame de Desmarets, qui coûta cent mille écus au cardinal de Richelieu,

« 이전계속 »