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les princesses antiques dans les pièces de Corneille et de Racine.

Voici maintenant les bergeries qui montent sur la scène avec Jean-Baptiste Bellaud et Pierre de Montchault, tous deux auteurs de bergeries tragiques; l'une, sur les guerres civiles, l'autre, sur la mort de Charles IX.

Les pastorales ou bergeries remontent assez haut dans l'histoire du théâtre. Nous les verrons avoir leur apogée avec les bergeries du marquis de Racan, peu faites pour le théâtre, il est vrai, mais que le goût de l'époque y fit monter malgré l'auteur. Molière lui-même sacrifia au goût de l'églogue dans Mélicerte et quelques autres pièces de ce genre. Mais Guérin, le fils de sa femme, échoua quand il voulut refaire cette œuvre d'un homme de génie. La pastorale n'était plus de mode, et ne pourraiton pas voir dans les paysans de Dancourt, dans nos vaudevilles campagnards, dans les Jeannot, les Colas, les Rose et les Nanette de tous les temps, la queue dégénérée de cette comète pastorale qui rayonna long-temps de son éclat emprunté aux églogues de Virgile, et qui fit dire d'une façon hypocrite aux gens de la ville et de la cour le vers du poète latin :

O fortunatos nimium, sua si bona norint
Agricolas!...

C'était alors le temps des guerres civiles et religieuses. La Saint-Barthélemy venait d'avoir lieu,

et l'on ne débitait point encore ces fables absurdes qu'on a depuis faites à plaisir pour charger encore le caractère de Charles IX. Personne ne se vantait d'avoir chargé le mousquet avec lequel il tira sur son peuple. C'était bien assez de la vérité sans y ajouter encore la calomnie. Charles IX n'était point un Néron, mais sa mère ne valait pas Agrippine. Néron mit le feu à Rome, mais l'histoire n'a pas mentionné qu'il eût même égorgé un chrétien de ses propres mains. Néron tua sa mère la mère de Charles IX le tua. Quant à la calomnie, je n'aurais pas besoin de remonter bien haut pour en trouver en France des exemples aussi forts et aussi déplorables. Charles IX, dit la tradition populaire, tira sur son peuple d'une des fenêtres du Louvre, et des gens même ont connu celui qui chargeait le mousquet (1). Si vous

(1) Trois lettres de Charles IX, écrites le jour même de la saint Barthelemy et quelques jours après, et publiées dans le no de l'Artiste du 30 juillet 1843, offrent une singulière analogie avec cette tragédie.

Dans ces trois lettres, adressées à Pierre Levavasseur, seigneur d'Eguilly, et aux notables de la ville de Chartres, il prétend que la mort de l'amiral ne fut point un fait religieux, et il prétend conserver le traité de paix fait avec les protestans. Voici un passage de la seconde de ces lettres :

«Sa Majesté, désirant faire savoir et connoître à tous seigneurs, gentilshommes et autres ses sujets, la cause et occasion de la mort de l'amiral et autres ses adhérens et complices dernièrement en cette ville de Paris, le 24 de ce présent mois d'août, d'autant que ledit fait leur pourroit avoir été déguisé autrement qu'il n'est.

Sa dite Majesté déclare que ce qui en est ainsi avenu a esté par son exprès commandement et non pour cause aucune de religion ne

avez laissé aller votre oreille, arbitrio popularis auræ, un autre Charles, certes, le plus doux et le moins cruel des princes, devait prendre tous les matins un bain de sang. Quoi qu'il en soit, tout le monde n'avait pas, en ce temps-là, les opinions de Voltaire sur l'amiral de Coligny. La calomnie s'attaqua aussi à l'autre parti, et un nommé François de Chantelouve, gentilhomme bordelais, fit la tragédie de feu Gaspard de Coligny. Sans respect pour la tombe et la mort que l'amiral avait soufferte en martyr, François de Chantelouve le représente conspirant la mort du roi. Le roi veut lui pardonner, mais il est obligé de prévenir le complot. Mercure vient l'avertir de la part de Jupiter, et comme Coligny veut égorger tous les papistes, l'auteur a trouvé moyen de rendre Mercure et Jupiter catholiques. C'est, du reste, une des plus déplorables pièces de théâtre qu'il ait au monde, tant pour le fond que pour la forme.

y

La pièce de Pharaon, du même auteur, n'a pas de bien plus grandes qualités, mais au moins le sujet n'en est pas odieux.

Vers le même temps, Pierre le Loyer donna

contrevenir à ses idées de pacification qu'il a toujours entendu comme encore entend observer, garder et entretenir, ains pour obvier et prévenir l'exécution d'une malheureuse et détestable conspiration, faite par ledit amiral, chef et autres d'icelle et ses adhérens, complices en sa personne, dudit seigneur roy, la reine, sa mère, et messeigneurs ses frères, le roy de Navarre, et autres princes et seigneurs étaut près d'eux. »

*

le Muet insensé et la Néphelococugie; la première, comédie en cinq actes, la seconde, imitation d'Aristophane, sans actes, ni scènes, mais avec strophes, anti-strophes, alléo-strophes, pau

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Pierre Le Loyer semble s'être si bien inspiré d'Aristophane, qu'il l'égale en obscénité. C'est là le signal de ces comédies licencieuses qui viennent souvent salir la scène jusques et y compris les pièces de Corneille de Blessebois, écueil qu'ont toujours scrupuleusement évité nos grands auteurs. Nous verrons quel mérite et quel instinct de génie il a fallu à Pierre Corneille pour s'en abstenir entièrement.

En 1576, fut imprimée pour la première fois Lucelle, tragédie en prose, de Louis le Jars, secrétaire de la chambre de Henri III. C'est encore un vrai mélodrame que cette tragédie. Je crois que c'est là qu'on a employé pour la première fois, comine moyen dramatique, le poison changé en breuvage somnifère. Reconnaissance, mariage secret, prince déguisé, vengeance pour le moins espagnole d'un père, enfin le Deus sous la forme d'un apothicaire, qui vient mettre tout le monde d'accord et ressusciter les morts. La fille et son amant se jettent dans les bras du père ci-devant barbare et maintenant touché jusqu'aux larmes, et la toile tombe.

Du même temps, il y a une comédie provençale sans intrigue ni action, et parfaitement insi

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gnifiante, intitulée : Comédie de Seigne Peyre et Seigne Joan, dialogue sur la paix entre deux paysans du Dauphiné.

En 1577, nous avons de Gérard de Vivre, natif de Gant, la comédie des Amours de Theseus et de Dianira, et la comédie de la Fidélité Nuptiale : ces deux pièces font assez d'honneur à la moralité de l'auteur, qui dans la seconde était souvent sur la pente d'un sujet glissant ; mais, littérairement parlant, elles n'ont rien de remarquable.

En cette année 1571, mourut Remi Belleau, né à Nogent-le-Rotrou, en 1527. Nous l'avons vu, ami de Jodelle, jouer avec lui sa Cléopâtre devant le roi Henri II. Remi Belleau est auteur d'une comédie, intitulée la Reconnue. Cette fois-ci on ne peut pas reprocher à la pièce de manquer d'intrigue et d'action. La religieuse enlevée par le capitaine Rodomont et rendue à la vie séculière, a trois amoureux, le capitaine Rodomont d'abord, puis deux avocats, l'un vieux, l'autre jeune. La victoire finit par rester à la robe, et le jeune avocat épouse la ci-devant religieuse Antoinette. Cette pièce est fort bien conduite.

Nous ne pouvons pas en dire autant de la farce des trois suppôts de l'imprimerie, imprimée en 1578, sans nom d'auteur; pièce qui n'a rien de plaisant malgré son titre de farce et qui procède pour la liberté du langage des comédies de Pierre le Loyer.

Nous voici revenus aux églogues et aux pasto

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