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vaient point encore paru. Les véritables routes du cœur étaient ignorées; celles que présentait l'Astrate furent suivies avec transport. Rien ne prouve mieux qu'il faut intéresser, puisque l'inté rêt le plus mal amené échauffa tout le public, que des intrigues froides de politique glaçaient depuis plusieurs années. ›

Aces jugemens injustes nous pourrions en opposer beaucoup d'autres, nous pourrions dire avec Fontenelle, qui place Othon après Agésilas:

« Après Agésilas vint Othon, où tout est mis en œuvre par le grand Corneille, et où se sont unis deux génies si sublimes. Corneille y a peint la cour des empereurs du même pinceau dont il avait peint les vertus de la république. »

Avec Perrault, dans son éloge des hommes illustres :

‹ Peut-être aurait-il dû se retirer plus tôt de la carrière. Mais on peut dire que s'il est inférieur à lui-même dans quelques unes de ses dernières pièces, il y est lui-même souvent au-dessus de ceux qui se sont exercés dans le même genre. > Avec l'auteur de l'Éloge extrait de la République des lettres :

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Depuis ce temps-là, monsieur Corneille ne fit plus que se maintenir dans le degré de perfection où il était parvenu. Il fit admirer l'Héraclius, l'OEdipe, le Nicomède, le Sertorius, l'Othon.

Avec Gaillard, dont l'Éloge de Pierre Corneille

remporta le prix de l'Académie de Rouen en 1768:

Eh bien, je vous l'accorde; vos froideurs, vos injustices, ont rendu Corneille jaloux. Voyons ce qu'a produit cette jalousie, ce qu'elle produit chez les grands hommes où on l'honore du beau nom d'émulation. Je vois, pour mieux combattre ses rivaux, Corneille, déjà vieillissant, lutter contre Sophocle, dans OEdipe, contre Tite-Live, dans Sophonisbe, contre Tacite dans Othon; je le vois prendre son auguste vieillesse dans Martian et l'éclat de ses belles années dans Suréna. Puissent encore à ce prix tous les grands hommes être jaloux!»

Si nous voulions des jugemens plus modernes, certes les citations ne nous manqueraient pas, et s'il fallait joindre notre humble voix à celles d'autorités plus compétentes, nous dirions à ceux qui traitent les dernières pièces de Corneille et Othon de rapsodies, indignes d'examen : il faut que votre haine, il faut que votre colère soient évidemment un parti pris, pour que vous relisiez aux dépens de Corneille et de son Othon, la Thébaïde de Racine et l'Astrate de Quinault: que trouvezvous donc qui vous choque tant dans cette production de la vieillesse du grand homme? sontce ces quatre vers, où la sublimité de la pensée n'est égalée que par la magnificence de l'expression :

Je les voyais tous trois se ranger sous un maître,

Qui, chargé d'un long âge, a peu de temps'à l'être,
Et tous trois à l'envi s'empresser ardemment

A qui dévorerait ce règne d'un moment.

Sont-ce donc ces caractères de Vinius et de Plautine, qui sacrifient l'un sa fille, l'autre son amour à la patrie? Serait-ce cette politique admirable développée hardiment et en beaux vers dans toute la pièce? Tout cela peut être froid, ennuyeux même pour les amateurs de comédies grivoises et d'intrigues bien tendres; mais pour ceux qui ne se lassent point des beaux vers, Othon est une belle tragédie, et vous n'y trouverez point cet abus du tendre-faux qui règne dans l'Alexandre de Racine, ce malencontreux contemporain d'Agésilas, et dans l'Astrate de Quinault. Il n'y a pas jusqu'à Molière lui-même qui, au temps d'Othon, ne semble s'être reposé dans sa gloire et avoir oublié la bonne comédie et le véritable succès, pour composer la Princesse d'Elide, les Plaisirs de l'île enchantée et le Mariage forcé. Au temps d'Othon, le Quinault, le Molière et le Racine se trouvèrent presque confondus dans une désespérante nullité: seul le génie de Corneille, que l'on attaque, plana au-dessus de ses misères, comme il le faisait au début de sa carrière quand Médée l'emportait si fort sur les productions contempo

raines.

Les éloges des journalistes du temps (1) et la

(1) M. de Sallo, dans son journal des Savans, fit un grand éloge de la tragédie de Quinault.

prédilection de Voltaire n'ont pu empêcher l'Astrate de tomber dans l'oubli; elle fut tuée par Boileau; mais celui-ci ne put tuer Corneille et Othon, qu'on lit encore et qu'on admire.

CHAPITRE XXVIII.

AGÉSILAS.-ATTILA,

En réunissant dans un même chapitre ces deux pièces du grand Corneille, nous ne prétendons point porter des deux tragédies le même jugement. Mais depuis l'épigramme de Boileau, on a tellement coutume de les associer, que nous n'avons point cru devoir les séparer en cette occasion. Compagnons d'infortune, Agésilas et Attila ont tous deux, quoique dans un genre différent, des beautés qui auraient dû attirer sur eux l'indulgence, et au jugement de Boileau nous pou vons en opposer un autre.

Qu'on se garde, dit le P. Tournemine,

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