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rales avec Jacques de Fonteny, confrère de la passion qui donna la Chaste Bergère, la Galatée divinement délivrée et le Beau Pasteur. Celle-ci est la traduction dialoguée de la seconde églogue de Virgile.

Jacques de Fonteny est aussi àuteur des Bravacheries du capitaine Spavente, ouvrage traduit de l'italien, dialogue peu fait pour le théâtre; mais c'est vraisemblablement l'origine des matamores introduits depuis par l'usage dans une foule de comédies et de tragédies, et que Corneille lui-même mit avec succès dans une de ses premières pièces. C'est aussi ce nom de Spavente qui fait dire dans une pièce moderne :

J'irai croiser le fer

Avec don Spavento, capitan de l'enfer.

Adonis, tragédie en cinq actes, avec chœurs de Guillaume-le-Breton, fut imprimée en 1579. C'est un des plus piètres ouvrages dramatiques qui aient jamais été faits.

Pierre de la Rivey fit lui-même imprimer en 1579 six comédies en prose qu'il avait composées; ce sont le Laquais, la Veuve, les Esprits, le Morfondu, le Jaloux, les Écoliers, la Constance, les Tromperies, le Fidèle.

Quelques unes de ces pièces sont assez ennuyeuses; les mœurs en sont basses et le style souvent obscène; la morale finale y est souvent

peu respectée et les aphorismes qu'on y remarque, malgré leur esprit et le trait qui souvent y est heureusement lancé, peuvent mieux que les opéras de Quinault être traités de

Lieux communs, de morale lubrique.

Cependant, au milieu de tout cela, il y a de la science de comédie, des caractères bien tranchés. Mais c'était vers ce temps que Regnier le satirique commençait à poindre à l'horizon, et tout se sentait de la crapule où vivaient les gens de lettres de cette époque; il était donné seulement à quelques hommes privilégiés, comme Malherbe, Racine et Corneille, de les en tirer.

La comédie de la Veuve n'a que le titre de commun avec la comédie que Pierre Corneille fit représenter en 1634; mais dans la comédie intitulée les Esprits, il y a un admirable caractère d'avare. Molière qui prenait son bien où il le trouvait, et qui connaissait parfaitement l'ancien théâtre, pourrait bien s'être servi de Pierre de la Rivey, comme il s'est servi de Plaute, dans son admirable comédie.

En 1580, outre la tragédie d'Holopherne, d'Adrien d'Amboise, et les Plaisants devis des suppôts du Seigneur de la Coquille, faible et inepte rapsodie, il faut encore signaler l'Avare Cornu de François Chapuis, comédie en cinq actes et en vers de quatre pieds, moins libre que son

titre ne pourrait le faire supposer, facilement écrite, et dans laquelle se trouve une scène de séduction avec un diamant dont Molière a reproduit le moyen dans son Bourgeois Gentilhomme; puis encore une tragédie patriotique de Fronton du Duc, Jésuite de Bordeaux, intitulée : Histoire tragique de la Pucelle de Domrémy, autrement d'Orléans.

Ce sujet, sans contredit, le plus tragique et le plus théâtral qui soit dans notre histoire avec celui de Sainte-Geneviève, est un mélodrame dans le genre de la Pie Voleuse; il est du reste à remarquer qu'aucun de ces sujets n'a été traité convenablement. Le drame de Schiller même et la tragédie de d'Avrigny ne sont pas plus à la hauteur du sujet que la pièce du Jésuite de Bordeaux.

Les miracles et l'intervention nécessaire du ciel dans cette pièce inspirèrent Thomas-le-Coq, prieur de la Sainte-Trinité de Falaise, et lui firent composer un mystère dans le goût des pièces anciennes, intitulé l'Odieux et sanglant meurtre commis par le maudit Caïn à l'encontre de son frère Abel, ouvrage fort mal fait et qui ne put inspirer aucun intérêt, habitué que l'on était au jeu des passions humaines et aux pièces intriguées.

C'est encore un sujet avec lequel on n'a jamais pu intéresser au théâtre : le dénouement prévu, le crime odieux en sont probablement la cause. Toujours est-il que l'abbé Aubert ne put intéres

ser en 1765 avec son drame en trois actes, imité
de Gessner, intitulé la Mort d'Abel, et que j'ai vu
le public bailler avec indifférence à un petit
drame en deux actes sur le même sujet.

En opposition avec les pièces morales, il nous

reste d'Odet de Tournebu, fils du fameux Adrien

Turnèbe, une comédie en cinq actes et en prose,

intitulée les Contents, dont le style est fort libre et

où les plaisanteries des valets sont fort indé-

centes, malgré le rang de l'auteur qui fut prési-

dent de la Cour des Monnaies.

En 1582, Guillaume de la Grange, périgourdin,

donna une Didon en tout point fort inférieure au
bel ouvrage de Jodelle. Le quatrième livre de
Virgile semble n'avoir inspiré à ce la Grange
qu'une traduction dans le genre de l'Énéide Tra-
vestie de Scarron, auquel l'auteur ressemble beau-
coup par son style.

Dans le même temps, Jean de Beaubreuil, li-

mousin, fit imprimer un Régulus, tragédie sans

femmes, tragédie fort inférieure au Régulus de

Pradon, et Pierre Heyns donna deux tragédies

sacrées intitulées, l'une le Miroir des Veuves, his-

toire d'Holopherne et de Judith, et l'autre Joke-

bed, miroir des mères, tirée de l'enfance de

Moïse.

En 1583 et en 1586, on imprima aussi, sous le
pseudonyme de Messer Philone, deux tragédies
sacrées, intitulées Josias et Adonias; on les attri-
bue à Louis Desmazures, auteur de la Trilogie de

David; mais on ne voit pas la raison qui lui eût fait prendre ce pseudonyme.

En 1584, fut imprimée une comédie de François d'Amboise, frère de l'auteur d'Holopherne; elle est en prose, intitulée les Napolitains, fort spirituelle, mêlée de proverbes à la façon de Sancho et du Figaro de Beaumarchais; mais elle est fort libre, et les paroles ne pourraient passer que dans une langue comme la latine, qui dans les mots brave l'honnêteté.

Nous retombons maintenant dans les pastorales avec le célèbre Honoré d'Urfé, l'auteur de l'Astrée; il composa l'épithalame pudique en l'honneur de M. et de Mme de Tournon, et y représenta lui-même Apollon, vêtu d'une grande robe de taffetas cramoisi orange, garnie d'argent, un mantelet d'argent flottant sur ses épaules, une perruque, un visage doré et un soleil rayonnant autour de sa tête.

Il composa en outre la Sylvanire, fable bocagère en cinq actes, où paraissent les bergers du Lignon, et où l'on remarque des chœurs qui chantent les vers les plus coquets et vraiment les plus jolis du monde. C'est une pastorale dans le genre italien; n'étaient les fadeurs qui nous semblent ridicules, il y a véritablement de fort jolies choses, et l'on comprend la vogue qu'eut de son temps l'auteur de l'Astrée.

En 1584, on imprima aussi une pastorale de Joseph Duchesne, sieur de la Violette, de Genève, également auteur de l'Ombre de Garnier Stoffa

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