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ignominieux après son trépas. Ce n'est pas que style de Montchrétien, excepté dans sa pastorale, soit remarquable. Mais le choix de ses sujets est fort bon; ses tragédies sont :

Sophonisbe, sujet ancien au théâtre qu'il corrigea depuis en l'intitulant : La Carthaginoise. L'Écossaise, sujet de Marie-Stuart, traité depuis par M. Lebrun.

Les Lacènes, sujet tiré de l'histoire de Sparte. David, sujet peu fécond de la façon dont l'auteur l'a envisagé: c'est l'histoire de Bethsabée. Aman, sujet traité depuis par Racine, dans Esther.

Hector; on ne peut pas révoquer en doute le dramatique du sujet.

Nous retombons dans le mystère et dans la tragédie sainte avec le Saint-Jacques de B. Bardon. C'est encore un sermon dans le goût du temps qu'on divisait en trois points en l'honneur de la Sainte-Trinité, en douze en l'honneur des douze apótres, etc. On y recherche les vertus les plus bizarres de snombres, et Saint-Jacques y tient parfois un langage de crocheteur.

Pierre de Loudun, sieur d'Aigaliers, a aussi fait une tragédie sacrée. N'était le style de l'auteur qui fait appeler sérieusement les Chrétiens Mignons de Jésus-Christ, l'idée de la pièce serait fort bonne.

Il a été aussi heureux dans le choix du sujet des Horaces et aussi malheureux dans l'exécution,

si bien que du temps de Corneille personne ne songea que le sujet avait été traité avant lui et que lui-même devait l'ignorer. A côté de cela, nous trouvons des farces intitulées Prologue fait par un messager Savoyard, Farce joyeuse et profitable à chacun, Farce des Quiolards, tirée du proverbe normand, y ressemble à la Quiole, y fait des gestes, expression équivalente à celle-ci du jargon parisien, il fait sa téte. La dernière est fort bonne. Les proverbes populaires servant de titre à une pièce ont toujours fait un fort bon effet : Shakspeare et le titre de quelques pièces modernes sont là pour le prouver.

En 1597, J. Quyn, de Louviers, fit représenter Thobie, tragédie en cinq actes et en vers, tragédie à intervention divine, comme le sujet l'exigeait.

Jean Behourt ne pouvait aussi, à ce qu'il paraît, se passer de vœux, d'histoire sainte, et à leur défaut des divinités du paganisme; nous avons de cet auteur Polixène, où l'action roule sur un pélerinage à Rome; Esaü et Hypsicratée, où Junon, Jupiter, Mars et Alecto se contrecarrent comme dans un chant de l'Iliade.

En 1598, Jean Heudon, Parisien, fit imprimer Pyrrhe, tragédie en cinq actes, et Saint-Clouaud, en 1599. Les sujets étaient bien choisis et le second surtout était dramatique; aussi la pièce est-elle assez bien ordonnée, mais mélodramatique et mal écrite.

En 1599, Mourut Marc Papillon, seigneur de

Lasphrise, qui composa une nouvelle tragi-comique qui eût pu fournir un excellent conte à La Fontaine, mais qui ne pouvait faire qu'une pièce immorale.

· Aymard de Veins est auteur de deux tragédies tirées du Tasse, Clorinde et la Sophronic.

Louvan Geliot fit une Psyché qui ne ressemble en rien à la fameuse pièce due à la collaboration de Corneille et de Molière. Psyché veut dire l'âme comme dans les livres de .poésie moderne, et Jésus-Christ y est désigné sous le nom du Dauphin qui veut épouser Psyché : cette sainte allégorie est traduite en scène par les détails les plus grossiers et les personnages les plus obscènes.

Un anonyme dont l'anagramme est, comme il le dit lui-même, ung à lui m'ellut à gré, composa, vers le même temps, la tragédie d'Octavie.

Nous voici en présence d'une des victimes que Despréaux, qui n'épargnait pas plus les morts que les vivans, alla réveiller dans sa tombe, du Souhait qu'au vers 36 du quatrième chant de son art poétique il mit en compagnie de Corbin et de La Morlière, et contre qui Sarrazin fit les strophes qui finissent par ce vers :

La lune et le soleil, la rose et le rosier,

Il est auteur de Radegonde, tragédie en cinq actes, et de Beauté et Amour, pastorale en cinq actes également, pièces assez plates qui justifient parfaitement le mépris du satirique.

Jean de Virey, sieur du Gravier, gentilhomme Normand, fit deux tragédies sur les Machabées, sans distinction d'actes ni de scènes. On dirait que ce Jean de Virey a jadis été tourmenteur ou bourreau, à voir avec quelle complaisance il décrit le supplice des Machabées dans la première des tragédies..

De la Roque, natif de Clermont-en-Beauvoisis, fit une pastorale en cinq actes, intitulée la Chaste Bergère, où il n'y a rien de chaste que le titre.

Il paraît que dans ce temps on n'avait point encore proscrit ce mot de chaste du langage quand il s'appliquait à des personnes, comme Ménage témoigne qu'on le fit depuis quand il se défend d'avoir employé cet adjectif dans ses remarques sur les stances de Malherbe : Laisse-moi, raison importune. « Si le mot de chaste, dit Ménage, se dit encore des choses comme chastes désirs, chastes pensées mais il ne se dit presque plus des personnes, si ce n'est en parlant de Diane, d'Hippolyte ou de Joseph: j'ai pourtant dit dans mon Idylle de l'Oiseleur :

Tu pourras, déloyal, recevoir dans ce cœur
Pour la chaste Sylvie une amoureuse ardeur. »

Si j'ai rapporté cette version de Ménage, c'est pour prouver combien la langue change, et combien nous devons peu nous scandaliser de certaines expressions crues des anciens auteurs, nous

à qui certains autres termes semblent si naturels, puisqu'il s'est trouvé un siècle qui proscrivait le mot chaste, si usuel parmi nous, et que ce même siècle, formé par l'hôtel de Rambouillet, pensa adopter la locution de portefeuille d'artichaut, pour remplacer celle qui nous est familière.

La vie d'Alexandre Hardy, cet auteur si fécond et dont nous parlerons quand il s'agira de Mélite, n'est point connue. On ne sait guère de lui que sa ridicule fécondité et sa mort dans un état voisin de l'indigence. Comme Hardy touche à Corneille, et qu'on lui prête même au sujet de Mélite un mot qui caractérise le goût de ce producteur d'ouvrages dramatiques, nous en parlerons quand nous en viendrons à cet ouvrage de Pierre Corneille. On prétend que le nombre des pièces qu'il composa est presque égal à celui des ouvrages de Lopez de Vega; le catalogue de celles qui sont imprimées n'a rien de bien intéressant. Disons seulement qu'il est auteur d'une Mariamne qui a bien pu fournir à Tristan l'idée de la tragédie si fameuse qui coûta la vie à Mondori, et que la Lucrèce, dont il fit le titre d'une tragédie, n'est point la Lucrèce romaine qu'avait mise au théâtre Nicolas Filleul, et que prirent plus tard pour sujets Chevrau et du Ryer.

On a dit, pour marquer l'immoralité qui régnait sur la scène avant Corneille, que le viol réussissait dans les pièces de Hardy. En effet, cet auteur, quoique respectant plus la décence

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