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de Billard mais on prétend que Corneille a pris dans la dernière scène de la Rosemunda l'idée du dénouement de Rodogune, assertion que nous nous réservons d'examiner en son lieu.

Le sujet de Henri-le-Grand est assez bien conduit, et n'était la personnification de Satan qui conseille Ravaillac, ce serait un bon gros mélodrame, bien serré, bien charpenté, dans le genre de la Chambre ardente.

J. Nérée est auteur du Triomphe de la Ligue, un des ouvrages sans contredit les mieux conduits ́et les mieux pensés de ce temps. On peut reprocher au sujet la trop grande actualité et le souvenir trop récent de partis pour lesquels les passions fermentent. Cette œuvre est ce que serait maintenant un drame de Napoléon, vraiment sérieux. Le poète a sacrifié au vieux goût aristophanesque de l'anagramme. Ainsi les héros s'appelaient Giesu (Guise), Jeusoye (Joyeuse), etc. ́

Racine n'a pas dédaigné de prendre quelques · pensées dans cette œuvre pour les transporter dans ses meilleurs ouvrages.

Nicomède interroge Constance pour savoir si, en parlant comme il parle, il ne craint point les ligueurs.

Constance répond :

Je ne crains que mon Dieu, lui seulje redoute.

Constance dit autre part :

Celui n'est délaissé qui a Dieu pour son père,
Il ouvre à tous la main; il nourrit les corbeaux,
Il donne la viande aux petits passereaux,

Aux bêtes des forêts, des prés et des montagnes ;
Tout vit de sa bonté, etc.

Dirait-on pas la matière sur laquelle Racine a fait ces vers charmans :

Dieu laissa-t-il jamais ses enfans au besoin, etc.?

en ayant toutefois le bon goût de supprimer les corbeaux, dont la nourriture ne présente pas à l'œil une image bien gracieuse. Certes si les Scudéris se fussent acharnés contre l'Athalie de Racine, comme ils le firent contre le Cid, ils n'eussent pas manqué de crier au plagiat; mais le goût était déjà éclairé dans ce temps là, et l'on n'aurait pas su où lui faire ce reproche; Racine n'avait d'ailleurs pas de cardinal contre lui, et il avait pour lui Boileau Despréaux.

Le sujet de Panthée inspira Guérin d'Aronière, qui fit imprimer en 1608 une tragédie sur ce sujet. Le goût des concetti devait alors être à son comble; car on peut se convaincre, en lisant quelques vers de cette pièce, qu'elle est au moins du galimatias simple, et je la soupçonne violemment de galimatias double.

J. Estival est auteur du Bocage d'Amour, faible pastorale où les bergères ne sauraient être accusées de jansénisme pour leurs mœurs, et Daniel d'Anchères, d'une tragédie en prose et en vers,

intitulée Tyr et Sidon, espèce d'imbroglio informe et embrouillé que l'on a peine à démêler.

Nicolas chrétien, sieur des Croix, né à Argen- ́ tan, est auteur de trois tragédies intitulées les Portugais infortunés, Ammon et Thamar, et Alboin, sujet déjà traité, comme nous l'avons vu, par

Claude Billart.

Toutes ces tragédies sont fort libres : dans Alboin, la princesse Rozemonde passe constamment son temps à être adultère pour se débarrasser de ses maris au moyen de ses amans; puis enfin elle meurt de la moitié d'une coupe empoisonnée dont l'autre moitié a déjà mis la mort dans les veines de son dernier époux. On a reproché à Dubartas d'avoir intitulé le soleil le Grand duc des chandelles; mais Nicolas Chrétien doit partager ce reproche, car il dit dans la pastorale de Céphale, en s'adressant au soleil :

Souverain roi des célestes chandelles.

Jehan le Saulx d'Espanay partageait les goûts du dernier auteur d'Alboin pour le sang et les morts, car il a composé une tragédie intitulée l'Adamantine, dans laquelle tout le monde se tue ou est tué, excepté une reine que l'auteur aura sans doute laissé vivre par mégarde.

Une fort mauvaise tragédie protestante et allégorique du même temps, portę pour nom d'auteur les initiales J. D. C. G.

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Dumas est l'auteur d'une pastorale intitulée Lydie, imprimée en 1609, et Chevalier, d'une autre intitulée Phylis, dans laquelle il s'agit d'un mariage mixte, faibles productions, dont la dernière cependant est remarquable par la longueur et la fréquence de ses monologues.

Adrien de Montluc, prince de Chabannais, petit-fils du fameux maréchal de Montluc, que l'on a mis en scène dernièrement lui-même, est auteur de la comédie des Proverbes.

Cette pièce eut dans son temps un succès prodigieux qu'il faut attribuer à l'adresse avec laquelle l'auteur a su placer différens proverbes et égayer la scène par un capitan, comme c'était alors la mode.

Isaac du Ryer, père de l'auteur de Scévole, est auteur de quatre pastorales, témoins irrécusables de la liberté du langage de ce temps-là.

Jean Auvray, avocat au parlement de Rouen, est auteur de Madonte et de Dorinde, tragédies, et de l'Innocence découverte, tragi-comédie. Auvray passe pour un des bons poètes de son temps. Mais tous les avocats de Rouen n'étaient pas destinés, à ce qu'il paraît, à réformer la licence du théâtre. Le langage d'Auvray, dans l'Innocence découverte, rappelle le cynisme de Rabelais, et il y a une certaine scène où un valet raconte à un médecin l'énigme du Mercure galant de Boursault, mise en action; dans Dorinde, la liberté de lan

gage rappelle plutôt certaines descriptions de Piron.

Une chose étrange, c'est le rapprochement de deux vers de la fin de cette pièce et d'un mot de la plus joyeuse farce moderne. Dans la parade des saltimbanques, Sosthène dit: Mon père ne veut rien entendre; à quoi Bilboquet répond: II entendra peut-être le tambour. Le roi, à la fin de la pièce d'Auvray, ordonne que l'on donne une fête, et cela lui fait naître cette réflexion :

Que si les dieux au ciel ne sont devenus sourds,
Ils apprendront la paix par le bruit des tambours.

René Bouchet, sieur d'Ambillon, est auteur d'une pastorale en cinq actes, prose et vers, et P. Dupeschier, d'une autre pastorale allégorique, intitulée l'Amphithéâtre pastoral, poème bocager dans lequel Hispania et Flores, Lys-de-Feur et Francia se permettent certaines privautés qui ne donnent point une bonne opinion de la pudeur des personnages allégoriques.

Paul Ferri est l'auteur d'Isabelle, pastorale imprimée en 1610. Cette pastorale ressemble à toutes celles du temps, elle est de plus compliquée d'un déguisement et d'une reconnaissance.

Dans le même temps fut imprimée la tragédie de Phalante, sans nom d'auteur. Jehan le Saulx, dans son Adamantine, avait fait suicider tous ses

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