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Parmi ces défauts ou ridi cules qu'il entreprit de combattre, la Médecine fut un des objets auquel il s'attacha davantage; mais il la traita bien différemment felon les différens tems. D'abord il y montra beaucoup d'aigreur, & même de licence; mais dans la fuite il y mit plus de modération & moins de fiel : la premiere maniere, en fe rapprochant du mauvais Comique reçu avant lui, fervoit moins au but qu'il s'étoit propofe; au lieu que la feconde plus douce & plus infinuante, étoit plus propre à la correction des mœurs, & rempliffoit mieux fon intention.

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Scene 3.

Dans l'Amour Médecin, Mo- Acte 2. liere introduit fur le Théatre quatre Médecins qui s'enferment pour confulter: pendant toute la Scéne, leur conversation ne rou

le

que fur des objets tout-à-fait étrangers à la maladie pour laquelle ils font appellés ; & cependant, fans en avoir dit un mot, ils finiffent par donner hardiment leurs ordonnances pour la malade. Voilà fans contredit le trait le plus piquant que Moliere ait jamais lancé contre les Médecins, & néanmoins dans toute la Scéne, il n'y a pas un mot de mépris ou d'infulte; c'eft qu'un tel procedé mis fur le Théatre devient feul une critique amere.

L'art avec lequel Moliere fait fentir la différence des deux manieres de critiquer eft admirable; car je ne doute point qu'en faifant dire à Filerin l'un des quatre Médecins, dans la Scéne premiere du troifiéme Acte, les chofes les plus fortes contre la Médecine, il n'ait voulu mettre

les

les Poëtes & les Spectateurs à portée de comparer ces deux manieres, & apprendre aux uns la route qui méne à une excellente critique; & aux autres le fentiment qu'ils en devoient concevoir.

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Si dans la Comédie de GeorgeDandin, Moliere s'eft fervi des couleurs les plus vives & les plus fortes pour critiquer les mœurs il en a emploïé auffi de plus douces dans la Piéce du Mariage forcé. Et comme il falloit dans les commencemens ne pas heurter de front le goût régnant, pour parvenir enfuite à le détruire il s'eft prêté quelquefois à l'ancienne maniere; mais il faut convenir que la feconde dont il s'est fervi, eft la feule dont les Poëtes devroient faire ufage, & dont Moliere doit être regardé comme l'inventeur & le modéle.

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ARTICLE SEPTIE'ME.

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Du Dénoument.

E ne croi pas qu'il foit poffible de donner une régle sûre pour bien imaginer & bien amener un dénoument:cet art dépend autant de l'ordre & du mouvement que l'on a donné à une action, que de la façon dont on l'a fait marcher la gradation des incidens, & les & les furprises de Théatre doivent être maniées dans un dénoument avec beaucoup de fageffe, & ces coups de Theatre peuvent quelquefois produire de grandes beautés, & quelquefois auffi de grands défauts. Ce qu'il y a de fingulier ici, eft que la chaleur & le froid, fi on peut ufer de cette expreffion, peuvent également fer

vir aux vûes de l'Auteur. Le tout

confifte à fçavoir juger dans quelles circonftances il faut mettre du feu,& quand l'intrigue doit être dénouée froidement. Mais pour apprendre ce mystére, il n'y a d'autres Maîtres à confulter, après la pratique des grands Poëtes, que l'efprit & le bon fens.

Moliere

On décide ordinairement que Dénoules dénoumens de Moliere, bien ment des loin d'être parfaits, font très-dé- Fables de fectueux. Cette décifion me paroît d'autant plus injufte, que Moliere, à mon avis, eft fupérieur dans cette partie à ceux qui l'ont précédé, & peut-être à ceux qui l'ont fuivi. Il ne faut, pour qu'examiner

s'en convaincre

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avec attention fes dénoumens ; mais avant que d'entrer dans cet examen, je croi devoir dire un mot du dénoument du Tartufe,

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