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On remarque dans les Ouvrages de Moliere que les caractéres qu'il a choifis, fi on excepte celui du Misantrope, font pris dans le ridicule ou le plaifant; auffi fes Piéces étant tout à la fois des Piéces de caractéres, & des Piéces rifibles, elles ont toutes les qualités néceffaires pour plaire felon les régles anciennes, & l'ufage préfent. J'avoue donc fincerement que dans les différens genres de Comédies diftingués par les Anciens, je ne rougirai pas de fuivre plutôt Moliere que Plaute, & Térence, tout célébres qu'ils font l'un & l'autre.

ARTICLE TROISIE'ME.

JE

Du Ridicule.

E ne déciderai point si Aristote, en parlant du ridicule, a prétendu donner une définition complete de cette partie de la Comédie ou s'il l'avoit renvoïé au Traité que l'on foutient que nous avons perdu. Mais les opi nions des Interprétes étant partagées fur cet article, j'efpere qu'il me fera permis de dire auffi men fentiment.

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Si Ariftote a défini le ridicule il eft certain du moins qu'il ne l'a défini qu'en général, & qu'il ne l'a pas expliqué d'une maniere qui levât toutes les difficultés. Le ridicule, dit-il, eft une difformité indifpenfablement néceffaire à la Comédie or il eft certain

qu'il y a deux efpéces de difformité; l'une d'efprit, & l'autre de corps. Ariftote décide en peu de mots, que la difformité ne doit point caufer de peine ni de douleur à celui en qui elle fe trouve & donne même pour exemple de la difformité du corps, un vifage difforme & contrefait qui ne fouffre point. Mais comme il ne dit rien de celle de l'efprit, on peut préfumer avec raifon que S'il en avoit donné un exemple, ç'eût été le vice, ou le ridicule que comporte chaque caractére, ainfi que nous l'avons dit dans le premier Livre. Puifque cet exemple nous manque dans la Poëtique d'Ariftote, on peut propofer à la place, ou l'extravagance d'un vieillard éperdument amou reux d'une jeune fille dont il eft la dupe, fans qu'il lui en arrive cependant aucun malheur; ou

les craintes mal fondées d'un a vare qui croit avoir perdu fon: tréfor. Car, fuivant les princi-, pes d'Ariftote, les Spectateurs ne: pourroient pas fe réjouir du ridicule d'un vieillard amoureux qui deviendroit fou par la violence de fa paffion : ou du ridi-. cule d'un avare, qui par un vol réel fe trouveroit réduit à la mendicité. Il en feroit de même des vices ou des paffions qui excitent l'indignation ou la pitié; parce. que le plaifant ou ridicule étant incompatible avec de pareils mouvemens, ces fortes de fujets ne conviennent point à la Comédie. Cependant plufieurs Modernes ne font pas exempts de ce défaut, & Moliere lui-même y eft tombé dans fa Piéce du Tartuffe un caractère auffi odieux que celui-ci devant plûtôt attirer l'indignation des Spectateurs

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que produire des plaifanteries. Quoique Moliere ait tourné ce

caractère avec tout l'art dont il étoit capable, & qu'il ait tâché de le rendre plaifant par les perfonnages qui y ont du rapport, il eft cependant vrai que dans le fonds Tartuffe n'est point auffi ridicule qu'il eft méprisable; fon caractére eft du genre de ces vices, qui au lieu de plaifant ou de ridicule, ne préfentent rien qui ne rebute & ne révolte les honnêtes gens.

Il eft facile de remarquer dans les deux Comiques Latins, combien le ridicule de la Comédie des Anciens étoit foible, en comparaison de celui des Modernes. Si je ne connoiffois pas Moliere, je ferois de l'avis de ceux qui pour caractériser ces deux Comiques Latins, difent que Térence fait rire au dedans, & Plaute am

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