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tenir un ftyle poëtique, comme de trouver, fans fortir du vrai, des chants qui foient à la fois naturels & gracieux. Mais on ne fçauroit être pathétique fans avoir du génie, & il fuffit d'avoir profeffé l'Art, même quand on s'y feroit appliqué fans génie, pour compo fer fçavamment en mufique, ou pour rimer richement en poëfie.

SECTION XLVI.

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Quelques réflexions fur la Mufique des Italiens. Que les Italiens n'ont cultivé cet Art qu'après les François & les Flamands.

CE difcours paroît me conduire na turellement à parler de la différence du goût des Italiens, & du goût des François fur la mufique. Je parle du goût des Italiens d'aujourd'hui beaucoup plus éloigné du goût des François, qu'il ne l'étoit fous le Pontificat d'Urbain VIII. Quoique la nature ne change point, & quoiqu'il femble par

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conféquent que la mufique ne dût point changer de goût, elle en change néanmoins en Italie depuis un tems. Il eft en ce pays-là une mode pour la mufique, comme il en eft une en France pour les habits & pour les équipages. . Les Etrangers trouvent que nous entendons mieux que les Italiens, le mouvement & la mefure, & qu'ainfi nous réuffiffons mieux que les Italiens dans cette partie de la mufique, que les anciens nommoient le rithme,, En effet les plus habiles violons d'Italie exécuteroient mal, je ne dis pas les Tymphonies caractérisées de Lulli' mais même une gavotte (a). Itali.longioribus utuntur flexibus, unde ridentur à Gallis, veluti qui uno formando pfalmate utrumque exhauriunt pulmonem.Galli præterea in fuo cantu rithmum magis obfervant quàm Itali, unde fit ut apud il los complura occurant cantica quæ concinnos & elegantes admodum habent motus. Quoique les Italiens étudient beau coup la mefure, il femble néanmoins qu'ils ne connoiffent pas le rithme, & qu'ils ne fçachent pas s'en fervir pour * (a) Voff, de Poëm, Cant. p. 123.

l'expreffion, ni l'adapter au fujet de l'imitation, auffi-bien que nous.

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Si l'Abbé Gravina ne loue pas comme Voffius; la Mufique Françoife, du moins, dit-il encore plus de mal que lui de la mufique Italienne (a). Voici fes propres paroles. Corre per gli theatri a di noftri una mufica fterile di tali effeti, (l'Auteur vient de parler des effets merveilleux de la mufique des anciens) e percio da quella affai difforme,e fi efalta per lo più quell' armonia, la quale quanto alletta gli animi stemperati e diffonanti, tanto lacera coloro che danno a guidare il fenfo a la ragione ; per che in cambio die efprimere ed imitare fuol' più tofto eftinguere ecancellare ogni fembienza di verita: fe pur non godiamo, che in cambio di esprimere fentimenti e paf fioni umane ed imitar le noftre attioni e coftumi, fomigli ed emiti come fa fovente conquei trilli tanto ammirati, la Lecora ol Canario: Quantumque à di noftri vada fargendo qualche deftro Modulatore il quale contro la commun corruttella da natural giudizio e proportion di mente portato imita anche fpeffo la natura, à cui più si fi aviccinarebbe, fe l'antica arte mufica po

(a) Della Trag. P• 70+

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teffe da fi lunghe e folté tenebre alzare il capo. Ne ci dobbiamo maravigliare fe cor rotta la poefia, fe é anche corrotta la mufica, perche come ne la Ragion Poetica accennammo, tutte le arti imitative hanno una idea commune dalla cui alteratione fi alterano tutte, & particolarmente la mufica dall' alteration della poefia fi cangia come dal corpo l'ombra. Onde corrotta la poefia da i foverchi ornamenti e dalla copia delle figure, ha communicato il fuo morbo anche alla mufica, ormai tanto fi gurata che ha perduta quafi la natural efpreffione. Ne perche recca diletto all' orchio, percio fi dee convenevole alla Tragedia reputare; poiche il diletto proprio della mufica Dramatica è quello che nasce dalla imitatione. Ma il piacer prefente nafce pri ma dalla mancanza della vera idea, e poi per accidente da quella qualfi fia modulatione di voce che lufinga e molce la parte animale, cioè il fenfo folo fenza concorfo della ragione come fa qualfi voglia canto di un Cardello, o di un Ufignuolo; ecome dalla vivezza e varietà dei colori dilet tano, fenza imitatione di verità, le Pirture Chenefi. C'eft-à-dire : La mufique que nous entendons aujourd'hui fur nos théâtres,eft bien éloignée de pro

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duire les mêmes effets que celle des anciens. Au lieu d'imiter & d'exprimer le fens des paroles, elle ne fert qu'à l'énerver, qu'à l'étouffer. Auffi déplaît-elle autant à ceux qui ont de la justesse dans le goût, qu'elle plaît à ceux qui ne font point d'accord avec la raifon. En effet, le chant des paroles doit imiter le langage naturel des paffions humaines, plutôt que le chant des Tarins & des Serins de Canarie, lequel notre mufique s'attache tant à contrefaire avec les paffages & les car dences fi vantées. Néanmoins nous avons un Muficien, qui eft à la fois grand Artifan & homme de fentiment, lequel ne fe laiffe pas entraîner au torrent (a). Mais notre poëfie ayant été corrompue par l'excès des ornemens & des figures, la corruption a paffé de-là dans notre mufique. C'eft la def tinée de tous les Arts, qui ont une origine & un objet commun, que l'infection paffe d'un Art à l'autre. Notre mufique eft donc aujourd'hui fi chargée de colifichets, qu'à peine y reconnoît-on quelque trace de l'expref

(a) L'Auteur, dit-on, entendoit parler du Buonon

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