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roit chaque jour à Geneve de nouvelles familles, pour remplir la place des bourgeois qu'on en chaf AN. 1536. foit, ou qui s'en banniffoient volontairement. On dit que Pierre de la Baume étant allé trouver l'empereur Charles V. lorsque ce prince traverfa le Piémont pour porter fes armes en France, voulut lui perfuader qu'il n'acquereroit pas moins de gloire dompter les Genevois, qu'il s'en étoit acquis dans fon expedition d'Afrique, & que Charles lui répondit qu'il le rétabliroit dans Geneve, après qu'il fe feroit rendu maître de la France. Le prélat voulant repartir à cette excufe, l'empereur l'arrêta, en bui difant: ma maison a perdu la Suiffe qui lui appartenoit, & je n'en dis rien ; & vous faites bien du bruit pour avoir perdu Geneve qui n'étoit pas à vous: ce qui obligea l'évêque de se retirer.

CIX. Charles V.reprend

Vertot hift. de

L'églife de Malthe étoit toujours fans pasteur. depuis que Clement VII. & Charles V. avoient l'affaire de l'évênommé chacun de leur côté un fujet pour remplir ché de Malthe. ce fiege. Ghinucci nommé par le pape n'y refidoit Malthe tom. 3. L pas. Bofio ou Bofius choifi par l'empereur, ne pou- 10. p. 119. voit y aller n'aïant point de bulles. Il y avoit trois ans que cette affaire duroit fans fe terminer. Enfin l'empereur chargea fon ambaffadeur à Rome d'agir conjointement avec celui de Malthe, & avec Bofius, afin d'obtenir les bulles qu'on demandoit en faveur de ce dernier. Ces miniftres ne manqueLent pas d'emploïer toutes leurs follicitations réuffir; & le pape ne paroifsoit pas éloigné de favorifer les droits & les interêts de l'empereur; mais il tiroit l'affaire en longueur par des réponses ambigues & équivoques, fur lefquelles on ne pouvoit

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pour.

аи раре.

CX.

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faire aucun fond. Bofius voïant les délais du pape, A N. 1536 alla trouver l'empereur à Naples, où il s'étoit arrêté à fon retour d'Afrique, & l'informa de l'état de fon affaire, & du refus que faifoit la cour de Rome de lui expedier des bulles. Ce rapport chagrina Charles V. qui ne pouvoit fupporter qu'on lui refusât une chofe qui lui étoit dûë de droit. Ce qui lui fit prendre la refolution d'écrire lui-même à Hécrit luimême Paul III. en termes extrémement fort & preffans. Il lui mande qu'au milieu des fêtes & des triomphes dont le peuple honore fes victoires, il a reffenti un vrai chagrin en voïant Bofius à Naples, & apprenant de lui le refus qu'on fait à Rome de lui expedier fes bulles pour l'évêché de Malthe qu'il ne s'étoit déterminé à ce choix qu'après les follicitations & les inftances continuelles qu'on lui avoit fait de la part de Clement VII. dont il lui envoïe la lettre en faveur de Bofius, afin qu'il juge du procedé de fon prédeceffeur, qui après des ré commandations fi preffantes, avoit nommé Ghinucci. L'empereur ajoute qu'il avoit cru qu'auffitôt qu'il fe feroit vû élevé fur le fiege de faint Pier re, il n'auroit pas differé à réparer l'affront qu'il avoit reçû, & à rendre justice à Bofius; qu'il apprend toutefois que Ghinucci continue à faire valfoir fes injuftes prétentions, en vertu d'une nomination mal conçue, & contre toutes les formes au mépris de fa perfonne imperiale, du grand maître & de fon ordre; qu'il fe trouve obligé de recourir à lui, pour le fupplier de finir inceffamment cette affaire, en donnant ordre que les bulles foient expediées en faveur du chevalier qu'il a nommé. Il

finit par ces paroles: je ne veux pas, faint pere, vous reprefenter que Charles V. empereur des Ro- AN. 1536. mains mérite cette grace de votre bonté paternelle, de peur qu'il ne femble que je mandie ces glorieuses faveurs, que votre fainteté sçait si bien dispenfer par pure inclination, mais feulement je la fupplic d'être perfuadée que je fouffrirai difficilement, qu'on me dépouille de ces droits qui m'appartiennent avec raifon & avec tant de justice.

Cette lettre fut envoïée par un courrier exprès à l'ambassadeur de l'empereur à Rome,avec ordre de la rendre en main propre au pape; outre cela on enjoignit à ce miniftre de faire en forte de s'aboucher avec le cardinal Ghinucci en quelque endroit hors de chez lui, & de lui faire entendre que l'empereur avoit fort défapprouvé, qu'il fe fût fait nommer à l'évêché de Malthe, & qu'il fe portât comme concurrent du chevalier Thomas Bofius nommé auparavant par ce prince en vertu de ses droits legitimes. Qu'on avoit bien voulu l'excufer pendant la vie de Clement VII. dans la perfuafion que ce pape qui s'étoit déclaré ennemi de l'empereur, l'avoit forcé à accepter cette nomination : mais que Charles V. voïant que fous le nouveau pontificat de Paul III. il continuoit fes prétentions illegitimes, & fe fervoit de mille artifices pour exclure Bofius, ce prince étoit obligé de lui faire fçavoir, que fi fes oppofitions qui ne pouvoient que l'irriter, empêchoient l'installation de Bofius à l'évêché de Malthe, il devoit s'affurer que ni lui, ni aucun de ses parens ou de fes amis, ne poffederoit cette dignité pendant la vie de l'empereur, &

CII.

faire l'empereur

au

plaintes que fait cardinal Ghi

nucci.

de fes fucceffeurs à la couronne de Sicile, quelques AN. 1536. moïens qu'ils puffent emploïer pour y parvenir. Ces plaintes ne firent pas beaucoup d'impreffion fur l'efprit de Ghinucci, qui déclara qu'il vouloit fe mettre en poffeffion de l'évêché à quelque prix que ce fut. Le bruit courut même qu'on avoit donné ordre d'expedier des bulles pour lui, & l'ambassadeur de Charles à Rome crut devoir en avertir co prince.

CXII. L'empereur en é

tre.

Sur cet avis l'empereur écrivit auffi-tôt au grand rit au grand mai- maître de Malthe pour lui enjoindre exprcffement tant à lui qu'à tout fon chapitre, qu'en cas qu'on leur prefentât des bulles du pape, pour prendre poffeffion de l'évêché de Malthe au nom du cardinal Ghinucci, qu'on lui envoïât ces bulles,& qu'on ordonnât à celui qui en feroit le porteur de fortir de cette ifle dans trois jours ; & qu'en cas que la cour de Rome fût indignée de cette conduite, & voulut éclater; Fordre devoit lui laiffer le foin de l'appaifer, en fe fervant des moïens qui conviendroient à fon honneur & à celui de la religion.

CXIII.

Le pape en parle

nucci, & tâche de le gagner.

Cette fermeté de l'empereur intrigua beaucoup au cardinal Ghi- le pape, qui fentant bien qu'il ne pourroit rien ga gner fur ce prince, prit le parti de répresenter à Ghinucci,que ne voulant pas fe brouiller avec l'empereur, en foutenant contre les raifons légitimes qu'il alleguoit, l'entreprise de fon prédeceffeur dans laquelle on connoiffoit aifément qu'il y avoit plus de paffion que de zéle, il le prioit de faire reflexion qu'il n'y auroit aucune prudence à réfuser à un fi grand prince une juftice qu'il demandoit comme une grace, dans un temps auquel il venoit

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.CXIV.

L'affaire s'accomeft fait évêque de

mode, & Bofius

de procurer de fi grands avantages à l'église en reduifant les infideles. Ghinucci entra dans les vies AN. 1536, du pape voiant qu'il ne pouvoit faire autrement & il fut conclu que ce cardinal écriroit une lettre très-refpectueuse à l'empereur, pour lui déclarer que connoiffant le défir qu'il avoit qu'on fatisfit le chevalier Bofius, il remettoit l'affaire à la décision de fa majefté, la priant feulement d'ufer envers lui de fa bonté, & d'avoir quelque foin de fon hon neur. Charles V. qui étoit naturellement porté faire du bien, concilia les interêts des deux concurrens, en obligeant Bofius à païer au cardinal une pension annuelle de neuf inille livres ; & l'empereur qui croïoit qu'il y alloit de fa gloire, que celui auquel il avoit procuré l'évêché, en jouît pleinement, le voulut dédommager de la penfion, en lui donnant en Sicile une abbaie de pareille valeur. Par ce moïen tous les differends furent terminez dans cette année 1536. & Bofius fut pourvû de l'évêché de Malthe..

à

Malthe.

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