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AN. 1537.

340.

I.

Pallav. hift.conc.

LIVRE CENT-TRENTE-HUITIE'ME.

P

les

IERRE Vorft qui avoit été envoïé auprès des princes Proteftans de la part du pape pour Affemblée des faire confentir à la tenue du concile de Mantouë, princes Proteftans à Smalkalde. n'omit rien de ce qui pouvoit faire réuffir fa négoSleidan. in com- ciation; mais les Proteftans ne voulurent jamais ment. lib. 18. pag. lui donner de réponse précise qu'ils ne se fuffent Trid. lib. 4. c. a. auparavant affemblés à Smalkalde. Vorst balança s'il s'y rendroit,parce que les ordres du pape ne portoient point qu'il parût dans cette assemblée : mais l'archevêque de Maïence lui aïant representé que fa prefence étoit nécessaire, qu'en ne s'y trouvant pas on l'accuferoit d'avoir negligé la cause de l'églife, & qu'il y avoit moins de danger pour lui à effuïer quelques reproches de la part des héreti+ ques, qu'à fe voir accufé de lâcheté par les Catho liques, il prit le parti de s'y rendre, & il y fut accompagné par le vicechancelier de l'empire Matthias Helt. Avant que de partir de Vienne, Vorst fit ce qu'il put pour avoir une conference particuliere avec l'électeur de Saxe, mais il ne put y réuffir, & tout ce qu'on lui accorda fut de paroître dans le conseil de l'électeur, auquel il prefenta deux brefs du pape. Le prince les reçut en fouriant, & comme ils étoient cachetez, il les mit fur la table fans les ouvrir, & fe retira enfuite avec les confeillers; il envoïa le lendemain faire fes excuses au nonce Vorft de ce qu'il ne pouvoit pas lui rendre visite, parce qu'il étoit preffé de partir

pour des affaires très-importantes.

I I.
Le vicechance-

lier Helt & le l'affemblée de

nonce paroiffent

Smalkalde.

Vorft voïant qu'il ne gagnoit rien, partit de AN. 1537. Vienne avec le vicechancelier, & ils arriverent tous deux à Smalkalde le quatorziéme de Février. Le lendemain quinziéme, ils fe trouverent à l'af à femblée où le vicechancelier dit, que quoique l'empereur l'eut feulement chargé de parler à l'électeur de Saxe & au landgrave de Heffe, il vouloit bien fe rendre aux volontez de ces deux princes, qui fouhaitoient l'entendre devant tous leurs alliés ; & que ce qu'il alloit dire les regardoit tous. Il entra enfuite en matiere & les affura que l'empereur avoit reçû ce qu'ils avoient dit pour fe jutifier fur l'alliance qu'on les accufoit d'avoir contractée avec les rois de France & d'Angleterre. Il s'étendit fort au long fur la guerre de François I.. en Savoie & en Piémont, & ajoûta que l'empereur avoit écrit aux membres de la chambre Imperiale de ne fe plus mêler des affaires de la religion reconnuës comme telles, parce que fouvent il y a dispute si la cause est de religion ou non, ce qui doit être décidé par les juges, plûtôt que par les parties qui y font trop intereffées. Quant à la troifiéme demande pour faire jouir des privileges ceux qui n'étoient pas compris dans la paix de Nuremberg, Helt reprefenta qu'il n'étoit pas jufte que ceux qui avoient approuvé les décrets des diétes, & qui s'étoient obligez par ferment à observer l'ancienne religion, priffent fi aifément un autre parti; que l'empereur ne le fouffriroit pas, parce que cela ne s'accordoit nullement avec la paix de Nuremberg, qu'il n'étoit permis à perfonne de fe dédire de fa

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promeffe,& d'embraffer telle religion qui lui plaît;
que cependant l'empereur examineroit après la fin
de la guerre s'il devoit ou non accorder cette troi-
fiéme demande. Après ces reprefentations Helt par-
la du concile, & remontra aux Proteftans que l'em-
pereur étoit enfin venu à bout de le faire convoquer,
& que ce prince efperoit de s'y trouver en person-
ne, à moins qu'il ne lui furvînt quelque empêche-
ment invincible. Pour vous, dit-il, aux Proteftans,
vous y affifterez fans doute ; & il ne vous convien-
droit
pas d'avoir appellé à ce tribunal, & de ne
vous y pas trouver avec toutes les nations qui fon-
dent fur cette affemblée toute l'efperance de la ré-
formation de l'églife. Il ajoûta que l'empereur ne
doutoit point que le pape n'en usât d'une maniere
digne du chef de tout l'ordre ecclefiaftique. Que
s'ils avoient quelques plaintes à faire contre lui, ils
pouvoient les porter modeftement au concile.
Quant à la forme de proceder, il dit qu'il n'étoit
pas raifonnable qu'ils la prefcriviffent à toutes les
nations; que leurs theologiens n'étoient pas les
feuls fçavans dans les chofes de la religion, & qu'il
y en avoit encore ailleurs de très-récommandables
par leur doctrine, & par la fainteté de leur vie. Que
pour le lieu, ils devoient bien avoir quelque égard
à la commodité des autres nations;
; que
Mantouë
étant proche de l'Allemagne, le païs étant fertile,
fain, & fujet à un prince feudataire de l'empire, le
pape n'y avoit aucun pouvoir ; & que s'il leur fal-
loit de plus grandes affurances, l'empereur étoit
prêt de les leur donner.

Le lendemain qui étoit le feiziéme Helt traita
féparément

.

AN. 1537.

féparément avec l'électeur de Saxe, & témoigna l'eftime que l'empereur faifoit de lui, & l'empref- ticulier avec l'ésement de ce prince à lui en donner des preuves; lecteur de Saxe. ajoûtant que ce qui l'avoit empêché de le lui té- sleidan. in comm. moigner, venoit de la difference de religion : mais lb. 1. p. 344. qu'aujourd'hui il y avoit lieu d'efperer une parfaite union par le moïen du concile publié & convoqué, & qu'il le conjuroit de ne point frustrer ses efperances, & d'envoïer des ambaffadeurs à ce concile, afin que tout differend ceffant, la concorde pût être parfaite. Que s'il le refusoit, il pouvoit aifément prévoir les inconveniens qui s'enfuivroient, & dont il ne feroit plus le maître alors de fe débarraffer. Enfin il ajoûta que l'empereur aïant supporté feul tous les frais de la chambre imperiale, & de laguerre, il prioit que felon la coûtume établie dans l'empire, il voulut bien y contribuer comme les autres princes avoient promis de le faire. L'électeur répondit que toutes ces demandes regardant fes alliez auffi bien que lui, il en délibereroit avec eux, & feroit réponse au vicechancelier.

IV. Réponse des Pro

teftans au difcours

du vicechancelier

lib. 11. pag. 344.

Le vingt-quatrième de Fevrier les princes Protestans répondirent qu'ils étoient fort rédevables à l'empereur des bonnes difpofitions dans lesquelles Helt il paroiffoit être à leur égard; mais qu'aïant cn- sleidan. in comm. tendu ceux d'Ausbourg ils ne pouvoient le féparer d'eux. Qu'ils le remercioient de ce qu'il vouloit bien maintenir la paix de Nuremberg; & que quant aux jugemens de la chambre imperiale, & du chagrin qu'il avoit eu de voir l'adminiftration de la juftice retardée;ils avoüoient qu'ils en avoient fenti la difficulté, dans le temps que l'archevêque

Tome XXVIII.

T

de Mayence & le prince Palatin étoient les méAN. 1537. diateurs de cette affaire; mais qu'après plusieurs déliberations, on ne trouva pas de plus sûr expedient pour affermir l'état, que de ne point toucher à la religion jufqu'au concile general de toute l'Eu-. rope, ou national de toute l'Allemagne : fans quoi on verroit tous les jours de nouveaux troubles; qu'ils étoient fort sensibles à la commiffion qu'il avoit donnée aux juges de la chambre, de juger de la qualité des caufes, parce qu'ils croïoient que tous ces procez regardoient la religion, & que par confequent ils ne pouvoient être jugez par fentence définitive, si auparavant les differends de la religion n'étoient terminés par un concile legitime.

V.
Ils refufent d'ac-

Mantoue.

A l'égard du concile indiqué à Mantoüe, ils cepter la convo- dirent d'abord qu'ils avoient eû copie de la bulle cation du concile du pape Paul III. pour la convocation de ce conciSleïdan. ut fuprà le, & qu'il leur avoit paru que la penfée du fouPallay, in hift. verain pontife étoit bien differente de celle de Conc. Trid. L. 4.c. l'empereur. Et reprenant enfuite tout ce qui s'é

P.347.

toit paffé fous Adrien VI. & Clement VII. ils concluoient que Paul III. fe propofoit le même but, & tendoit à la même fin, qui étoit de condamner leur doctrine par un certain préjugé, qui la faifoit paffer pour hérefie, au lieu de s'applià réformer les erreurs & les vices de fon églife, dont il y avoit fi long-temps qu'une infinité de gens de bien gémiffoient amerement. Enfuite ils alleguerent les raifons pour lefquelles le pape ne pouvoit être juge dans le concile, ni ccux qui lui étoient attachez par ferment. Ils ajoûtent que le

quer

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