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évêques, ou que ceux-ci étant cardinaux ne fussent AN. 1537 point obligez de quitter leur diocese pour venir à la cour de Rome : car tant que le faint fiege fouffrira cet abus pour lui-même, comment pourra-t'il le réformer dans les autres ? Si l'on est dispensé de la refidence parce qu'on eft cardinal,comment perfuadera-t'on aux autres évêques que la résidence est néceffaire, & qu'ils doivent absolument la garder? Fera-t'on croire que ces cardinaux aïent plus de droit de tranfgreffer la loi parce qu'ils font membres du facré college? Au contraire, n'en ont-ils pas encore moins, puifque leur vie doit fervir de loi aux autres? Cet ufage eft encore plus préjudiciables dans les déliberations qui fe font à Rome fur le affaires de l'églife; car les cardinaux briguent des évêchez auprès des rois & des princes dont ils dépendent dans la fuite, enforte qu'ils ne peuvent plus dire leur fentiment avec liberté, & que quand ils le pourroient ou le voudroient, l'interêt cft capable de les aveugler.

XXVI.

TO. & II. abus de

diocéfes & des

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Le dixiéme abus régarde la réfidence princila réfidence des é palement des évêques. Y a-t'il fpectacle plus digne vêques dans leurs de compaffion, disent les députez, que de voir les cardinaux à Ro- églifes prefque partout abandonnées avec les troupeaux, qui font fous la conduite des mercenaires ? Pour y rémedier ce n'eft pas affez de punir feverement ceux qui abandonnent ainfi les ames confiées à leurs foins, & proceder contre eux par cenfures & des excommunications, il faudroit les priver du revenu de leurs benefices, fi ce n'est que par grace on leur ait permis de s'absenter pour quelque temps. Les anciens canons ne permettent pas

des

à un évêque d'être abfent de fon diocese pendant plus de trois semaines; cependant, l'on voit plufieurs évêques s'absenter des années entieres ; & un grand nombre de cardinaux absens de Rome, fans faire aucune fonction de leur dignité. On ne nie pas qu'il ne foit quelquefois à propos d'en retenir quelques-uns dans leur païs ou dans les differens roïaumes de la chrétienté, pour contenir les peuples & les princes dans l'obéiffance au saint fiége; mais le meilleur feroit qu'il y en eut un grand. nombre à Rome, & qu'on y fit revenir la plûpart, afin d'y faire leurs fonctions, & réparer par leur prefence toutes les brêches qu'on fait à la cour Romaine.

Le douzième abus qu'on devroit encore reformer, continuent les prélats, confifte dans l'impunité à l'égard des méchans, en forte que ceux qui méritent d'étre châticz trouvent beaucoup de moïens pour se souftraire de la jurifdiction de leur évêque, & s'ils ne le peuvent, ils ont recours au pénitencier, duquel ils rachetent en argent la peine dûë à leurs crimes; ce que font particulierement les prêtres au grand scandale de la religion. C'est pourquoi nous fupplions votre fainteté, ajoûtentils, par le fang de Jefus-Chrift qui a racheté & fanctifié fon églife, de réprimer & d'abolir entierement une femblable licence, parce que nulle republique ne peut fubfifter long-temps fi les crimes y demeurent impunis, à plus forte raifon l'église. Un treiziéme abus regardoit les ordres religieux. C'est avec douleur, difent les commiffaires, que nous avoüons qu'il y a beaucoup de defordres dans

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ces maifons & des défordres fi publics, qu'ils cauAN. 1537. fent un grand scandale aux laïques. C'eft pour

XXVIII. 14. 15. & 16. abus des expeditions

fitez & impri

meurs,

quoi, notre avis est qu'on doit abolir les monasteres qu'on nomme conventuels, non tout d'un coup, ni en ufant de violence, mais en défendant aux religieux de recevoir des novices, afin qu'en laiffant mourir les anciens, on mette en leur place des gens plus reglez. Nous penfons même que dès à prefent on devroit congedier tous ceux qui ne font pas profez : & nous avertiffons les fuperieurs de prendre garde que ceux qui entendent les confeffions foient bien inftruits & de mœurs reglées, & de n'en prefenter que de tels à l'évêque pour être approuvez.

Le quatorziéme abus regardoit les légats & les nonces. Les députez difent qu'ils ne devroient rien gratuites, univer- recevoir pour les expeditions, & faire tout gratuitement; ce qui ne concerne pas feulement le pape, mais tous les beneficiers de fa jurifdiction. Le quinziéme abus concernoit les defordres qui fe commettoient dans plufieurs monafteres de religieufes conduites par des moines, & les députez difent qu'on ne pouvoit y remedier qu'en leur ôtant le gouvernement de ces monafteres pour le donner à d'autres qui fuffent hors de foupçon, & avec lefquels ces filles ne couruffent aucun danger. Dans le feiziéme abus on reprend la conduite de plufieurs univerfitez, qui fouffroient qu'un grand nombre de profeffeurs en philofophie, propofaf-. fent des queftions pleines d'impieté, foutinffent des thefes impies jufques dans les églifes ; & qu'on y traitât même des queftions de théologie d'une

maniere peu édifiante devant le peuple. C'eft pourquoi, difent les prélats députez pour la réforma- AN. 1537. tion, il faut ordonner aux évêques que dans les villes de leurs diocefes où il y a college & école, ils avertiffent les maîtres de ne propofer jamais de pareilles questions, & qu'ils inftruifent les jeunes gens dans la picté & dans la crainte de Dicu, fans parler en public des matieres de theologie, en se contentant de les traiter en particulier. On doit avoir un même foin de ce qui regarde les imprimeurs, enjoignant aux princes & aux magiftrats de ne laiffer rien imprimer & publier qui foit contre les bonnes mœurs. Les députez ajoûtent que par cette raifon on devoit bannir des écoles les colloques d'Erafme, parce qu'il y a, difent-ils, des cndroits trop libres qui peuvent nuire aux jeunes

gens.

Le dix-feptiéme abus regardoit la difpenfe qu'on accordoit à quelques religieux qui avoient fait les vœux folemnels, & qui quittoient leur monaftere pour des raisons legitimes, de ne plus porter leur habit: cette difpenfe, difent les députez, ne paroît nullement raisonnable, la robe étant comme la marque & le fymbole des vœux monaftiques, & loin d'en difpenfer ces religieux, s'ils quittent leur habit, on doit les priver de leurs benefices, & de toute fonction ecclefiaftique. Le dix-huitiéme abus rouloit fur les quêteurs de faint Antoine, & d'autres de même forte qu'on fouffroit tromper le fimple peuple, & l'engager dans beaucoup de fuperftitions. Le dix-neuviéme confiftoit dans les difpenfes de mariage qu'on accordoit à ceux qui

ΧΧΙΧ.

17. 18. 19. & 20. dent les religieux mariage.

abus qui regar

& les difpenfes de

étoient dans les ordres facrez : ce qu'il ne faut jaAN. 1537. mais souffrir, dit l'écrit de réformation, fi ce n'est pour de grandes raisons, comme la confervation d'un peuple entier, ou des caufes publiques & de confequence. Et parce que les Lutheriens veulent que le mariage foit indifferemment permis à tous, il faut les réprimer, en corrigeant un vingtiéme abus touchant les difpenfes pour les mariages entre parens ou alliez. Nous fommes donc d'avis, difent les députez, qu'on ne devroit point accorder ces difpenfes dans le fecond dégré, s'il n'y a cause urgente, & dans les autres dégrez, les accorder plus facilement, le tout fans argent, à moins à moins que les deux parties n'aïent eu habitude ensemble; auquel cas il eft permis de leur impofer une amende pecuniaire, laquelle sera emploïée en bonnes œuvres &

XXX.

21. 22. 23. & 24,.

des biens d'églife,

&C.

en aumones.

Le vingt & uniéme abus qui regarde la fimoabus de la fimo- nie, dit que ce peché qui tire fon nom de Simon nie de la legation le magicien, a fait de fi grands progrez & eft aujourd'hui fi commun dans l'églife, que la plûpart n'ont aucune honte de le commettre, qu'on peche hardiment, & qu'avec quelque argent on croit avoir expié fon crime, & l'on retient fans fcrupule des benefices qu'on n'a acquis que par des voïes très-injuftes, & très-criminelles. Nous ne nions pas, très-faint pere, ajoûtent ces prélats, que votre fainteté ne puiffe absoudre les coupables, & leur remettre la peine qu'ils ont méritée; mais pour ôter toute occafion de pécher, il faudroit les punir rigoureusement, & ne leur point pardonner. Qu'y a-t'il de plus honteux & de plus pernicicux

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