à faire amende honorable, & à confeffer publiquement à la porte de l'églife de Nôtre-Dame, qu'il avoit parlé contre le roi & contre la verité. Enfuite on le remena dans fa prifon pour être conduit & enfermé dans l'abbaïc du Mont-Saint-Michel, où il finit fes jours en 1537. Les ouvrages qu'on a de lui, font 1o. un traité de unica Magdalena, contre le livre de le Fevre d'Etaples & Joffe Clichtouë imprimé à Paris en 1519. 2°. Deux livres contre les commentaires du même le Fevre fur les épitres de faint Paul, & un troifiéme livre contre les paraphrases d'Erasme, auffi imprimez à Paris en 1526. 30. Une apologie contre les Lutheriens cachez, qui parut à Paris en 1527. 4°. Une apologie pour les filles & petits-fils de fainte Anne contre le même le Fevre. On le croit auffi auteur d'un autre ouvrage intitulé: Rétablissement de la benediction du cierge pafchal.

AN. 1537.

XLIII.
Mort de Jean-

Louis Vivés.

99.

valere André in append. bibliot.

Belgic.

Le fecond auteur eft Jean-Louis Vivés de Valence en Espagne. Il fit d'abord ses études à Paris, & alla enfuite à Louvain, où il enfeigna long- Dupin loco fup. p. temps les belles lettres, & s'acquit une fi grande réputation, qu'on le choisît pour être précepteur de Guillaume de Croy, qui fut depuis évêque de Cambray, archevêque de Tolede, & enfin cardinal, mais qui mourut très-jeune. Vivés après la mort de fon éleve paffa en Angleterre pour être auprès de la princeffe Marie fille de Henri VIII. & de Catherine d'Arragon : il lui enfeigna le latin & les belles lettres, & compofà pour elle un traité des études des enfans. Le roi d'Angleterre qui eftimoit beaucoup Vivés, alloit fouvent exprès à OxTome XXVIII.

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fort pour entendre fes leçons, mais la liberté & la AN. 1537. fincerité avec laquelle cet auteur difoit ce qu'il penfoit du divorce auquel le roi travailloit alors lui attira l'indignation du prince, qui le fit arrêter & mettre en prifon, d'où il ne fortit que fix mois après. Il paffa enfuite en Flandres & s'arrêta à Bruges, où il fe maria, & y profeffa les belles lettres jufqu'à fa mort. Il n'étoit âgé que de trente-huit

XLIV..

Ouvrages de Vivés..

ans.

Tous les ouvrages ont été récueillis en deux volumes in fol. & imprimez à Bâle en 1555. Il en a fait d'humanitez, de critique, de philofophic & de théologie. Parmi les critiques, il y a vingt livres de la corruption & de la décadence des arts & des fciences, cinq touchant la maniere d'enfeigner les fciences, où l'on trouve beaucoup d'érudition profane, & un jugement folide fur les matieres qui y font traitées. Entre ceux de théologic, il y a un traité de la verité de la religion chrétienne, divifé en cinq livres, dont le premier traite de l'homme & de Dieu; le fecond de Jefus-Chrift, où il conduit la religion depuis Noë jusqu'à Jesus-Christ, qui eft venu découvrir aux hommes des myfteres que la raifon ne pouvoit leur apprendre; entre autres celui de la Trinité. Le troifiéme livre eft écrit en forme de dialogue entre un Juif & un Chrétien, touchant le judaisme qui a fait place à la religion chrétienne. Le quatriéme livre eft contre la fecte de Mahomet, en forme de dialogue entre un Chrétien & un Mahometan. Enfin le cinquiéme livre eft de Fexcellence de la doctrine chrétienne. Il y a auffi

des commentaires fur les livres de la cité de Dieu de faint Augustin, dans lequel les docteurs de Lou- AN. 1537. vain ont cenfuré quelques endroits trop hardis & trop libres, qu'ils ont retranché dans l'édition qu'ils ont donnée des œuvres de ce faint docteur. On trouve encore de Vivés trois livres de l'ame & de la vie, les traitez des devoirs du mari, de l'inftruction d'une femme chrétienne, de la concorde & de la difcorde, de la condition des Chrétiens fous le Turc, du foulagement des pauvres, de la communication des biens, & de la guerre contre le Turc. Le triomphe de Jesus-Christ, l'éloge de la Vierge, les paraphrafes des fept pfeaumes de la pénitence, un commentaire fur l'oraifon dominicale, un office & un fermon de la fueur de Jesus-Christ, avec plusieurs prieres & méditations. Le ftile de Vivés eft pur, mais un peu dur & sec. Il affecte trop d'érudition, & imite trop fervilement les manieres des philosophes païens.

Mort de Pierre

vrages.
Petreius biblioth.

Le troifiéme auteur eft Pierre Sutor François XLV. de nation. Etant docteur en théologie de la fa- Sutor & fes ouculté de Paris, il entra dans l'ordre des Chartreux, où par fon mérite il s'éleva aux principales char- Carthufiana. de cet ordre; il mourut le dix-huitiéme Juin des aut. tom. 14. ges de l'an 1537. L'on a de lui plufieurs ouvrages de P. 17-77. 158. critique & de controverfe,qui n'ont pas eu un grand fuccès. Le meilleur de fes traitez eft celui de la vie des Chartreux, compofé en deux livres, fous ce titre : Vita Carthufiana inftituta, imprimé à Paris en 1522, à Louvain en 1572. & à Cologne en 1609. Il a auffi foutenu contre Jacques le Fevre

dans

d'Etaples les trois mariages de fainte Anne, AN, 15:37. un écrit intitulé de triplici D. Anna connubio, imprimé à Paris en 1523. On a encore de lui un traité de la puiffance de l'église imprimé à Paris en 1546. & un écrit contre les Anticomarites imprimé dans la même ville en 1525. Mais fon principal ouvrage cft contre Erasme dont il fut un des plus zélez adverfaires. Il fit d'abord pour le réfuter une apologic pour la Vulgate, enfuite une antapologie imprimée en 1523. un traité de la traduction de la bible, & de la condamnation des nouvelles versions, qui fut imprimé en 1525. Dans fon livre contre les nouveaux traducteurs de l'écriture fainte, il avoit recueilli une partie de ce qui avoit déja été dit contre la verfion & les notes d'Erafme par differens auteurs.

Le quatrième auteur cft Jacques le Fevre d'Etaples, ainfi nommé du nom de fa patrie, petit bourg fur la mer en Picardie affez près de Boulogne, où il étoit né vers l'an 1445. C'étoit un homme d'une très-petite taille & de fort baffe naissarce, mais d'un bon efprit, foutenu de beaucoup d'érudition. Il fit fes études dans l'univerfité de Paris, où il fut un de ceux qui commencerent à chaffer la barbarie qui y regnoit alors, à faire revivre l'étude des langues, & à y donner du goût pour les fciences folides, en s'élevant au-deffus des chicanes de l'école. Il travailla d'abord fur la philofophic & fur les mathematiques, enfuite il s'appliqua à la théologic, & fut reçu docteur de la faculté de Paris mais s'étant rendu fufpect de Lutheranisme, il fut obligé de quitter Paris, & de fe

retirer à Meaux dont Guillaume Briçonnet qui aimoit les sciences & les véritables fçavans étoit évê- .A N. 1537que. Le Fevre entra d'abord affez avant dans fa confiance, & fut lié avec Guillaume Farel, Arnaud & Gerard Rouffel qui étoient alors dans ce diocéfe, où ils répandoient les femences de l'hérefie de Calvin, qui n'y fructifierent que trop dans la fuite. Le parlement de Paris toûjours zélé pour la faine doctrine, aïant été informé de la féduction que ces nouveaux docteurs introduifoient, , у сп voïa des commiffaires pour tâcher d'arrêter ce mal. Mais Farel & les autres prirent la fuite, & le Fevre qui avoit aufli raifon de craindre pour lui-même, les imita, & fe retira à Blois d'abord, & enfuite en Guyenne. Pendant ce temps-là la faculté de Paris le dégrada de fa qualité de docteur, & ne voulut plus le reconnoître pour un de fes membres. D'un autre côté le parlement voulut proceder contre lui, quoiqu'abfent; mais François I. qui étoit alors prifonnier à Madrid, empêcha ces pourfuites, & défendit qu'on fit aucune procedure contre le Fevre, jufqu'à ce que lui-même fut de retour de Madrid, & en état d'examiner les accufations intentées contre ce docteur. On croit que le Fevre dut cette grace de François I. aux follicitations de Marguerite reine de Navarre fœur de ce prince : car elle eftimoit le Fevre, & lui donna une retraite à Nerac où il joüit d'une entiere liberté jufqu'à la mort, qui arriva cette année 1537. Il étoit dans un âge fors avancé.

On dit que le jour de fa mort dînant avec la