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XLVII.

La mort.

Colomier, Mé

langes hiftoriq. p. 2. & fuiv. Jurieu hift. du

1. in 12. p.148. suiv.

reine Marguerite & quelques autres fçavans, que AN. 1537. cette princeffe invitoit fouvent chez elle, il parut Circonftances de trifte pendant le repas, & verfa même des larmes. La reine lui aïant demandé la raison de sa tristesse, il répondit que l'énormité de fes crimes le jettoit dans ce chagrin. Je fuis, dit-il, âgé de cent-un ans, j'ai toûjours vécu d'une manicre fort.chafte, à l'égard des autres paffions qui précipitent les hommes dans le defordre, je fens ma confcience affez en repos; mais je compte pour un très-grand crime qu'aïant connu la verité, & l'aïant enseignée à plufieurs perfonnes qui l'ont fcellée de leur propre fang, j'ai eu la foibleffe de me tenir dans un azile, loin des lieux où les couronnes des martyrs fe diftribuoient. La reine qui étoit fort éloquente le raffura, il fit fon teftament de vive voix, s'alla mettre fur un lit, & y fut trouvé mort peu d'heures après. La reine le fit enterrer fort honorablement fous le même marbre qu'elle s'étoit deftinée. Le Fevre laiffa fes livres à Gerard Rouffel, & fes autres biens aux pauvres. Mais on a tout lieu de douter de la verité de ce recit.

XLVIII. Ses ouvrages.

Erafm.epift. 9. 33 in 51.lib. 3.

Les ouvrages de Jacques le Fevre font 1°. quelques traitez de philofophie & de mathematique. 2o. Un écrit contre Erafme fon ancien ami, qui Simon. hift. crit. fe défendit folidement. 3°. Une traduction franN. Tech.34. pag. coife des quatres évangiles, une version latine des épitres de faint Paul avec des notes critiques

des comment. du

438,

& un commentaire où il cenfure affez fouvent la verfion vulgate. Il fit de femblables notes, & un pareil commentaire fur les évangiles & fur les épi

tres des autres apôtres. La traduction françoise fut imprimée à Paris par Simon de Colines en 1523. avec privilege; mais l'auteur n'y mit point fon nom. Quoiqu'il faffe paroître de l'érudition dans fes notes & dans fon commentaire, & qu'il s'éloigne autant qu'il lui eft poffible de la barbaric des théologiens de fon temps, il paroît néanmoins très-foible dans tout cet ouvrage, foit pour F'interprétation, foit pour la latinité. Sous Clement VIII. les inquifiteurs de Rome mirent au nombre des livres défendus fon commentaire furt tout le nouveau testament, jusqu'à ce qu'il fut corrigé.

AN. 1537

XLIX.
Son traité des

Un autre ouvrage de cet auteur, contre lequel plufieurs s'éleverent, fut fon traité des trois Mag trois Magdeleines. deleines, imprimé à Paris en 1531. dans lequel il avança que la femme pechereffe dont faint Luc parle au chapitre feptiéme, Marie-Magdeleine dont il est fait mention au chapitre huitième du même. Evangelifte, & Marie fœur de Lazare de: laquelle il eft parlé au chapitre onzième de faint Jean, font trois femmes differentes. Lorfqu'il publia ce livre au commencement du feiziéme fiécle les fçavans & les ignorans, les docteurs & le peuple convenoient que Marie fœur de Marthe & de Lazare, ne differoit point de la femme: pechereffe, dont parle faint Luc, & de celle que Jesus-Chrift avoit délivrée de sept démons. Les hymnes & l'office de fainte Marie-Magdeleine dans le breviaire Romain, font conformes à ce: fentiment: cela n'empêcha pas le Fevre de le combattre; il fut attaqué par Marc Grandivel cha

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AN. 137.

L.

Cenfures de quel

par la faculté de

vis erroribus t.

1o. col. I.

noine de saint Victor, & par Jean Fischer évêque de Rochester. Cette difpute échauffa fort les efprits, tant parce que les moindres innovations étoient fufpectes aux Catholiques dans ces commencemens de Lutheranifme, que parce que plufieurs n'étoient pas perfuadez de l'ortodoxie de le Fevre. Mais lorsque les animofitez personnelles curent ceffé, on commença de goûter fon fentiment qui eft depuis long-temps le plus commun, & prefque le feul qui foit fuivi par les bons critiques.

Le premier de Juillet de cette année, la faques propofitions culté de théologie de Paris cenfura plufieurs protheologie de Paris. pofitions avancées par frere Martin Piftoris DoD'argentré col- minicain. Ce religieux avoit dit dans fes fermons lect. judic. de no- & dans fes difputes, & fur tout dans fa these 1. in appendice. appellée majeure ordinaire, que faint Matthieu n'avoit point écrit fon évangile en Hebreu ; que Dieu ne nous peut récompenfer, fuprà condignum; que le fceptre n'a point été ôté de la maifon de Juda; qu'Herode n'avoit point été roi; que cet endroit de la Genese dans la prophetie de Jacob, le fceptre ne fera point ôté de fuda, n'avoit point été entendu par faint Augustin, ni par les autres faints docteurs; outre que ce bachelier en répondant à sa thefe, avoit dit avec arrogance qu'en cette queftion, il fe preferoit à tous les faints Peres & docteurs. En réparation de ces fentimens erronez, on obligea le bachelier à se retracter dans sa these appellée mineure ordinaire à affurer qu'il s'étoit exprimé avec imprudence, en foutenant de femblables erreurs dans fes actes,

&

& à protefter qu'il foutiendroit à l'avenir le contraire; & qu'il ne s'écarteroit jamais de la doctrine des faints peres; ce qu'il fit avec beaucoup de modeftie. Dans le même temps deux Augustins nommez Hardy & Morlet, furent repris pour avoir debité quelques propofitions erronées & fcandaleufes dans leurs fermons, & un religieux du grand couvent fut obligé à fe retracter, parce qu'il avoit dit que Dieu n'accorde fa gloire à aucun felon fes mérites. Enfin l'on fit un reglement pour défendre à tous de foutenir aucune propofition condamnée par l'églife & cenfurée par la faculté; & obliger tous les bacheliers & docteurs à dénoncer au doïen ceux qui prêcheroient,enfeigneroient & foutiendroient des hérefies manifestes, afin qu'il y pourvût.

Pendant que la faculté s'appliquoit ainfi à réprimer l'erreur, la nouvelle reforme ne laiffoit pas de faire des progrès confiderables en differens états. Christiern III. roi de Dannemarck, qui avoit été élu à la place de Chriftiern II. fon neveu,dès l'an 1535. fut couronné dans cette année par Jean Bugenhagen miniftre Proteftant, en presence d'Albert, autrefois grand maître de l'ordre Teutonique, & de fon époufe Dorothée fille de Magnus duc de Saxe. Cette céremonie fe fit le douzième d'Août jour de la naiffance du prince. Luther lui avoit envoïé ce ministre pour lui infpirer les erreurs, & le fuccès de fa miffion fut fi pernicieux à la foi, qu'il engagea Christiern à introduire le Lutheranisme dans fon roïaume. Il commença par Copenhague capitale de ses états, Tome XXVIII.

A a

AN. 1537.

LI Lutheranisme in

troduit dans le

Dannemarck.

Chrytraus Saxon.

lib. 15. anno 1537.

Raynald. hoc an. n. 65.

où il avoit été couronné à la maniere des Luthe

A N. 1537. riens; il chaffa tous les évêques, fit emprisonner ceux qu'il put furprendre, en les faisant déclarer rebelles, & fe rendit maître de tout le revenu des églifes, fans toucher néanmoins aux canonicats & aux prébendes qu'il voulut referver, afin de les donner aux Lutheriens. Bugenhagen voulant contrefaire le pape, au lieu de fept évêques du roïaume, ordonna fept furintendans pour remplir l'avenir la fonction des évêques, & faire executer les reglemens qui concernoient l'ordre ecclefiaftique. Cette ordination se fit le douzième du mois d'Août après le couronnement du prince. Chriftiern fit la même chofe dans la Norvege qu'il avoit conquife.

LII.

Chrétiens

ad hunc annum n.

18.

Les Chrétiens de Conftantinople coururent Dangers des égli- auffi rifque dans cette année, de voir entierement à Conftantinople. perir la religion en Orient. Soliman empereur Spond. in annal. des Turcs avoit ordonné que toutes les villes des Grecs qui avoient été prifes par force, & qui ne s'étoient pas rendu volontairement, n'auroient plus d'églifes, qu'elles feroient toutes rafées, & qu'on n'y feroit plus le fervice divin. Cet ordre inquieta beaucoup le patriarche & tous les Grecs chrétiens, qui le voïoient à la veille d'être fans églifes, & fans aucun exercice de leur religion. L'artifice qu'emploïa le patriarche pour faire révo quer cette ordonnance, fut de gagner le grand vifir, & de l'engager à faire venir deux Turcs d'Andrinople âgez de plus de cent ans, qui à force d'argent dépoferent qu'ils avoient porté les armes fous Mahomet II. étant dans le corps des

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