ÆäÀÌÁö À̹ÌÁö
PDF
ePub

1

ces excez de l'autorité que Dieu lui avoit confiée, A N. 1538. & étoit devenu plus endurci que Pharaon. Que

:

ces crimes étant avérés, il fe croïoit obligé après. avoir long-temps ufé de douceur, d'emploïer enfin contre ce prince les cenfures de l'église : Qu'ainfi, de l'avis des cardinaux, il exhortoit de nouveau ce prince & tous fes fauteurs, à revenir de leurs égaremens, à annuller leurs loix injuftes, & à en arrêter l'execution, que s'ils ne le faifoient, il les privoit, lui de fon roïaume & eux de leurs biens: qu'il ordonnoit au roi de comparoître à Rome dans trois mois au plûtard en perfonne ou par procureur ; & à fes complices & adherans de s'y rendre dans foixante jours,fous peine des plus grieves cenfures Qu'il prononçoit outre cela, que fi le roi & fes complices ne comparoiffoient dans le temps marqué, ils étoient déchus lui de fon roïaume, & eux de leurs biens; (ce que le pape néanmoins n'avoit aucun droit de faire: ) Que la fepulture chrétienne leur feroit abfolument refufée quand ils viendroient à mourir; que deflors tout le roïaume feroit en interdit; qu'il étendoit la même peine à tous les enfans de Henri & d'Anne, & à tous lès enfans de fes complices, quoique hors d'âge les déclarant incapables de poffeder aucun emploi & aucune dignité. Par une fuite de cette puiffancefans bornes que Paul III. s'attribuë ici sans aucun fondement & contre tout droit, ce pape difpenfoit de tous fermens & engagemens les vaffaux de Henri & de fes adherans, défendant qu'on les réconnût lui pour fouverain, & eux pour feigneurs; it les déclaroit infames, & les rendoit incapables

de tefter ou de porter témoignage. Ensuite il défendoit à toutes autres perfonnes, fous peine d'ex- AN. 1138. communication d'avoir aucune correfpondance avec lui, ni avec eux, foit pour affaire de commerce, ou pour quelque autre raifon que ce put être ; & dans cette vûë il annulloit tous leurs contrats, & abandonnoit au premier venu les choses dont on feroit commerce avec eux.

De plus il commandoit à tous les ecclesiastiques de fe retirer d'Angleterre cinq jours après que le terme donné à Henri feroit expiré ; & de ne laiffer dans le païs qu'autant de prêtres qu'il en faudroit pour baptifer les enfans, & pour administrer les facremens aux perfonnes qui mourroient penitentes; tout cela fous peine d'excommunication & de privation de biens. Il chargeoit enfuite la nobleffe & en genaral tous les fujets du prince, de prendre les armes contre lui & de le chaffer de fon roïaume; leur défendant de fe déclarer pour lui ou de lui donner quelque affistance. Il abfolvoit de même les autres princes des alliances faites ou à faire avec lui. Il conjuroit très-inftamment l'empereur & tous les princes Catholiques fous les mêmes peines, de ne plus entretenir aucun commerce avec lui; & en cas qu'ils en ufaffent autrement, il mettoit auffi tous leurs états en interdit. Il ordonnoit même à tous les princes & à tous les gens de guerre, en vertu de la fainte obéiffance qu'ils doivent au vicaire de Jesus-Chrift, (mais non pour de telles actions ) de faire la guerre à ce prince, pour l'obliger à rentrer dans fon devoir, de confifquer tous fes biens & ceux de fes adherans, par tout où ils

les trouveroient. Il donnoit outre cela un ordre

·A N. 138. aux évêques, que trois jours après le temps expiré, ils euffent à fignifier cette fentence au peuple dans toutes les églifes, & vouloit qu'on l'affichât dans les villes qu'on a nommées, afin que Henri & fes fauteurs en euffent connoiffance. Enfin il déclaroit que quiconque s'oppoferoit à l'execution de cette fentence, ou tacheroit d'en diminuer la force, encourroit l'indignation de Dieu & celle des faints. apôtres faint Pierre & faint Paul..

LXXII.

du pape contre

Biere.

175.

anna. Trid. lib. 4 siap. 7. 16. 20

A cette premiere bulle Paul III. en joignit une Nouvelle bulle autre dattée du dix-feptiéme Decembre 1938 pour Henri, pour faire faire executer la premiere; & après le préambule esecuter la pre- ordinaire il dit dans cette feconde: Après que nous Sanderus de eûmes refolu de faire executer nos bulles, nous fchifin. Lib. pag. fûmes priés par quelques princes & autres perfonPallavicin. hift. nes confiderables, d'en furfeoir l'execution pour quelque temps, pendant lequel Henri pourroit prendre de meilleurs confeils & fe repentir. Ce que nous leur accordâmes par une facilité communc à tous les hommes, de fe perfuader aisément ce qu'ils fouhaitent avec ardeur, & dans l'efperance que ce rétardement opereroit la converfion de Henri, loin d'augmenter fon obftination & sa folie, ainfi que l'évenement l'a fait connoître. Mais comme après trois ans de patience, nous ne voïons aucune marque de repentir, & que nonfeulement ce prince fe confirme tous les jours dans fon endurciffement & fa temerité, mais qu'il y ajoûte de nouveaux crimes, après avoir recommandé cette affaire à Dieu, nous avons jugé à propos de ne plus.accorder d'autre délai à l'execu

tion de nos bulles, que celui qui y eft porté, afin que dans ce temps le nommé Henri, fes fauteurs, complices, adherans & confeillers fe repentent de leurs nouveaux excez,ou encourent les peines portées par nos bulles,qui feront affichées à Dieppe ou à Boulogne en France,à faint André ou à Callitréam en Ecoffe.

A N. 1938.

LXXIII.
Henri fait décla

Mais les foudres du pape ne firent pas grande impreffion en Angleterre, où l'on n'étoit gueres rer les évêques en état de fe foulever contre Henri, & où d'ail- contre le pape leurs on n'eut pas dû le faire, puifqu'il faut obéir à fes princes, même fâcheux, felon le précepte de l'Apôtre, & qu'il n'y a aucune puiffance humaine fur la terre qui puiffe les priver de leur autorité. La bulle de Paul III. ne fit même qu'aigrir d'avantage le roi d'Angleterre contre la cour de Rome, en forte qu'il porta prefque tous les évêques de fon roïaume à fe déclarer contre le faint fiége. H en assembla un certain nombre auxquels il joigniz quelques abbés, & tous ensemble firent un nouveau ferment, par lequel ils reconnurent que les papes avoient ufurpé l'autorité dont ils fe fervoient; qu'on devoit enfeigner aux peuples que JesusChrift avoit expreffément défendu à fes apôtres & à leurs fucceffeurs, de s'attribuer la puiffance de l'épée, ou l'autorité des rois ; & que fi l'évêque de Rome, ou quelque autre évêque s'attribuoit cette: puiffance, c'étoit un tyran, un ufurpateur qui ta choit de renverfer le roïaume de Jefus Chrift. Dixneuf évêques, & vingt-cinq docteurs signerent.ces te déclaration.

Dans le même temps Cromwel prefenta au roi

LXXIV.
La bible impri

[ocr errors]

diftribuée au peu

ple.
Burnet hift. de la

ref. liv. 3. tom. 1.

P. 341.

Sleidan in comm. lib. 22.p.382.

une traduction de la bible en Anglois, & lui deAN. 1538. manda que toutes fortes de perfonnes puffent la mée en Anglois & lire fans être inquietées ni recherchées, affurant qu'on n'y trouveroit rien qui pût favorifer le pouvoir exceffif que le pape s'attribuoit fur tout le monde chrétien. La requête de Cromwel fut reçûe; d'abord on avoit envoïé cette verfion à Paris, les ouvriers d'Angleterre ne fe croïant pas affez habiles pour l'imprimer. Le foin de l'impreffion avoit été confié à Bonner, ambaffadeur de Henri à la cour de France; l'ouvrage fut commencé in folio; mais fur les plaintes du clergé de France, l'imprefsion fut arrêtée, la plupart des exemplaires faifis & brûlez publiquement. C'est ce qui fut cause qu'on l'imprima à Londres, & l'impreffion étant achevée, Cromwel comme vicaire general du roïaume pour le fpirituel, publia un mandement par ordre du roi, qui portoit que tous les ecclefiaftiques euffent un exemplaire de cette bible dans leurs églifes, qu'ils en permiffent la lecture à tout le monde, qu'ils y exhortaffent leurs paroiffiens, & qu'ils les conjuraffent de ne point s'amufer à des difputes touchant le fens des paffages difficiles; mais qu'ils s'en remiffent au jugement des perfonnes éclairées & judicieuses.

LXXV.

vicaire general

Cromwel.

Par d'autres ordres qui fuivirent celui-là,CromOrdonnances du wel ordonna de faire apprendre aux fideles l'oraifon dominicale, la confeffion de foi, le symbole Burnet ibid. ut des apôtres, & les dix commandemens en Anglois. De plus il enjoignit aux ecclefiaftiques d'enfeigner au peuple qu'il ne falloit pas s'appuïer fur les œuvres d'autrui, mais fur les fiennes propres ;

fuprà.

« ÀÌÀü°è¼Ó »