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& que les pelerinages, les reliques, les chapelets, AN. 1538. les images & autres chofes femblables étoient inutiles pour le falut. Il ordonna encore d'abattre toutes les images auxquelles on avoit accoûtumé de faire des offrandes, & défendit d'allumer des cierges devant aucunes, excepté celles qui representoient Nôtre-Seigneur Jefus-Chrift, parce que tou tes ces choses, disoit-il, conduifoient à la fuperftition & à l'idolâtrie. Il recommanda de lire au peuple les ordonnances ecclefiaftiques du roi au moins quatre fois l'année, défendit de faire des changemens dans l'observation des jours de fêtes, fans permiffion, ordonna fur-tout de ne plus lire l'office de faint Thomas de Cantorberi,abolit la genuflexion que le peuple avoit coûtume de faire à l'Ave Maria du fermon, & exhorta les ecclefiaftiques à prêcher au peuple de retrancher les litanies de leurs prieres.

Cependant comme Henri craignoit que l'empe

reur & le roi de France n'euffent conclu une tréve de dix ans dans la vûë de l'attaquer, il penfa à fufciter à Charles V. des embarras qui fuffent capables de le détourner de ce deffein. La ligue de Smalkalde lui en fourniffoit l'occafion : mais cette ligue étant fortement attachée à la confeffion d'Aufbourg,il ne voïoit pas qu'il pût y entrer pour foûtenir une religion qu'il n'approuvoit pas dans tous les articles. Ainfi fon deffein étoit ou d'enga ger les Proteftans à conclure avec lui une ligue generale, qui ne fût point bornée à la défenfe de leur religion, ou de les amener à fe contenter de la ré-formation qu'il avoit lui-même introduite en Ans

Le roi d'Angle

LXXVI.

terre negocie aves d'Allemagne.

les Proteftans

Milord Herbert in hift. regni Hen

ric. VIII.

gleterre. Pour cet effet il leur envoïa des ambassaA N. 1538. deurs, qui eurent ordre de leur demander quels étoient les membres de leur ligue ; & en cas qu'elle fût restrainte à la religion, de les prier de lui envoïer quelqu'uns de leurs plus habiles théologiens, pour voir fi l'on pourroit convenir d'une religion commune. Les Proteftans répondirent que leur ligue étoit compofée de vingt-fix villes Imperiales & de vingt-quatre princes,auxquels le roi de Dannemarck venoit de fe joindre. Qu'ils ne pouvoient fe paffer pour lors de leurs théologiens; mais qu'ils le prioient de fe déclarer pofitivement fur la propofition qu'ils lui avoient faite,d'embraffer la confeffion d'Aufbourg.

LXXVII.

n'ont aucun fuc

cès.

Quelque-temps après il lui envoïerent des amCes négociations baffadeurs capables de difputer fur les points de religion. Mais cette ambassade fut inutile. Henri trouva dans les Allemands des hommes tout autres que les fujets & peu portez à la complaifance. Ils ne voulurent lui paffer ni la communion fous une feule efpece, ni les meffes privées, ni la confeffion auriculaire, ni le célibat des prêtres, & lui en donnerent leurs raifons par écrit, auxquelles il répondit, quoique fort inutilement : de forte qu'il les congedia fans rien conclure, étant auffi peu fatisfait d'eux, qu'ils l'étoient de lui. Fox évêque d'Hereford qui avoit été chargé de cette négociation d'Allemagne, étant venu à mourir, les réformateurs crurent bien faire en procurant cet évêché à Edmond Bonner qui venoit d'être rappellé de fon ambaffade de France, à la follicitation de François I. qui n'avoit pas été content de lui. Peu

dc

de temps après ils le firent promouvoir à l'évêché de Londres, mais ce prélat qui leur avoit tant d'o- A N. 1538. bligation, devint dans la fuite un de leurs plus mortels ennemis.

Ainfi tout contribuoit à diminuer le parti de l'archevêque Cranmer; il n'avoit plus pour lui qu'un petit nombre d'évêques, comme ceux de Salisbury, de Worchester, & de Saint Asaph, dont on ne faifoit pas grand cas; les prédicateurs de la nouvelle réforme prêchoient d'une maniere indifcrete, & le mettant peu en peine des fuites que leur faux zéle pourroit avoir, ils avançoient ouvertement des opinions que le roi défapprouvoit; ce qui contribuoit beaucoup à prevenir ce prince contre eux. Cranmer voïant donc que fon parti s'affoiblissoit, & n'aïant plus que Cromwel fur qui il pût sûrement compter, jugea qu'il falloit fe foûtenir en mariant le roi avec quelque princeffe qui le protegeât. Cromwel & lui avoient éprouvé combien Anne de Boulen & Jeanne de Seymour, avoient été capables d'adoucir l'efprit du roi à l'égard des réformez ; & ils ne doutoient point que s'ils pouvoient lui donner une femme qui fût dans les mêmes sentimens, elle ne produisît le même effet. Dans cette vûë ils réfolurent d'engager le roi dans quelques alliances avec les princes d'Allemagne ; & Cromwel fe chargea de negocier le mariage d'Henri avec Anne fœur du duc de Cleves, & de la ducheffe de Saxe dont elle étoit cadette.

LXXVIII.
Le parti des ré-

formez ferd une
partie de fon cré-

dit en Angleterre.

Burnet hit. de la

ref.43-P. 354.

LXXIX. Bucer veut recon

Pendant que le parti des réformez s'affoiblissoit en Angleterre, il prenoit de nouvelles forces en cilier les Luthe

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4

A N. 1538.

riens avec les mi

niftres de Zurich.

LXXX.

Contestations en

tre Bucer & les

rich.

Allemagne ; & Bucer entreprit de réunir les Suisses avec les Lutheriens : cette tentative avoit déja été commencée, mais plufieurs difficultez aïaint empêché de la confommer, Bucer crut pouvoir la reprendre avec plus de fuccès. Il y eut donc exprès une affemblée en Suiffe dans le mois de Mars de 1538. afin de déliberer fur la réponse qu'on feroit à une lettre, où Luther qui avoit été confulté, déminiftres de Zu- claroit qu'il ne pouvoit paffer l'article de la céne, que les autres vouloient conferver; & qu'il entendoit à la lettre ces paroles de Jesus-Chrift: Ceci est mon corps, ceci eft mon fang. L'on manda à cette afasfemblée Bucer & Capiton pour s'expliquer. Les miniftres de Zurich reprefenterent que Luther dans fes écrits & dans la confeffion d'Aufbourg avoit foutenu la prefence réelle, & condamnoit nettement l'opinion des Zuingliens; que ces écrits de Luther étant publics, & les termes très-clairs, ils ne pouvoient approuver fa doctrine fans être auparavant affurez qu'il avoit changé de fentiment, & qu'il alloit embraffer la verité. Bucer étonné de cette objection, repliqua que c'étoit mal à propos qu'on s'avifoit de la faire prefentement, qu'il y avoit long-temps qu'on fçavoit ce qui étoit contenu dans les écrits de Luther, & que l'on n'avoit point encore fait cette difficulté dans tout le cours de la négociation; qu'à prefent fur le point de finir on s'avifoit de la propofer,& de renouveller une vieille querelle pour empêcher l'union. Les miniftres de Zurich repartirent que ce n'étoit point eux qui avoient follicité ceux de Strasbourg à fe mêler de cette négociation,que Bucer & Capiton les étoient

venus trouver, & les avoient affurez que le fentiment de Luther fur l'euchariftie s'accordoit avec le AN. 1538. leur, s'ils vouloient dreffer une confeffion de foi qui contînt leur fentiment, & les conditions fous lefquelles ils faifoient leur accord avec Luther; qu'ils avoient dreffé cette confeffion à Bâle, & qu'ils s'étoient nettement expliquez fur la céne ; que fi Luther eut approuvé cette confeffion de foi, il n'en cut pas fallu davantage pour l'accommodement; qu'au contraire Bucer leur avoit apporté d'autres articles de Wirtemberg, & les avoit prié de les figner; qu'ils avoient promis de le faire, pourvû que Luther approuvât les explications que Bucer y donnoit; qu'enfin ils avoient envoïé une déclaration de leurs fentimens,à laquelle ils étoient refolus de s'arrêter, & qu'ils ne vouloient rien approuver de nouveau ni d'obscur.

LXXXI.

Difcours de Bucer

pour la conformi

des deux fenti

mens dans le fond.

Hoffin. ad hunc

!50. & feq.

Le lendemain Bucer fit un long difcours pour montrer qu'il n'y avoit que des differences d'expreffions entre les fentimens de Luther & de Zuingle fur la céne, & répeta à peu près ce qu'il avoit dit dans les conferences avec Melanchton avant ann part. 2. fol. l'accord de Wirtemberg; mais ceux de Zurich infifterent toûjours, qu'ils s'en tenoient à la confeffion de Bâle, & à la difpute de Berne; que les termes dont Luther s'étoit toujours fervi,étoient bien differens de ce qu'ils penfoient, qu'on ne pouvoit expliquer leur opinion d'une autre maniere fans lui faire violence, parce que les termes en étoient clairs & fans ambiguité; & qu'il n'étoit pas jufte d'ajoûter plus de foi au rapport de Bucer qu'à la dé claration de Luther même, qui s'exprimoit d'une

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